Copyright © Les éditions du Moto Club Des PotesJe m'en souviendrai sûrement au dernier moment - Copyright © Moto Club Des Potes
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Si je devais en garder qu'une - Acte 02

 

Maintenant, posez-vous cette question : "Demain, si je dois garder un instantané indélébile, quelque chose de ma vie privée gravé au fer rouge dans ma mémoire, que garder ? Humoristiquement ? Passionnellement ? Ou simplement ...... ? "

De l'époque de l'enfance, je n'ai juste que cette seule photo. Je ne me souviens plus quel âge j'avais, mais c'est la seule photo de mon enfance, les autres ont disparu lors de la spoliation de mes biens (lire Chapitre 7 de Potarement), mais déjà mon regard bien expressif deviendra fameux avec le temps.

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Quand je la regarde, ça donne quelque chose du genre "touche pas à mon Grisbi" et c'est pour ça qu'elle est devenue la couverture de ce roman. Elle décrit tellement mon enfance à elle toute seule... Je vous avouerai aussi que j'ai mis sur ce passé une telle chape de plomb que cette photo suffit pour faire revenir mes souvenirs.

Je ne reviendrai pas sur mon passé avec Kate à Montréal car effectivement, ces images sont ressorties souvent dans mes nuits les plus noires et pendant longtemps lors de mes grands coups de cafard. Combien de fois j'ai pensé à cette femme et à ce moment de ma vie, et combien de fois j'ai cherché à la rejoindre. Le mot est lâché, "la rejoindre"…. sachant qu'elle est partie au pays des nuages depuis 1989.

Faisons un aparté. Quand un être cher décède, les personnes autour de soi sont souvent compatissantes, mais ne savent pas que notre esprit est devenu avant tout suicidaire, car on se dit que plus rien ne nous retient à ce monde. Ce fut mon cas pendant longtemps, ce qui explique mon carton de 94. Depuis 1989, je n'avais plus cet esprit de défi avec la route, et plus rien ne passait par la case raison. Alors simplement, je prenais consciemment rendez-vous avec la mort à chacune de mes sorties. On ne parle pas suffisamment du comportement suicidaire de ceux qui restent après une tragédie. C'est tabou ! On préfère dire "Que le spectacle continue" et le marteler a celui ou celle qui reste, mais que croyez-vous qu'il se passe le soir quand on se retrouve seul avec ses souvenirs une fois que la porte est fermée ....

Moi, j'ai eu la chance que je souhaite même à mes pires ennemis : j'ai trouvé une deuxième foi l'Amour avec un grand "A", sachant que certains n'arrivent même pas à le trouver une seule fois, alors deux ......... C'est ce qui m'a permis de remonter la pente.

Aller, reprenons le cours de ces photos. J'ai essayé de ne garder que certains moments précis, mais depuis l'écriture de ce roman commencé fin 2007, il y a plein d'autres moments magiques qui sont venus et devraient se trouver ici, sauf que la liste serait trop longue. Alors je ne garderai que cette image avant de revenir au passé, image symbolique de Tazette et moi devant le " ACE CAFE LONDON " où nous sommes allés en 2008, grâce à Baloo.

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(en cliquant sur la photo vous pourrez lire cette aventure)

Nous voici repartis dans le passé. Tout le monde se souvient de la première fois où il a conduit son premier vélomoteur, sa première moto, son premier quatre roues… Hé bien moi, il était un peu XXL et en version engin de chantier… Et dire que je n'avais que 17 printemps ce jour-là... Je me souviens de mon pote me balançant les clés de la bête, et au passage quand je parle de clé, un simple trombone aurait suffit.

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Le plus drôle en plus, c'est que ça se conduit facilement ! Et me voici parti sur plus de 2 bornes pour le ramener à l'atelier, le seul souci étant que la direction est super sensible sur ces engins, donc il fallait faire gaffe.

Passons à ma période au Canada de CB-iste, outil que l'on utilisait avec les potes pour rester en contact, la CB (Citizen Band) a créé son propre langage. Il provient de deux sources : il y a un "argot", qui s'est fait au fil des ondes, des abréviations venant souvent de mots anglo-saxons et un code que l'on appelle "Q". Ce dernier est né aux États-Unis au début du vingtième siècle. Il a été créé par les opérateurs télégraphistes de la "Western Union". Ils correspondaient en morse, et ont remarqué qu'un certain nombre d'expressions ou de formules revenaient souvent. Pour gagner du temps ils ont remplacé ces expressions par des groupes de trois lettres dont la première est toujours un "Q".

Ce qui donnait : "Allo ici Taz CQ (Appel général), recherche VX (Vieux copains) sur le vieux continent" (ce langage n'ayant pas été utilisé depuis des lustres désolé si il y a des erreurs...). De cette période, il me reste une photo de mon tout premier matos, qui me servait à joindre mes potes, pas plus loin que le quartier où je me trouvais, c'est-à-dire dans l'arrondissement de Saint-Laurent au centre de l'île de Montréal. Bien plus tard, j'eu un matos plus conséquent, ce qui me permit de "Copier (Communiquer)" plus loin au-delà des océans à la recherche de mes VX.

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Continuons ce voyage, ma première "Grat", heu… guitare ! Hé oui, j'en ai joué durant plus de 5 ans avant d'avoir un deuxième carton et des soucis avec mes mains. A l'époque j'étais le champion des "Jeux interdits", et en cherchant bien c'était le seul morceau que je n'ai pas trop écorché, car mes performances faisaient surtout dire à mes potes : "Bon, t'as fini là ?". En fait, les Beatles ont du se retourner plus d'une fois lors de mes interprétations de "Michel" ou "Yesterday". Bon, pas au niveau du chant qui lui était juste, mais concernant les accords eux étaient un peu voir même très faux. Tellement d'ailleurs que souvent on me proposait de seulement chanter et d'oublier ma Grat .... Mais elle était tellement belle ! Une douze cordes et un aspirateur à groupies quand elle sortait… Ensuite quand elles m'écoutaient chanter tout allait bien, et dès que je commençais à en jouer, comme par hasard les groupies avaient toujours un autre truc à faire rapidement .....

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Allons, passons à mon premier bureau de mon premier job ! Si, si, j'en ai une photo ! Je ne peux vous dire où, car je n'en ai pas l'autorisation, mais elle date de 1983 dans une administration où j'ai passé des moments extraordinaires, comiques et autres ....

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Voici ma première sono, mais attention je parle bien de sono et pas de chaine HIFI. Car oui je me suis essayé aussi au mixage sur la FM aussi bien dans des petites stations locales couvrant de 2/3 pâtés de maison que dans des boites de nuit ou autres ...

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Quand je vois le matos de mes premiers temps qui nous a permis avec mes potes de pousser la chansonnette, je me dis heureusement que je n'en ai fait qu'une, et que je me suis rapidement contenté de n'écrire que les paroles et de m'occuper de la boîte à son derrière. Un moment de délire lors de nuits folles…

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Faisons un nouvel aparté, car en écrivant ces lignes, je m'aperçois que j'ai eu plusieurs vies en une seule, et que si je ne les couchais pas sur la toile, elles feraient simplement parties d'un moment quelque part dans ma mémoire.

Le fait de les écrire fait que je me les réapproprie et cela me fait voyager dans des souvenirs extraordinaires. Je vous conseille ce type d'exercice car ça fait du bien. Evidemment ça rouvre des blessures, mais au final on s'aperçoit que les blessures que l'on croyait dans le passé insurmontables ont simplement caché tous ces souvenirs.

Après le matos d'amateur me voici devant du vrai matos quand certaines radios FM sont montées en puissance ainsi que les studios d'enregistrement. J'étais plus performant derrière les manettes que devant, et ça se confirmera avec le temps.

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Parlons de l'animal de compagnie qui me restera dans ma mémoire, à savoir "Arsouille"*.

*Arsouille : nom féminin, substantif verbal du verbe "arsouiller" qui signifie en gros se mettre minable avec la boisson, mais signifie toute autre chose dans notre monde motard, une sorte de course avec ou sans but précis qui, bien que se produisant dans la circulation, se fait à la régulière, mais avec des vitesses dignes du secret d'état ...

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Savez-vous d'où vient l'origine de son nom à ce petit chaton ? Simple : un soir, alors qu'on était sur Cergy-Pontoise, on descend dans la cave voir des pièces de motos et là, dans un recoin d'un couloir, une chatte venait de mettre bas, et se sentant mourir avait commencé à étouffer ses chatons, comme quoi la nature à ses propres règles qui peuvent être cruelles… Quand elle nous a vus, elle eu un réflexe totalement inexplicable. Il lui restait sur ses quatre petits un seul en vie. Elle me regarda et au lieu de l'étouffer, elle le poussa vers moi d'un coup de tête en gardant son regard fixe vers moi, l'air de dire "tiens, viens t'en occuper s'il te plaît".

Le souci est que dans les 15 minutes qui suivent sa naissance, un chaton doit être vigoureusement séché avec un chiffon propre, si possible avec l'odeur de sa mère. Il faut le biberonner très souvent, toutes les deux heures, et le stimuler tactilement pour se substituer à sa mère. De cette façon, cela permet de déclencher le réflexe d'élimination et facilite son développement à venir.

Donc je n'avais que 10/15 minutes pour rentrer à Montreuil et sauver ce petit. Avant de partir, j'avais frotté mon mouchoir sur sa mère et l'avais enveloppé dedans. Après l'avoir callé dans mon cuir, GO ! Cinq potes avec moi et là, 12 minutes pour faire de porte à porte Cergy / Montreuil un samedi soir. Une arsouille qui restera dans les mémoires… Deux potes devant qui ouvraient, trois derrière qui s'occupaient des récalcitrants qui avait tardé à se pousser, et moi qui passait GAZ !

Nous avons sauvé ce petit et il restera une mascotte pour nous tous et aussi le seul chat qui lorsqu'il entendait une moto au loin, savait si c'était moi ou un autre. Et quand c'était moi, il allait se poser derrière la porte et attendait que je la franchisse.

Ce voyage dans le passé pouvant continuer des heures et des pages va prendre un coup d'accélérateur. On en arrive à quelques images plus proches dans le temps, de 1996 à 2003 avec ma Tazette.

Comme celle-ci lors d'un voyage à Londres avec elle en Eurostar en 97, où nous montions pour aller voir Picadilly Circus et autres. C'était notre premier week-end en amoureux car ça faisait quelques mois que nous étions ensemble. Un grand moment de bonheur qui dure encore à ce jour.

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Ou encore en 1999 lorsque nous sommes allés passer une journée à Euro-Disney, un peu comme deux gamins que nous étions à ce moment-là. Et moi qui voulait la photo avec Tigrou.... imaginez la scène… tous ces petits qui sont là et au milieu un grand gamin en Perfecto qui fait signe, pour voir s'il peut lui aussi être pris en photo avec lui… j'imagine la tête du mec dedans... Par contre il y avait des grands sourires sur la tête des gens autour car tout est fait dans ce type de parc pour faire devenir parents et enfant des gamins émerveillés.

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Nous arrivons à la dernière image de ce petit voyage dans cet acte 2. Nous sommes en 2001 et Tazounette est arrivée depuis 3 mois, je rentre du pique-nique des potes après une méga arsouille entre Fontainebleau et Paris accompagné de Lolo le parrain de coeur de Tazounette dite aussi Pénélope (Lolo que j'ai perdu de vue, car ainsi va la vie. Mais il a mon numéro et connaît l'adresse alors ....). Cet épisode passé, on rentre et Tazette me dit au téléphone qu'elle se trouve au parc avec son père et sa belle-mère de passage à Paris. Nous posons les bécanes et allons les rejoindre. Là, je promène ma fille en poussette dans le parc de Bercy. En regardant bien le look du papa qui pousse la poussette, je comprends pourquoi pas mal de voisins ont mis du temps à me parler ......

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Reconnaissez que les lunettes noires, la barbe de trois jours, le cuir, et les couleurs du club avec un Taz accueillant ne pouvaient qu'encourager les gens à venir me parler et faire connaissance.

En regardant les photos de cette époque pas si lointaine, je comprends l'attitude de certains voisins qui n'osaient pas me dire bonjour. Grâce à ma fille aujourd'hui, je me suis sociabilisé dans mon quartier et en dehors. Des parents j'en connais, des arrivistes que je prends pour des CONS parfaits, mais aussi quelques uns qui ont le mérite d'être sympa et honnêtes dans leur façon d'être. Ce qui est dur à trouver dans notre grande agglomération où l'arrivisme nombriliste et l'individualisme bien pensant n'arrangent pas les rapports humains.

Ce petit voyage dans l'antre du Taz ou plutôt dans l'antre de Bruno vous fait voir que si chacun prend le temps de revenir sur ses images passées, il arrivera à découvrir ou redécouvrir les beaux moments qu'elles racontent. Alors vous savez ce qui vous reste à faire…

Chapitre 04 Chapitre 04
Chapitre 06 Chapitre 06

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