Photos - 2008

Salon Moto Légende Edition 2008

Ce qu'il y a de bien avec (certaines) bonnes choses, c'est qu'elles ont la gentillesse d'avoir lieu tous les ans, pour le plus grand plaisir des amateurs et connaisseurs. Justement le cas du "Salon Moto Légende" au parc Floral de Vincennes. Tous les ans j'ai le même plaisir à venir fourrer mon nez dans la grand-messe annuelle de la bécane ancienne et d'exception sur Paris. Je dois dire que ça fait un paquet d'années que je me pointe religieusement sur cet événement, n'ayant pas toujours l'opportunité de me rendre sur des manifestations d'anciennes en province.

De plus, cette année nous avons eu la chance de recevoir une carte presse et des invitations, ce qui nous fit économiser quelques deniers autant que quelques minutes dans la file d'attente. En parlant de file, elle est de plus en plus dense chaque année ou ce n'est juste qu'une impression ? On n'est pas arrivés tard et pourtant il a fallu jouer des coudes. En tout cas merci à l'organisation pour ce geste.

Harry a eu la bonne idée de nous téléphoner pour nous prévenir qu'il était sur Paris. En effet, habitant désormais à Lyon pour raisons professionnelles, il a fait le déplacement pour être présent à notre réunion de bureau le lendemain soir. On en a profité pour lui proposer une petite visite, et c'est donc à trois que nous sommes pointés au salon, Bruno ayant pu passer immédiatement avec sa carte presse. C'est pô juste !!!

Une fois rentrés, le visiteur se retrouve comme les années passées dans les premiers espaces d'exposition, dédiés essentiellement aux clubs des ancêtres et des vieilles motos françaises. Et à chaque fois, l'amateur tombe sur des machines à la présentation extrêmement propre. Les bécanes sont rares, intéressantes techniquement, et astiquées mieux que neuf.

Rien à dire, c'est nickel, et comme je suis quand même parmi les premiers à être rentré, il n'y a pas encore trop de monde, ce qui me permet de mitrailler relativement facilement.

A la sortie du pavillon d'entrée, une fois franchie la cour intérieure, on rentre dans le vif du sujet avec le bâtiment principal, en ayant tout de même jeté un coup de mirette aux quelques vendeurs de pièces qui se sont installés à l'extérieur. Vont pas avoir chaud de la soirée ceux-là….

La première chose que l'œil voit est la surface d'exposition dédiée aux événements spéciaux. Il s'agit en général d'une commémoration ou d'un anniversaire de marque, d'une rétrospective, d'une partie de collection prestigieuse offerte au public…

Cette année, honneur était fait à Honda, premier constructeur mondial, qui est venu fêter ses 60 ans ainsi que les 40 ans de son modèle mythique, la CB 750 FOUR. Pour l'occasion, quantité de modèles marquants étaient exposés, aussi bien des machines de route que de piste, comme par exemple la NSR 500 de Wayne Gardner. Cette surface était aussi l'opportunité pour Honda de présenter son concept CB 1100R, déjà vu au salon de Tokyo l'an passé et à Cologne cette année.

Il est aussi beau en vrai qu'en photo, avec son style néo-rétro vraiment harmonieux et inspiré. Nous avons clairement eu un festival Honda cette année, car tous les clubs de la marque étaient réunis dans une seule et même allée, dont celui du 900 Bol d'Or Club de France, mais j'y reviendrais.

La zone juste après le coin de l'expo principale est en général réservée aux constructeurs ou aux gros concessionnaires les représentant, aux organismes officiels, aux gros assureurs, aux journaux de la presse moto ainsi qu'à tous les partenaires principaux de l'organisation. Bref, les premières lignes, c'est du lourd comme on dit…

J'ai d'ailleurs eu le plaisir de rencontrer pas mal de têtes connues, aussi bien des anciens coureurs que des journalistes de la presse écrite, que des préparateurs célèbres ou que des présidents de clubs d'envergure nationale. Tout le monde à l'air de se connaître, on sent que ces premières heures de salon sont la chasse gardée des gens du milieu, de ceux qui font réellement cet univers. Il n'y avait qu'à voir le nombre de personnes qui se sont engouffrées dans la file d'attente réservée aux possesseurs d'invitations pour s'en rendre compte. L'organisateur n'offrant pas à n'importe-qui des entrées gratuites, il est facile de comprendre que c'est un peu le "gratin" qui s'est précipité le premier sur les tapis d'exposition.

Bruno nous avait donné rendez-vous Harry et moi sur le stand de la Mutuelle, mais dans la foule ambiante j'ai trouvé le moyen de perdre Harry, trop occupé que j'étais à manipuler l'appareil photo, puis ensuite le stand Honda était tellement beau que j'ai carrément zappé Bruno et suis parti dans la direction opposée. Quand je suis plongé dans ma bulle moi…

Sur le stand de la Mutuelle (à moins que ce ne soit sur celui de "Moto Magazine" ?), figurait en bonne place le "cigare" du film "Burt Monroe" avec Anthony Hopkins. Toujours un plaisir de se remémorer ce film sur la moto et son esprit, tant il est à mes yeux l'un des plus intelligents que le cinéma nous a donné depuis des lustres. Le genre de truc qui nous change des clichés éculés du "blouson noir" rebelle, décérébré, alcoolique, associable, violent et j'en passe…

La FFM était là, fédé dont j'ai eu la joie de franchir les portes il y a peu, pour raisons professionnelles. Depuis des années que la bécane rempli ma vie, ça m'a fait tout drôle de visiter enfin la Mecque institutionnelle du deux-roues en France. Tiens ça me fait penser, faudra bientôt que je voie si je prends une licence, histoire d'aller tâter du circuit un peu plus souvent.

Je continue mon chemin, en essayant de faire les stands de manière calculée, afin de ne rien oublier. J'ai les yeux partout, rien ne m'échappe. Surtout pas ces magnifiques cafe-racers du Club 59. D'un coup d'œil, je me suis retrouvé quelques mois en arrière lors de notre pèlerinage au "Ace Cafe".

Les pros de la préparation sont là et nous proposent de belles réalisations, soit sur des machines contemporaines comme des roadsters ou des customs, soit sur des machines d'époque afin de leur offrir une bonne cure de jouvence et de vitamines. L'Atelier Chatokhine, Machines et Moteurs, VD Classic, l'Officina pour ne citer que les plus connus sont fidèles au poste, comme tous les ans depuis… houlà !!

Mention spéciale à Mecatwin, qui a mis devant nos yeux ébahis une version "Vador" d'une Rocket III, laquelle dégageait une puissance visuelle rare. Coup de chapeau aussi pour sa réalisation sur base de Harley : une XR 1200 modifiée par le changement de son cul de selle et des silencieux carbone bien plus techno que les deux gros pots d'origine. C'est fou comme un petit rien peu vous changer toute une moto. Un coup de crayon bien ajusté et c'est tout de suite une ligne sexy qui se révèle, en mettant en valeur comme par magie tout le reste du design. Chapeau l'artiste !

L'importateur belge de motos de collection "Good Old Bikes" a aussi fait le déplacement. Il tenait le même emplacement que l'année dernière, avec des modèles d'exposition dans un état absolument nickel, comme cette Ducati 900 SS ou cette Honda 1000 CBX à tomber. Venant des states pour la plupart, ces machines sont achetées dans un état irréprochable ou alors sont restaurées aussi bien que le neuf. Il faut dire que l'adresse est connue et reconnue en Belgique, car leurs restaurations sont réputées depuis longue date. Y'avait du chrome bien brillant sur le stand !

Les gros clubs tenaient aussi le haut de l'affiche, faisant la promotion de leurs activités pour l'année à venir. De plus en plus d'entre eux étoffent leurs offres de services et de loisirs. Désormais, place à la boutique officielle, au site internet archi-complet, au journal interne, aux événements spécifiques et aux journées de roulage sur circuit, aux opérations de communication et de promotion, aux stands chiadés sur les salons…. Oublié l'amateurisme et les clubs pépères où la seule activité est le traditionnel pot de l'amitié du vendredi soir, ces structures se professionnalisent et travaillent leur attractivité. Question d'époque je suppose. Les gros assureurs étaient aussi de la fête, et c'est une évolution notable que de constater la nouvelle maturité de ce segment de marché. Il y a encore peu, seuls de petits cabinets spécialisés proposaient une offre pour la catégorie des motos de collection, mais désormais, les grosses enseignes ont investi la place, et proposent des offres calibrées pour les amateurs de motos anciennes. Les tarifs sont évidemment alléchants, en rapport avec l'accidentologie de ce type de machine, car les propriétaires, d'âge assez mûr pour la plupart, sont réputés pour être soigneux de leur monture et apaisés de la poignée.

Le meilleur moment de cette soirée fut notre interview de Franck Margerin, qui inaugure ainsi notre nouvelle rubrique des "Interviews des Potes". Nous nous sommes retrouvés au commissariat général (excusez du peu…) où une salle nous était dédiée pour faire l'interview en toute tranquillité. Nous avions investi dans un enregistreur numérique perfectionné, et avec l'appareil photo de qualité de Bruno, nous sommes objectivement parés pour être crédibles aux yeux de nos interlocuteurs (on vous prépare quelques surprises dans le courant des prochains mois, vous m'en direz des nouvelles !) et travailler dans de bonnes conditions. Ceci pour notre démarche actuelle de professionnalisation de notre travail : claire répartition des tâches au sein du bureau de gestion, rigueur des réunions de "brainstorming", respect de nos interlocuteurs dans nos démarches et notre présentation, projections d'activité sur plusieurs mois et même plusieurs années, matériel moderne et adapté, site internet fonctionnel avec de nouvelles rubriques avec introduction imminente de l'audio et de la vidéo… Tout ceci vise à maintenir la crédibilité de notre structure et énerver encore un peu plus nos détracteurs. Au Moto Club des Potes, on est peut-être qu'une bande de joyeux lurons qui ne se prennent pas au sérieux, mais il n'empêche qu'on est quand même pro dans nos démarches !

Enfin bon, fin de l'aparté. Je disais donc que nous nous sommes retrouvés avec plaisir face à Franck Margerin, un super bonhomme, atypique et original, créatif, bref un artiste chaleureux et simple, avec lequel il est facile d'échanger sur tout un tas de sujets. Dessinateur reconnu, il est passionné de vieilles pétoires auxquelles il porte un véritable respect. Pas trop le genre à flasher sur les dernières motos plastique à la mode qu'il trouve trop aseptisées, il se retrouve plutôt dans les bonnes vibrations, les chromes, l'huile de ricin, et le cuir odorant. Tout à fait d'accord avec toi mon cher Franck… Nous avons terminé notre enregistrement sur "la question qui tue", sorte de pirouette de fin qui permet de terminer l'interview et de clôturer la rencontre sur une note humoristique. Je dois dire que face à ce genre de situation qui exige ouverture d'esprit et sens de la répartie, notre ami s'en est bigrement bien tiré. Une fois la retranscription de l'interview faite, nous vous proposerons un article d'ici le tout début janvier 2009. Alors restez connectés !

A la suite de cet épisode, nous sommes repartis sur le stand du "900 Bol d'Or Club de France", histoire de retrouver toute la bande et bavarder avec eux.

Avec toute la gentillesse qui les caractérise, ils nous ont offert un accueil royal, ce qui nous a permis de souffler un peu en avalant quelques morceaux de chocolat et verres de jus d'orange. Nous avons rencontré le garde du corps de "Nounours le Belge", un monstre à quatre pattes et gueule protubérante dénommé Lazago, lequel gardait le stand avec zèle.

Nous nous sommes momentanément séparés, votre serviteur se rendant sur la seule partie du salon qui n'avait pas encore été explorée, à savoir la zone de la bourse. Est-ce une impression ou cette partie de l'événement est de plus en plus bondée chaque année ? Encore un indice qui me fait dire que le bricolage et la rénovation des motos anciennes ou récentes (années 80-90) a le vent en poupe. Simple effet de mode ? Rejet des usines à gaz actuelles hors de prix et/ou intouchables au niveau des révisions car bourrées d'électronique ? Vieillissement d'une population motarde qui roule de moins en moins et veut retrouver ses amours de jeunesse ? "Etant donné le contexte actuel, la moto ancienne est une valeur refuge" m'a dit Bruno dans les allées.

Et c'est vrai que la situation sociale d'aujourd'hui ne va pas arranger les choses. Pouvoir d'achat en baisse, prix de l'essence, normes de bruit et de pollution draconiennes, répression aveugle sur les routes, crise économique majeure, les raisons ne manquent pas de faire des achats "étudiés" voire "raisonnés". Il n'y a qu'à voir le succès des machines économiques ou de moyen de gamme pour comprendre que la moto d'époque ou dite semi-collection se trouve pile-poil dans ce créneau. Volonté de se faire plaisir, goût pour le travail fait soi-même, recherche de personnalisation, maîtrise du budget comme de l'assurance, quête d'authenticité, nos petites mamies se trouvent à la croisée de plusieurs tendances lourdes dans notre monde. Comme quoi l'univers motard est parfaitement en adéquation avec la société qui l'entoure, quoi qu'il en dise parfois.

La conséquence logique de tout cela ? Certains soi-disant "professionnels" en profitent pour faire leur beurre. Tout devient business, le marché dicte sa loi, à savoir celle de l'offre et de la demande, un point c'est tout. En arpentant les allées de ce joyeux capharnaüm, je me suis dit que les étiquettes commençaient à prendre un sérieux coup de chaud. J'ai repéré par exemple une Norton Commando de 80 000 kilomètres dans son jus à 7 800 euro, et une Honda CB1100R à 8 000 Euro, sachant que même si l'extérieur présentait bien, le moteur était quant à lui complètement pourrave. Assez pathétique à vrai dire… Autant le dire tout de suite, j'ai moi-même essayé de regarder ce qu'il y avait de disponible pour mon projet de cafe-racer sur base Ducat', mais j'ai laissé tombé. J'ai l'impression que ce salon était le bon endroit pour faire des repérages et prendre des renseignements, mais certainement pas pour faire des affaires. J'ai bien conscience que les organisateurs d'un tel événement ne sont pas responsables de cet état de fait, je dis juste qu'il est dommage que notre petit monde subisse une telle bulle inflationniste, rendant la moto ancienne moins accessible que ce qu'elle était il y a encore quelques années. A titre de comparaison, le marché de l'art commence à connaître une purge salutaire, retrouvant des transactions d'un niveau objectivement raisonnable. En sera-t-il bientôt de même pour nous ?

En attendant ce jour, les passionnés devront repérer des petites bourses en province, loin de la poussée inflationniste des grands rendez-vous.

Retour sur le stand du Bol d'Or Club de France

Sandro alias "Alphonse Patamob" y présente une machine de folie, qui ne paye pas forcément de mine quand on la voit de l'extérieur, mais qui se révèle être une véritable dévoreuse de bitume quand on connait son historique et tout ce qu'elle a à l'intérieur. Il serait beaucoup trop long de lister toutes les modifications qui ont été entreprises sur ce bolide, disons simplement qu'il ne reste plus un seul boulon d'origine.

Tout le moteur a été revu de fond en comble pour pouvoir supporter les accélérations attendues d'une machine de dragster. Embiellage, boîte de vitesse, distribution et soupapes, pistons, carburation, métrologie… Tout a été pensé spécifiquement pour les runs d'accélération dans la catégorie des moteurs atmosphériques. La partie-cycle est du même acabit : bras oscillant rallongé et adapté, cadre complètement modifié, amortisseur arrière EMC fabriqué sur mesure, fourche avant de GSXR rallongée et modifiée, té de fourche au design spécifique (et unique !) et fabriqué en Allemagne chez un spécialiste, jantes légères adaptées… le tout pour faire de cette meule une sprinteuse hors pair.

De plus, pour avoir vu l'atelier de Sandro, je peux vous dire que réaliser une machine d'une telle complexité avec aussi peu de moyens relève de l'exploit tant ses installations sont à des années lumières des blocs opératoires des grandes structures. Le manque criant de moyens a été remplacé par du système D, du travail "à l'œil", de la patience et de l'ingéniosité.

De quoi atteindre la deuxième place d'une coupe de dragster dans la catégorie amateur (lire ceci), et ce devant quantité de machines de conception autrement plus moderne (des batteries d'Hayabusa de plus de 200 chevaux). Les compétiteurs autour de lui ont été complètement bluffés par la machine. Donnez à notre ami une machine plus puissante et il vous décrochera le titre ! Les enfants, vous ne le savez peut-être pas mais on a un champion de France potentiel au sein du club !!!

Cette œuvre d'art a d'ailleurs sacrément énervé un type qui présentait sa propre préparation sur base de CBX 1000 sur le stand juste en face. Vexé comme un poux qu'il était le gus… D'ailleurs le plus amusant a été de constater l'évolution de réactions tout autour de Sandro. Celui-ci a gagné le respect de ses pairs grâce à cette réalisation, véritable carte de visite pour le milieu de la compétition moto. Beaucoup de monde est venu sur le stand, y compris les grands préparateurs, curieux de voir cette ancienne qui se permet de taxer les modernes au 200 M - D.A.

Ceci a été l'occasion de faire d'excellents contacts, et d'avoir des propositions de partenariat avec de bons pilotes pour les courses d'endurance du championnat de France et d'Europe de vitesse. Sandro m'a d'ailleurs raconté une anecdote croustillante : ayant mis à disposition des membres du BOCF la liste des modifications de sa préparation, il s'est rendu compte qu'un type a trouvé le moyen de payer sa cotisation de membre juste pour avoir accès à la partie du site internet où figuraient les informations techniques !

Sandro pense d'ailleurs ne pas s'arrêter en si bon chemin et espère amener le résultat d'une rénovation sur une Honda 1100 R, machine dont seulement 1050 exemplaires sont sortis des chaînes de montage. C'est en effet typiquement sur ce genre de salon que tout ce travail sera susceptible de trouver le meilleur écho.

Car c'est la sixième année que Sandro participe à ce salon, qui est selon lui de plus en plus convivial, étant donné qu'il y connait de plus en plus de monde. Succès jamais démenti depuis maintenant 11 éditions, cet événement commence à être un peu à l'étroit dans son environnement actuel. Les organisateurs pensent d'ailleurs le faire migrer vers la Porte de Versailles pour les éditions suivantes, ce que regretterait Sandro, qui pense que ce salon y perdrait son âme en accordant trop de place aux machines modernes et en devenant finalement un Mondial bis.

Pour teminer, je vous propose une petite retranscription de la mini-view réalisée auprès d'Alphonse Patamob…

C'est pas triste !

@ + Baloo et Le Taz