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Potarement - Chapitre 10
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The Happy End
Rappel de la fin du chapitre 7 :
Le temps passe et nous sommes à moins de 12 heures de mon départ en ce Vendredi 18 Octobre 1996. Il pleut et il fait froid. Il est 20h00 quand le grelot sonne :
- Pascal tu viens à Bastoche nous dire adieu ce soir ?
- Je pars demain... Bon je vais voir mais ce n'est pas sûr du tout....
Nous sommes à quelques heures de mon départ et tout est prêt, je retourne là-bas, là où se trouve mon cur depuis le départ de Kate, ma promesse de la venger n'étant cependant toujours pas assouvie.
Le temps est maussade, j'arrive à Bastille où se trouve un groupe de 10 Potes. Le Team n'a plus la frite à l'annonce de mon départ. Ceux qui vont prendre la suite pour l'année 96 resteront à sa tête moins d'un an, par cupidité ou volonté de faire mieux que les autres, ce qui découragera tous ses membres, mais cela je ne vous l'expliquerai pas tellement ça vole bas.
Donc ce vendredi soir il fait sombre, il pleuviote et l'ambiance n'y est pas. Tout à coup ELLE ! OUI ! Le halo de lumière est là... ELLE est là ! C'est un signe, ce n'était donc pas un rêve en mars 95, ni un ange immatériel, mais un être humain bien réel.
ELLE ! Elle vient vers nous. Elle est à la recherche d'une moto. Un pote a mis une annonce sur son Yamaha-XJ600 de 1984 qu'il cherche à vendre. Je la salue et repars discuter avec les frangins, tout en gardant un oeil discret sur elle.
Alors qu'ELLE s'éloigne, je la rattrape et lui propose d'aller boire un café, ce café que nous aurions du prendre 1 an et demi plus tôt. ELLE accepte ! J'apprends qu'elle se nomme Géraldine.
J'abandonne mes Potes en leur disant que je les appellerais le lendemain:
- Si tout va bien je reste, je ne pars plus, je vous expliquerai......
- Hein ? Quoi ? Ca va Pascal ?
- C'est ELLE, dis-nous? Pascal !
- OUI ! Répondis-je en partant la rejoindre.
Avec Géraldine nous partons dans une conversation à n'en plus finir jusqu'au petit matin et quand nos paupières deviennent trop lourdes, je la raccompagne chez elle. Bizarre, c'est à 5 minutes de chez moi, celle que j'avais cherchée durant des mois habitait à deux pas de chez moi.
Encore plus étrange on fréquentait la même supérette, les mêmes cafés, bref les mêmes lieux, mais tout ça à des heures différentes. Le hasard nous a fait nous rater durant plus d'un an et là, enfin...
Avant de se quitter on se donne rendez-vous dès le lendemain pour aller voir des motos, étant donné qu'elle en cherchait une... Au début on se dit : "On reste copain". Moi ça me va car je me posais encore trop de questions sur le passé ; je me dis d'ailleurs "Tout doux mon petit, Tout doux...", "Retarde ton départ mais ne te fais pas de film". Cette situation nous convenait à tous les deux mais c'était juste une façade, du moins c'est ce que je découvris plus tard.
On passe donc la journée du samedi à faire
le tour des potes à la recherche d'une moto. Evidemment je me rends chez "Motorstyle"
voir mes potes Eric et Jean-Marie.
Le soir j'ai un repas avec des amis pour leur expliquer pourquoi je reste et Géraldine doit également voir ses amies, nous nous séparons donc en fin d'après-midi.
Durant toute la soirée je ne parle que d'elle
à mes Potes. Ces derniers commencent à comprendre ce qu'il se passe : "Pascal
tu es morgane toi...". Je téléphone au capitaine du cargo, lui fais
part de mon annulation, et lui indique que je le tiendrais au courant. Dans
la nuit je téléphone à Montréal et explique aux frangins
La scène est identique du côté de Géraldine où toute la soirée elle ne parle que de moi à ses amies, Pascal par si, Pascal par là. L'accueil de leur part est plus mitigé. Il faut dire que je ne fais pas partie de leur monde alors... "LEUR MONDE !" Le mot est lâché, Géraldine fait partie de ces grandes familles bourgeoises et friquées qui vivent dans une réalité sociale totalement en dehors de la réalité quotidienne de milliers de personnes. Mais Géraldine est une rebelle et a son libre arbitre. Elle est LIBRE de ses actes et de ses idées, elle sait que je ne suis pas un nanti mais elle s'en fout.
Le lendemain matin, il est exactement 10h00 quand je décroche mon téléphone et tombe sur elle sans même avoir composé son numéro :
- Salut, lui dis-je d'une voix hésitante. Je pensais aller au circuit Carole cet après-midi, ça te dit ?
- Oui pourquoi pas, je pensais justement te proposer de se voir cet après-midi, ça tombe bien !
Mon cur commence à battre à
Nous finissons par partir vers le Circuit Carole. je n'y étais pas retourné depuis mon carton de 1994. J'ai un pincement au cur, mais arrivé sur place je retrouve pas mal de connaissances :
- Merde Pascal, PUTAIN tu étais où depuis tout ce temps ?
- Pascal ! Ca fait plaisir de te voir, ça fait plus de 2 ans au moins ?
Pas mal d'entre eux n'avaient pas eu connaissance de mon carton et ne fréquentant pas le Team ne savaient pas trop. De plus le monde du 2 roues est composé d'une multitude de communautés, qui vivent en quasi autarcie; les mecs de Vincennes ne connaissent pas les mecs de Bastille, qui ne sont pas les mêmes que ceux de Carole, etc...
Nous continuons à déambuler avec Géraldine. Je serre des louches par-ci par-là dans cette foule de passionnés... Et là j'entends au loin une voix qui crie :
- PASCAL ! PASCAL !
C'est Gribouille, une copine que je n'avais pas vu depuis plus de 3 ans. Elle court et me saute au cou en me disant avec un sanglot dans la voix :
- Pascal, je te croyais mort. On m'avait dit que tu avais été au tapis sur le périphérique lors d'une course avec ton 900, Mais tu es là... . Elle part en pleurs et rajoute : Je suis enfin libre, j'ai quitté Nicolas et je te retrouve, je suis libre, enfin libre, et tu es là...
Je la prends dans mes bras et dis :
- Avant qu'une vieille carne comme moi ne meurs il faudra plus qu'un carton. Je me retourne vers Géraldine et rajoute Tiens ma petite Gribouille je te présente Géraldine, mais on est JUSTE DES POTES ma puce...
Depuis le début Géraldine et moi on se rabâchait "On reste copains" alors la providence a mis sur ma route Gribouille. J'aurais essayé de faire mieux comme stratégie que je n'aurais pas réussi aussi bien. Et moi qui propose:
- On se prend un café ensemble ?
- Oui Pascal, je suis toute à toi. Me répond Gribouille.
- Oui Ok ! Me répond Géraldine d'une voix un peu agacée.
Sur le chemin de la buvette du circuit, Géraldine me saisit le bras comme pour dire à Gribouille "Chasse gardée" et dit :
- Après le café Pascal on rentre, il se fait tard. En lançant un regard à faire fondre un Pascal et un autre vers Gribouille sans équivoque.
- Ok!
Le café pris avec une Gribouille qui, en l'espace de 10 minutes, me raconte les dernières années de sa vie, me voici reparti avec Géraldine vers Paname. Arrivés à la porte de Vincennes, je lui demande :
- Je te dépose chez toi où on va prendre un café chez moi ?
- Banco pour un café chez Toi, me dit-elle...
Depuis on est ensemble. Depuis le 18 Octobre 1996, on ne s'est pas quitté. Le 1er Novembre de la même année on emménagea ensemble et elle me demanda en mariage. Pas mal de Potes du Team n'ont pas compris que je les laisse un peu de côté pour elle et nos chemins se sont séparés au fil du temps...
1998 fût l'année de notre mariage. Mes Potes, du moins le noyau dur, étaient là et nous fîmes un mariage "Motard". A la mairie une amie nous maria. Ce fut un moment inoubliable. Le cortège motos était impressionnant. Mes potes Bikers étaient également venus des quatre coins du pays et une semaine après nous fîmes une mega teuf avec mes potes venus eux des 4 coins du monde.
Je suis HEUREUX ! Mes larmes sur ce long sommeil dans lequel se trouvent Kate et mes amis Daffy et Titi, partis aux pays des nuages, ne sont plus des larmes de douleurs mais des larmes de joie, car je suis sûr qu'ils approuvent mon choix d'où ils sont et qu'ils sont heureux pour moi. Kate me disait toujours "Mon bonheur à moi c'est que tu sois heureux".
Géraldine et moi commençons notre vie. Avec
le temps les proches de Géraldine lui ont tourné le dos à l'instar de sa famille,
car un motard n'est pas convenablement correct pour leur niveau social. J'étais
un roturier, donc...
Mais j'admire tous les jours Géraldine d'avoir quitté ce monde. Bien plus tard je lui ai offert un maxi cadeau. Je lui aie fait retrouver un père qui avait été lui aussi exclu de leur monde car parti avec une autre. Géraldine avait toujours était élevée dans la haine de cet homme, qui finalement est un mec bien avec des qualités et des défauts tout comme son épouse actuelle.
Le 14 Mars 2000 mon téléphone sonne, c'est Shawo :
- Je l'ai retrouvé......
- J'arrive où es-tu ?
- Là je suis chez Chacal et Diablo sur Versailles...
Je raccroche. Géraldine à ma tête ne comprend pas vraiment. Elle me voit sortir de l'armoire mes couleurs, non pas celles que je porte lors des Rendez-vous du Team mais des couleurs que je n'avais plus remis depuis mon retour du Canada, celles des "Bikers de Montréal", le Clan de Shawo. Je sors aussi mon Beretta soigneusement rangé depuis des années. Alors elle comprend et me dit :
- Fais Gaffe à toi... je t'aime, je comprends et je respecte, mais Gaffe à toi SVP !
Shawo et moi nous nous étions promis qu'un jour on aurait notre vengeance pour la mort de Kate et de nos deux Potos, tués par un chauffard. Il nous a fallu de la patience et de la sagesse pour attendre 10 ans, délais de prescription des faits.
Notre idée n'est pas la loi du talion, un mort contre un mort, mais lui dire la souffrance que nous avions vécu depuis 1989. Ca parait primaire comme réaction voir totalement irraisonnée tellement nos vies sont maintenant au TOP à Shawo et moi-même, mais une promesse est une promesse, même faite sur le cercueil de Kate et guidée par la douleur, "UNE PROMESSE EST UNE PROMESSE POINT BARRE !".
Arrivés chez cet Homme, l'ayant tellement imaginé dans ma tête, je suis déçu. Il n'est plus très jeune, une cinquantaine environ, les cheveux grisonnants et petit. Quand il ouvre la porte il comprend de suite...
- Tu sais pourquoi on est là..... Lui sort Shawo.
- Oui je pense comprendre, c'est pour 1989....
- Oui et tu vas payer maintenant ! Lui dis-je.
Je sors mon arme et lui demande de se mettre à genoux et de réciter ses prières. L'arme est vide mais je veux qu'il souffre. Il n'ira pas porter plainte contre nous de toutes façons, il serait obligé de reconnaître que 10 ans plus tôt il avait tué trois Motards mais que, grâce à ses relations il avait fait étouffer l'affaire, le faisant passer pour un simple et banal accident de la route.
Trop souvent des accidents de la route impliquant des notables sont détournés en banale collision, sans oublier de charger le motard au passage. Nous lisons trop souvent dans les rapports d'accidents, comme pour dédouaner cette bonne société, cette phrase "Le Motard roulait trop vite et a perdu le contrôle de son véhicule".
Notre homme est toujours à genoux et nous dit :
- Non ! Ne tirez pas ! Je vous donnerai de l'argent, des bijoux, j'ai un coffre dans mon bureau avec des dossiers compromettant sur certaines personnes qui peuvent vous rapporter beaucoup... NE tirez pas je vous en supplie !
- Ok donne-nous tes dossiers ! Sort Chacal.
- Tu as de la chance, le petit n'est pas venu te tuer mais te faire psychologiquement souffrir. Maintenant dis-toi qu'un jour un mec viendra derrière toi et là ce sera la fin, mais quand.... Ponctue Shawo.
Cet homme dans sa tête se demandera sur le moment ce qu'a voulu dire Shawo.
Nous repartons tous les 4 sur Paris, où Chacal
donne à un pote journaliste les fameux dossiers qu'on avait récupérés. Peu de
temps après la médiatisation des dossiers j'appris par la presse le décès du
chauffard lors d'un banal accident de
Après cette affaire, en août 2000, je décide
avec Géraldine de partir vivre au Québec. Shawo m'a trouvé un JOB à
Aujourd'hui nous vivons dans notre monde avec nos amis et je fais des allers-retours entre Montréal et la France.
Quand je repense à ma vie je me dis que le "Happy End" qui est le notre est celui de l'amour avant tout...
To Be Continued...
Chapitre 09 |
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