Coupes Moto Légende 2010

une bonne bouffée d'oxygène !

Cette année encore, la grande messe de la moto avait lieu à Dijon, pour les Coupes Moto Légende, lesquelles finalement portent assez mal leur nom quand on sait le côté très complet de cet événement, proposant à la fois des démonstrations en piste, une bourse pour les professionnels, des espaces exposants et partenaires, des animations, une zone pour les clubs…

Bref, une philosophie "tout en un" qui contribue forcément au succès de cette manifestation depuis 19 ans maintenant !

Solidement installées sur le circuit de Dijon-Prenois, les coupes sont arrivées à leur âge de maturité, surtout avec le nouveau départ apporté par le changement opéré depuis quelques années maintenant, suite au départ du circuit historique de Montlhéry. Ce second souffle est confirmé par le nombre de visiteurs cette année, qui se situe aux alentours des 20 000. Pas mal si l'on considère qu'il ne s'agit finalement que de moto ancienne (donc à la base un univers dont on n'imagine pas qu'il puisse drainer des foules considérables) et si l'on prend aussi en compte le peu d'intérêt des grands constructeurs moto dits "généralistes".

En effet, nous avions commencé à constater l'année passé des annulations de dernière minute de leur part en ce qui concerne leur participation à des événements spécifiques commémorant par exemple leur histoire sportive ou l'anniversaire d'un modèle de leur gamme en particulier. Cette année, silence radio. La crise a bon dos…

Cette absence remarquée a été largement compensée par les efforts tout aussi notables du Conseil Général, partenaire de l'événement pour la deuxième année.

En effet, en 2008, les organisateurs avaient souhaité donner plus d'envergure aux Coupes en les faisant quitter l'enceinte du circuit. Ainsi fut créé le "Rallye Touristique de Côte d'Or", avec l'aide du Conseil Général. 90 participants se sont ainsi retrouvés pour une balade de 130 kms dans les environs de Dijon, de 8h00 à 15h00, avec une pause déjeuner et culture sur le site historique d'Alésia, avec ses ruines datant du premier siècle avant JC.

L'occasion de mettre un coup d'éclairage sur les 50 millions d'Euro investis par le Conseil Général pour la réalisation du "MuseoParc", c'est-à-dire l'infrastructure chargée de promouvoir et commercialiser ce site historique.

Le département avait d'ailleurs mis le paquet dans la promotion touristique de son territoire et de ses richesses, avec de nombreuses possibilités d'évasion et de découverte : le Palais des Ducs et des Etats de Bourgogne, le Musée des Beaux-Arts de Dijon, la route des vins, l'usine SEB, le Parc de l'Auxois… Enfin, signalons qu'il était aussi partenaire du Terrot Club de France, marque locale bien entendu aujourd'hui disparue. A ce sujet, un studio photo était aménagé dans l'enceinte du circuit, et permettait aux visiteurs d'être pris en photo au guidon d'une 350 type HT de 1934.

Mais revenons plus particulièrement à la moto. Cette année, ce ne sont pas moins de 6 champions du monde qui avaient fait le déplacement, dont Phil Read (un habitué celui-là), Jan de Vries, Alain Michel, Gérard Coudray, Steve Baker (champion du monde 750 en 1977 sur sa Yamaha OW 31 d'usine). On a pu constater que ces lascars en avaient encore sous le coude en piste…

Les machines d'exception tenaient leur rang, comme tous les ans, dans les box réservés aux écuries. Figuraient notamment le prestigieux Yamaha Classic Racing Team et toutes les fabuleuses MV Augusta officielles du MV Classic Team. Le spectacle était garanti, sans parler des instants où la bande-son "Dolby Surround" se rajoutait au 16/9ème…

En tout, ce sont plus de 1000 motos qui se sont retrouvées en démonstration, à travers les différentes séries. A ce sujet, il semblerait d'après quelques échos entendus ici et là, qu'il y ait de moins en moins de personnes qui effectuent le déplacement sur la piste, compte tenu des conditions plus que strictes imposées par les organisateurs sur l'état de conformité à l'origine des motos destinées à évoluer sur la piste.

Beaucoup, m'a-t-on dit, se voient refuser l'accès à la démonstration sur des critères qu'ils jugent excessifs, et ne tenant pas compte du fait qu'il est dans la nature des choses de bricoler sur une ancienne. Ainsi, il semblerait que pas mal de machines très intéressantes d'un point de vue technique et historique n'aient pas eu droit de présence sur l'anneau, car non conformes au boulon près. Ces personnes citaient en exemples les démonstrations ou courses d'anciennes dans les autres pays européens, plus souples au niveau des exigences requises, et permettant au final une ouverture plus importante aux passionnés d'anciennes.

Je ne fais que rapporter des paroles, alors info ? Intox ? Je laisse bien entendu un droit de réponse aux responsables sur ce point, afin s'ils le souhaitent de donner leur version de la chose.

Du coté des professionnels, plusieurs dizaines de stands s'offraient au visiteur en quête d'un conseil, de la perle rare, ou tout simplement de la pièce manquante. Une grosse proportion d'entre eux proposaient des outils et autres produits de rénovation pour remettre en état à peu près n'importe qu'elle machine. Des motos d'occasion ou à restaurer étaient aussi proposées, même si dans l'ensemble il n'y avait pas vraiment de machine rare ou sortant de l'ordinaire. Mention spéciale néanmoins à Yan Legendre, sympathique patron de "Route 77", pour la présentation d'une splendide Benelli 900 Sei, en parfait état et à un prix tout à fait correct.

Concernant justement les prix lors des Coupes ou des rassemblements équivalents, et cela a déjà été pointé lors d'un précédent CR, il est à regretter que beaucoup de professionnels aient systématiquement la main lourde au moment d'inscrire au feutre le prix de leur machine sur les étiquettes, avec à vue de nez des dépassements de 20% à 25% de la cote normale, mais ceci n'engage que moi.

De multiples clubs offraient aux yeux des badauds de beaux exemples de machines à la présentation généralement très soignée, et toujours présentées comme à la parade. Un beau spectacle de courbes, coloris, et chromes, agrémenté de bonnes effluves d'huile de ricin lors des démarrages ! Mais petite question : ou était le Ducati Club de France cette année ? De mémoire, il n'y avait rien pour représenter officiellement l'histoire de la marque.

Un petit conseil pour terminer : n'oubliez pas lors de vos pérégrinations le parking des visiteurs ! Compte tenu de la nature de l'événement, vous y trouverez bien entendu beaucoup de motos anciennes venues par la route, avec armes et bagages. Vous contemplerez un spectacle devenu de plus en plus rare aujourd'hui, à savoir une formidable expression de diversité et de liberté. C'est en effet à chaque fois un florilège de marques de toutes nationalités, de machines de toutes époques, de toute catégorie, de toute cylindrée, de toute architecture moteur.

Toutes sont plus ou moins bricolées, personnalisées, améliorées, équipées, tunées…

Pas une machine qui ne ressemble à une autre sur une mer de métal et de plastique. Toutes sont à l'image de celui ou celle qui les chevauche, toutes transpirent d'une même passion à travers une multitude d'expressions, malgré les assauts répétés de législateurs et autres képis zélés et ignorants.

Comparez ça au monde automobile et même à certaines manifestations moto d'aujourd'hui où en gros une grosse vingtaine de machines différentes représente 80% du parc en stationnement, et vous comprendrez que cet événement se pose, tout le célèbre village gaulois, comme un des derniers encarts de résistance face à la standardisation, à la normalisation, aux règles, aux lois, et à toute la castration et à la stérilité dont est capable notre société actuelle. Rajoutez une bonne dose d'esprit cool, oubliez les querelles de chapelles, les tribunes réservées à telle ou telle marque comme sur les Grands Prix, les guéguerres stériles entre clans de supporters de champions, ne vous inquiétez pas pour l'alcool et les rupteurs à tout va (et pour cause, il n'y en a pas !), et c'est la "zénitude" qui s'immisce délicieusement dans vos neurones contrariées par un quotidien bien gris…

Alors les Coupes, un remède anti-crise ?

Pour sûr !

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