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Potarement - Chapitre 05
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Les Années Folles
Devant ce verre, je tombe sur une page d'un magazine ouvert qui fait la Pub d'une comédie musicale "Les Années Folles". Je souris et mon esprit repart dans mes souvenirs de ces années 80, le début des années folles, de notre passion qui connut son apogée dans les années 90, mais qui fut suivie par une répression sans précédent envers notre catégorie d'utilisateurs de la route.
Commençons par un peu d'histoire: Dans
les années 70 les motards, refusant le carcan social ambiant et traditionaliste,
cherchent à développer un mode de vie autour de la solidarité entre tous
les possesseurs de 2 roues isolés dans ces grandes villes qui poussent
comme des champignons, et surtout diabolisés par le pouvoir en place et
l'opinion publique. |
Je me souviens du Team des Copains que l'on
avait constitué, une bande de passionnés du Taquinage de Goujon, en gros du
taquinage de l'aiguille du compte-tours mais pas en dessous de 10 000 tours
(voir plus). Notre groupe était aussi
bien constitué de motardes que de motards. La Place de la Bastille devenant
depuis peu de plus en plus investie par les flics, nous commençons à nous retrouver
sur les Champs-Elysées. Cela nous rapprochait du Périf et de
Un vendredi de juillet 84, il est 20h30 quand
je me pointe avec le CX500 Turbo d'un pote directement porte Maillot. Le concept
du turbo venait de la voiture mais à la différence de la voiture le temps de
réponse lors du déclenchement du Turbo donnait des sensations inimaginables.
Il ne fallait surtout pas le déclencher en courbe ou la gamelle était assurée.
Le 500 avait les performances d'un 900 BO, qui était à son époque déjà énorme.
La partie cycle de ces machines n'en suivait pas les performances et à chaque
gros coup de gaz c'était la lutte entre le pilote et
- Ça dit à qui de prendre un caf les pieds dans l'eau à la mer ?
- OUAIS sort l'ensemble.
- Ok alors on y va Cool, mais celui qui arrive dernier paye la 1ère Tournée. Rajoute Titi.
Le groupe se compose tout d'abord de Titi,
roulant avec un Z1300 A3 de 1981, 6 cylindres,
Nous voici tous les dix partis sur la route en direction d'Honfleur. Jusqu'à Mantes la jolie on prend l'autoroute sur un rythme de 160 km/h max pour que Marcos puisse suivre. Puis vient la Nationale. Au premier arrêt essence Titi sort :
- Bon RDV à Honfleur, le 13 chauffe à cette allure de vieux.
- OK mais bon chacun à son rythme. RDV devant la mairie. Rajoutai-je.
- Oui mais vous allez bouffer les gaz d'échappement de la GUZ, car sur le grand ruban vous aviez votre chance, mais là... Rajoute Princesse.
- Tu rigoles mon BM avec ses ratiers et mes dernières modifs vont te mettre minable. Sort Daffy.
Vous avez compris que le parcours entre Mantes et Honfleur fut le cadre d'une arsouille mémorable, les routes s'en souviennent encore aujourd'hui.
De 1983 à 1989 nos virées du vendredi soir étaient rythmées par n'importe quel prétexte pour s'arsouiller. Ce soir là c'était l'arrivée de Coyote, mais à chaque nouveau membre ou après l'achat d'une nouvelle de moto, c'était un prétexte suffisamment valable à nos yeux pour aller flirter avec les limites et la mort.
Ces pages ne suffiraient pas pour vous raconter toutes ces arsouilles, mais quelques unes sont restées au fil du temps gravées dans la mémoire collective, comme en ce vendredi soir d'Octobre 1986.
Le noyau dur du team des copains, team qui
rassemble plus de 60 membres, est réuni sur les Champs. Nous partons en direction
de
Nous partons pour rejoindre l'esplanade du
Château de Vincennes où il y a des runs sur
- Alors tu as été pris TOI ?
- Merde ! Moi il était grillé après votre passage. Sort Philou.
- On se fait la piste aux étoiles *. Proposai-je.
- OUI ! Répondirent-ils tous.* Régulièrement sur le Périf les forces de l'ordre posaient plusieurs radars. Ça ne concernait que les voitures du fait du flash par l'avant. On était donc tranquille et on allait les allumer histoire de rire un bon coup, et cela plusieurs fois de suite.
On invite d'autres potes à se joindre à nous. On fait également un saut au Canon de la Nation, le fief du team où se trouvent d'autres membres. Nous reprenons le Périf extérieur. Ce soir là, ils nous avaient gâtés, ils avaient installé 4 radars: porte de Bagnolet et porte de Clichy en plus des deux autres. Imaginez plus d'une vingtaine de motos au-delà du raisonnable qui, l'espace de plusieurs minutes, éclairent le Périf de la lumière blanche du FLASH, et cela 4 fois de suite en un tour de Périf...
Rejoints par d'autres, nous nous lançons dans notre deuxième tour. Nous sommes plus de 35 motos, le spectacle est absolument extraordinaire à voir. On est tels des gamins qui, après chaque Flash, jubilent. Plus on roule et plus l'adrénaline coule en nous. Nous sommes tous presque hors du temps, hors de la réalité, sur une autre planète, ou tout simplement dans notre monde.
Arrive le troisième tour. Nous sommes rejoints
par encore d'autres motards, ce qui monte le groupe à plus de 50 motos. Mais
c'était le tour de trop. Arrivés à la porte de Brancion on commence à distinguer
les gyrophares des BM de la police ainsi que leurs voitures et fourgons qui
rentrent sur le Périf juste à notre passage et là ce fut sauve qui peut.
Je me souviendrai toujours de la tête de cet automobiliste porte de Bercy à l'entrée de l'autoroute A4, qui vit dans la courbe 5 motards de front le passer, suivis d'une dizaine d'autres sur 2 voies. Cette nuit sera à jamais écrite dans l'histoire du Périf comme bien d'autres d'ailleurs.
Petit à petit nos Arsouilles nocturnes et surtout nos courses sur le périf commençaient à coûter la vie à certain. Le phénomène de Rungis et son accidentologie se répétait malheureusement. Il n'y avait pas un vendredi soir sans une gamelle plus ou moins grave. Tous les 1ers vendredi du mois des courses s'organisaient sous la forme de défis entre tel ou tel motard. Généralement le défi était à celui qui irait le plus rapidement d'une porte à une autre sur le périf intérieur.
Une porte a été ouverte et les accidents
se multiplient. Notre team ne fut pas en reste. En deux ans 6 des nôtres partirent
dans des accidents dans lesquels seules nos vitesses étaient responsables. Il
n'y avait pas un mois sans que l'on soit obligé de prendre la fuite suite à
nos comportements sur la route et même devant des agents histoire de les narguer.
Nos gamineries et nos attitudes étaient devenues dangereuses pour nous et les autres.
Nos débordements ne se font alors plus uniquement
sur le périf mais aussi en ville. Parfois ils sont tellement absurdes, comme
ce soir de 1988 où de Bastille nous partons sur les Champs via la rue de Rivoli.
Un nouveau membre Fanatique, roulant sur un des premiers Suzuki GSX-R 1100 rouge
et noir immatriculé en France, s'amuse à tous les feux à faire un weel, repris
par nous derrière "évidemment" ! On arrive sur les Champs en ayant
plus usé la gomme arrière de nos machines que la gomme avant. Plus tard dans
la soirée nous nous dirigeons vers
- Il s'appelle comment votre pote avec la moto rouge ?
La réponse était toujours la même:
- Quelle moto rouge Monsieur ? Ha l'autre là de tout à l'heure sur les quais ! Connais pas M'sieur.
Ainsi vont nos nuits parisiennes et nos virées. L'hécatombe commence à atteindre des chiffres insupportables à l'instar des machines toujours plus puissantes. Jusqu'au début 1989 ce problème restera parisien, les médias s'en fichaient un peu mais un jour il y eu... (mais ceci est une autre histoire que je vous raconterai plus tard).
Mon verre fini je regagne mon siège et décide de piquer un somme vue la longueur du vol, tout en me disant qu'à l'époque nous avions fait partie de ceux qui ont montré le mauvais exemple. Certes le contexte était autre, mais la vie aussi. Le mot solidarité motarde n'a pas attendu le net ni les années 2000 avec des pseudos chaînes d'entraide pour exister. Tout simplement car notre monde à cette époque vivait motard, un mode de vie aujourd'hui oublié par beaucoup même s'ils essayent de se la recréer via le net, un mode de vie que certain anciens comme moi feront perdurer dans notre mode de vie quotidiennement.
J'éteins mon plafonnier et m'assoupis. Mon esprit vagabonde encore et encore, pour arriver à cette fameuse année 1989.
Chapitre 04 |
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