Tout d'abord, qui est Eric de Seynes
Monsieur Eric de Seynes est né le 9 juin 1960 dans une famille protestante de quatre frères et surs. Il a longtemps vécu en région parisienne, et plus particulièrement à Levallois, commune qui faisait partie d'une banlieue assez dure dans les années soixante-dix. Il est issu malgré tout d'un milieu plutôt aisé car les siens ont toujours été des entrepreneurs. L'ouverture d'esprit et la tolérance sont des valeurs fondamentales de sa famille (son arrière grand-père était pasteur et a construit une église dans le onzième arrondissement de Paris à la fin du 19ème). Son éducation a été faite dans le respect de la foi et des autres.
Son père, ses grand-pères et ses oncles étaient eux-mêmes des motards depuis toujours. Il a donc eu la chance d'être imprégné de culture motarde dès son plus jeune âge.. Passionné très tôt de compétition et d'émotions fortes, la moto a été un révélateur formidable dans lequel il a pu mettre toutes les valeurs transmises durant son enfance.
Il est aujourd'hui PDG de la société Option Organisation.
L'interview
Taz : | Bonjour Eric, depuis quand as-tu la passion de la moto ? | ||
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EdS : |
Mon premier souvenir et mon premier déclic remonte à l'âge de trois ans et demi, lorsque mon père me mettait sur le réservoir de la BMW R69 S et que nous partions faire un tour jusqu'à la plage. Nous étions en vacances en Normandie, et le samedi soir, lorsqu'il arrivait de sa semaine de travail à Paris nous faisions notre petite boucle de 6 Kms. Je me souviens d'un bonheur absolu dans ces moments-là. Donc, très clairement ça vient de là, ça s'est enclenché là. J'ai tout de suite été mordu, et je me souviens que pour mes sept ans, mes parents m'ont demandé ce que je voulais comme cadeau d'anniversaire. Je leur ai répondu que je ne voulais pas de cadeau, mais seulement aller avec mon père à Montlhéry pour voir les Coupes Eugène Mauve. Mon père était aussi content que moi ! A partir de notre anniversaire de onze ans, mes parents nous emmenaient, mon frère, mes surs et moi, à des soirées spéciales en l'honneur de notre changement d'âge. On pouvait choisir le spectacle qu'on voulait : théâtre, cinéma, ou opéra pourquoi pas. Mon premier choix a été d'aller voir " Continental Circus ". L'année d'après nous sommes allés voir " Chalenge One ", l'année encore d'après le " Cheval de Fer ", et pour finir je suis passé à Coluche ! Finalement, je suis resté dans des valeurs émotionnelles proches de la moto, ce qui fait que j'avais une image assez caricaturale aux yeux de ma famille. J'avais la chance d'avoir un père qui était abonné à Moto Revue, puisqu'à l'époque Moto Journal n'existait pas encore. Nous recevions donc Moto Revue, Motorcycle News et aussi Das Motorrad à la maison toutes les semaines, ce qui fait que j'ai appris l'anglais et l'allemand avec ces revues. Bon, ça ne donne pas un vocabulaire formidable, mais ça motive au moins pour lire ! Ensuite, nous étions une bande de quinze cousins qui s'est retrouvée à être complètement fondue de moto, ce qui fait qu'on passait toutes nos vacances à jouer à des personnages de pilotes. A l'époque, c'était Roger de Coster, Joel Robert, Jarno Saarinen, Olivier Chevallier, etc sauf Agostini que je n'aimais pas depuis " Continental Circus ", car son image était trop distante et professionnelle. Je n'osais pas être Michel Rougerie que je trouvais un peu trop rebelle, mais je m'identifiais plus à Olivier Chevallier, Eric Offenstadt et surtout Patrick Pons. Voilà, nous étions tous à partager cette passion. En 72-73, vers 13 ans, je me souviens que mon grand-père donnait à chacun de ses petits-enfants une somme de 50 Francs sur notre livret de caisse d'épargne. Mes parents nous avaient toujours interdit d'y toucher, sauf à partir de 12 ans ou j'ai eu l'autorisation. En fait, j'allais chercher 5 francs par semaine, pour aller ensuite sur l'Ile de la Jatte, où le père de Philippe Monneret, Georges, a monté sa première école de pilotage pour les jeunes qui avaient entre douze et quatorze ans. Donc, à partir de douze ans, j'étais tout le temps chez Philippe. On s'est connus là, et on ne s'est pas quittés d'ailleurs puisque j'ai déjeuné avec lui avant-hier. Comme quoi ça continue ! La moto a été pour moi un formidable réservoir d'émotion, de partage, et aussi d'apprentissage de la vie. Ma motivation pour la moto a fait qu'à partir de 14 ans, j'ai fait tous les jobs possibles et imaginables pour gagner de l'argent et pouvoir me payer tous mes deux-roues successifs. |
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Taz : | Eric, tu as passé ton permis moto en quelle année, et quel type de motard es-tu ? | ||
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EdS : |
J'ai passé mon permis au minimum légal, c'est-à-dire le 10 juin 1976, très exactement un jour après mes 16 ans. Tu vois, je ne pouvais pas l'avoir plus tôt ! Je me souviens que l'examinateur m'avait dit que ce n'était pas la peine de s'attarder sur les questions théoriques vu que je savais absolument tout par cur et plus encore !
A cette époque, j'étais complètement branché circuit et fondu de vitesse. Ma première idole et le premier pilote que j'ai totalement admiré était Jarno Saarinen. J'avais une passion pour ce garçon que je trouvais extrêmement talentueux. Et il avait une jolie femme, ce qui n'était pas pour me déplaire ! J'ai été très peiné ce jour de mai 73 (le 20), quand il s'est tué avec Renzo Pasolini à Monza. J'étais donc passionné par la vitesse, et me croyais sur un circuit en permanence.
Cela m'a valu, pendant mes premières années de moto, de tomber régulièrement. Je faisais une chute par mois. J'avais un carnet d'ailleurs, je notais toutes mes chutes, et je sais que je suis tombé 35 fois sur les 3 premières années et j'ai du taper une quinzaine de fois. Je me suis encastré 1 fois dans un semi et je suis passé deux fois au dessus d'une voiture. Je n'en tire surtout aucune gloire, mais une fois c'était assez amusant car le conducteur de la voiture croyait que j'étais mort et me cherchait sous son véhicule. Le temps que je me relève et que je vienne le voir, il était tellement content de me voir qu'il a cru que j'étais un ressuscité. Alors comme il avait une caisse de champagne, il m'a offert un verre ! Mais il faut se remettre dans l'ambiance de l'époque. Dans ces années là, les départs des Grands Prix se faisaient à la poussette. Dans mes jours de forme, je faisais chaque départ de feu rouge à la poussette ! Donc même en ville, je pompais, moteur arrêté, en première, et au feu vert, je poussais puis sautais sur la machine, et tout ça en montant les régimes. Un jour où je faisais ça avenue Mozart sur le mouillé, je trouvais ça très drôle parce que ça patinait tant que ça pouvait à l'arrière, sauf qu'une Fiat est sortie de son garage et bien sûr je l'ai percutée. Le moteur est tombé, la voiture est restée immobile en plein sur l'avenue, et ce pauvre monsieur qui n'avait rien vu venir se trouvait être un ancien ami de mon grand-père. Finalement, ça ne s'était pas trop mal terminé ! A cette époque, je ne pensais qu'à être " à fond " tout le temps, et dans ces cas-là, malheureusement il y a un peu de casse. J'ai donc eu beaucoup de chance, mais j'avais été correctement accompagné par mon père. Son raisonnement était que je pouvais faire ce que je voulais si c'était avec mon argent, mais, par contre, il voulait m'offrir l'assurance de mes motos. Ce qui d'ailleurs l'a mis en difficulté puisque la compagnie d'assurance ne voulait plus m'assurer du tout. Et puis surtout, j'ai toujours roulé équipé. J'ai toujours roulé avec des gants, des bottes, un casque attaché. Dès que je quittais Paris j'étais en combinaison de cuir. Je n'ai donc jamais roulé de manière inappropriée. Je pense que c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, je ne me suis cassé en tout et pour tout qu'une seule fois un doigt et c'est tout. Tout en ayant chuté plus de soixante fois dans ma vie de motard ! Vers seize
ans je suis parti à fond dans la vitesse. J'ai toujours aimé
le circuit et l'exigence que cela représente. Après deux
premières demi-saisons de vitesse, quand j'ai vu que je n'étais
pas assez bon, je me suis essayé à l'enduro. C'était
l'époque où le Dakar arrivait, en 79. Je ne me sentais
pas super doué, mais le challenge me plaisait. J'ai découvert le Dakar à son tout début. Avant d'être une course, c'était avant tout une aventure humaine, une aventure où l'on vivait des moments absolument incroyables, où il y avait cette espèce de force entre nous tous qui était l'impression de vivre quelque chose de complètement hors hors norme, où on se coupait de la vie quotidienne. A l'époque, évidemment, il n'y avait pas de balise, pas de GPS, rien de tout ça. On partait, on avait chacun une boussole, un road-book qui avait été photocopié et fixé sur un support Rhodia au guidon, et dont on déchirait les pages au fur et à mesure qu'on roulait. D'ailleurs, il fallait faire attention de ne pas en déchirer deux en même temps ! C'était un moment qui allait au-delà même de la moto, c'était un moment de vie totalement fort. J'ai trouvé cette dimension humaine de l'épreuve extrêmement enthousiasmante, surtout pour des pilotes qui comme moi n'étions pas destinés à être devant en pilotage, mais qui étions là pour vivre l'aventure et la course. Finalement, j'ai fait le Tunisie en 81 (3°au classement amateur), suivi du Dakar en 82. Là, au bout de quatre jours, je ne dormais quasiment pas, je faisais des fautes et j'ai fini par casser le carter moteur en deux.
Si aujourd'hui j'en suis venu à organiser une épreuve de rallye routier, c'est parce qu'intérieurement, je sentais que le rallye aurait pu être ma discipline. C'est peut-être pour ça que je me suis amusé à organiser cela, en pensant à tous les anonymes passionnés de compétition qui recherchent la meilleure discipline. Enfin, sur le Moto Tour, j'ai toujours été extrêmement exigeant par rapport à la qualité de cet esprit, à savoir du partage, de l'ambiance dans le paddock, bref, en essayant de faire vivre ces 8 jours de course un peu dans l'esprit de ce que j'ai eu la chance de vivre il y a maintenant 25 ans. Je trouve que ce sont des valeurs formidables et qu'il faut arriver à faire perdurer. |
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Taz : | Je sais que quand tu as fait ton 1er rallye-raid, tu t'es tout de suite senti attiré et investi par l'organisationnel, tu as toujours voulu te mêler à ça et savoir comment ça fonctionnait de l'intérieur. Peux-tu nous expliquer tout ça s'il te plaît ? |
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EdS : |
Je pense que c'est venu du fait que mon père qui était complètement passionné de moto, a toujours voulu aussi être acteur, c'est-à-dire que ce ne soit pas une passion égoïste pour lui-même, mais que cela lui donne la possibilité de partager des événements. Avec le BMW Club de France, il a organisé en 1965 une concentration qui s'appelait " le Chamois " et qui faisait, à l'époque, concurrence aux Eléphants. Entre 65 et 70, j'avais entre 5 et 10 ans, je gagnais mon argent de poche en classant les fiches d'inscription des participants aux Chamois par ordre alphabétique et ça me prenait tout l'hiver (il y en avait 10 000 !). J'étais payé un Franc de l'heure. Une fois que les Chamois ont bien décollé, surtout en 1968, où Marielle Goestchel qui avait gagné les JO de Grenoble était venue faire l'ouverture des Chamois avec la BM. Le Club avait l'impression d'avoir fait un truc formidable et s'est dit : " Qu'est-ce qu'on pourrait faire de plus fort ? ". Ils décident alors de relancer le Bol d'Or en 1969, puisque le Bol avait été arrêté en 63 quasiment faute de combattants. Et à partir de 71, je me suis retrouvé chaque année pendant une semaine impliqué dans l'organisation de l'épreuve aux côtés de mon père. Nous dormions dans une caravane, on préparait les traçages des parkings, des paddocks... Mais on s'occupait surtout des procédures de départ et d'arrivée ainsi que de la remise des prix. C'est pour ça que même si je ne les ai pas gagnées, j'ai quand même toutes les coupes de ces années-là que j'ai toujours conservées. Grâce à lui, j'ai vu très tôt l'autre côté des événements, c'est-à-dire la face cachée de l'organisation, des arbitrages qu'il fallait faire. A quatorze ans, j'étais traducteur en anglais dans les stands pendant le Bol pour certains pilotes anglais qui ne pouvaient pas communiquer avec leurs mécanos. Je me souviens d'un pilote qui s'appelait Pat Evans (il s'est tué en 76 ou 77 à Imola) qui était un pilote formidable. Talentueux, il avait participé au Bol sur une OW Yamaha aux couleurs de Jean Murit. De nuit il était le seul à faire frotter ses pots, dans le Chemin au Bufs, avec une lampe de poche en guise de phare. C'était grandiose ! |
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Taz : |
Tu nous as fait voir quelque chose sur ton casque tout à l'heure (voir photo). J'aimerais que tu nous expliques un peu l'histoire de ce casque et l'histoire de cette couleur, parce que moi la connaissant, je préfère que ce soit toi qui l'explique. |
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EdS : |
Là encore, on est marqué par ce qu'on a vécu. Je dois dire que je regrette un petit peu les casques de ces pilotes des années 70, car chacun était très reconnaissable, et quand on les voyait arriver, on savait immédiatement où se situait tel ou tel pilote. Les casques avaient une déco tellement simple et lisible, que c'était presque la casaque du jockey. On savait les identifier avant même les couleurs des motos. Je trouve que dans les casques plus modernes, depuis une vingtaine d'années, les décors sont devenus plus sophistiqués, et on a un peu plus de mal à reconnaître la personnalité du pilote grâce au graphisme de son casque, sauf Rossi qui lui joue totalement avec ce graphisme. Comme je l'ai déjà dit, j'étais très admiratif et très marqué par Patrick Pons et Christian Sarron. Vraiment beaucoup par Pons, car il n'habitait pas très loin de chez moi. Quand il a ouvert sa première concession avenue de la Grande Armée, il suffisait de se pointer vers 9 heures à la concession, et on trouvait là Patrick et Olivier Chevallier qui tous les deux partaient faire un footing dans le bois de Boulogne. On arrivait à prendre un café avec eux et c'était naturel. En fait, ça se passait comme ça. Il y avait cette proximité et ils étaient ravis qu'un jeune blanc-bec comme moi vienne pour discuter du dernier grand-prix du dimanche dernier. J'ai trouvé ces moments très forts. Quand je me suis lancé dans la première saison de compétition, en 78, j'ai eu la prétention ou l'orgueil de reprendre le graphisme des casques de Patrick et Christian. Seule la couleur changeait, noir pour Pons et bleu pour Sarron. Moi je l'ai fait vert ! Bref, le Pons Replica ou le Sarron Replica en vert. J'ai toujours gardé ce graphisme quand j'ai eu la chance de pouvoir me faire faire des casques. Bien sûr, je l'ai fait évoluer en fonction de l'actualité, car il ne faut pas rester passéiste, mais je me suis toujours attaché à garder ce clin d'il aux hommes qui m'ont alimenté dans la passion de la moto. Nous devons tous être acteurs de la transmission de cet esprit, de cette passion par rapport aux autres. En respect avec cette éthique, j'ai eu la chance de côtoyer de près, dans ma vie professionnelle, de nombreux pilotes dont Christian et Dominique Sarron, Jean-Marc Deletang, Stéphane Peterhansel et surtout Jean-Claude Olivier. Ce sont des hommes formidables, intègres et sincères avec cette passion pour la moto, et plein de qualités. Voilà, c'est un clin d'il auquel je tiens. |
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Taz : | Eric, question un peu incongrue, mais pourquoi accepter cette interview et pourquoi l'accepter auprès du Moto Club des Potes ? |
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EdS : |
D'abord, je trouve que c'est extrêmement prétentieux d'oser refuser une interview ou même une rencontre. Dans tous les jobs que j'ai eu, et je le dis absolument sans forfanterie ou quoi que ce soit, je n'ai jamais refusé un RDV à qui que ce soit. Jamais. Je considère que quand quelqu'un souhaite te rencontrer, c'est qu'il a quelque chose à partager et qu'il y a moyen pour toi de t'informer. Ce serait extrêmement prétentieux de considérer que l'on n'a pas besoin de cette information ou de ce partage. J'ai donc toujours accueilli et reçu qui que ce soit. Dans cette même idée, j'ai eu la chance de partager pendant onze ans la vie de Yamaha, où j'étais directeur de la division moto. En suivant ce principe, quand un client envoyait un courrier de mécontentement, j'ai toujours appelé la personne en direct. Plus le client menaçait et s'exprimait de façon formelle, plus je me débrouillais pour retrouver son téléphone et l'appeler directement. Je me souviens d'un garçon dont la lettre avait été absolument épouvantable et d'une rigueur totale. J'arrive à retrouver son téléphone par son adresse, je téléphone et je tombe sur sa mère, à six heures et demie du soir. Elle me dit : " Ecoutez, si vous voulez le joindre, il faut le contacter entre 6h30 et 6H45, parce qu'à 7 heures, il démarre à l'usine. Il n'y a que là que vous pourrez le contacter dans la journée, parce que le soir il dort. " Et du coup, j'avais rappelé à 6h30 du matin, j'étais tombé sur lui, et il était impressionné et ravi de voir que le responsable qu'il ne connaissait pas chez Yamaha l'appelait directement. Le problème a été réglé en 5 minutes, et au bout de 10 minutes, comme il voulait aller au TT sur l'Ile de Man, il me demandait l'adresse d'un hôtel possible que je pouvais lui conseiller. Donc, la moto a ceci de formidable que quand on parle vrai, qu'on se parle entre nous, on peut régler beaucoup de choses simplement et garder ce joyau de l'esprit motard, et ça, je crois que c'est très important.
A priori, vous le Moto Club des Potes, vous êtes au cur de cette âme ! Enfin, j'ai eu la chance de lire ton livre car tu m'avais fait le privilège de me le passer, et je trouve qu'humainement, il est formidable. Je me sens totalement solidaire avec ce que tu as vécu et la façon dont tu as eu le courage de le raconter, la question ne se posait donc même pas. |
La question qui tue en Live
A écouter
Taz : | Eric, nous voici à la " question qui tue " a été inaugurée avec Frank Margerin lors du lancement de notre rubrique et devait s'adapter à chaque personne. Après mûre réflexion, avec Baloo, nous avons décidé de garder la même question pour la totalité de nos interviewés de 2009. Alors, je vais te la poser : " Slip ou caleçon ? " |
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EdS : |
Moi, je pense qu'il faut garder une grande ouverture d'esprit, et donc il faut satisfaire ceux qui sont autour de nous. Donc, je suis caleçon pour ma femme, et je suis slip quand je roule à moto ! Parce que je trouve quand même que rouler dans une combinaison en caleçon ça n'est pas terrible, et je trouve que le slip est beaucoup plus confortable ! Cela fait une contrainte en moins, on peut mieux se concentrer sur le pilotage ! |
Baloo : | Moi, j'ai une question un petit peu différente de celles qui ont été posées auparavant. Vous êtes l'instigateur du renouveau des rallyes routiers en France, vous êtes en première ligne dans cette discipline. Je voulais savoir, par rapport à l'évolution de notre société actuelle qui est complètement tournée vers le tout-sécuritaire, comment vous avez réussi à remettre sur pied une telle épreuve qui comporte évidemment des risques pour les participants. Et à l'avenir, je voudrais savoir comment vous envisagez son évolution future. |
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EdS : |
Je crois que ce qui est important, c'est de tenir compte de l'évolution de la société actuelle, et de faire une épreuve qui n'aille pas à son encontre. Je reste persuadé que les rallyes routiers restent une discipline extrêmement complète, accessible à tout motard qui roule régulièrement. Dès le début du projet, nous avons donc travaillé en totale collaboration avec les pouvoirs publics et la FFM. Dans ce cas, les pouvoirs publics sont beaucoup plus coopératifs qu'on ne veut bien le croire. Ils sont tout à fait soucieux de pouvoir aider au développement d'une épreuve telle que le Moto Tour, dès l'instant que le Moto Tour montre sa bonne volonté à rester dans les clous en ce qui concerne la sécurité routière en tant que telle. Et qu'est-ce qui compte sinon de ne pas mettre en danger les autres ? 90% de la sécurité du Moto Tour vient de son parcours. Nous sommes très rigoureux sur la physionomie du parcours et des spéciales On se débrouille pour que le parcours passe le plus possible dans des contrées à faible densité de population. On est extrêmement rigoureux sur la vitesse des concurrents dans les traversées des villages, dans les traversées des villes. Ils le savent et sincèrement, ils le respectent totalement. Il faut savoir que nous avons maintenant plus de deux radars sur l'épreuve qui contrôlent les concurrents, ce qui fait que les vitesses relevées sont objectivement entre 45 et 70 km/h. Au fur et à mesure des éditions, les pilotes se sont aperçus qu'être raisonnable en ville n'empêchait en rien de se lâcher dans la montagne, sur les cols, sur les routes où nous n'irons pas les chercher et où personne ne se met en danger. En effet, nous mettons, avec la société Air Protec, un dispositif qui est très solide en matière de sécurité passive. Ainsi, après six éditions réalisées le Moto Tour représente plus de cinq millions de kilomètres parcourus en course par nos concurrents, et jusqu'à présent, nous n'avons eu à enregistrer aucun accident grave, même si je touche du bois évidemment. Nous sommes même en dessous des statistiques de la moto de tous les jours. Malgré tout, les statistiques ont leurs limites, ce qui fait qu'il faut qu'on puisse se préparer un jour à un accident grave. Vous savez, il y a quand même quelque chose d'extraordinaire. Le Moto Tour est la seule épreuve aujourd'hui de sport mécanique auto ou moto, qui soit soutenue par le Ministère de la jeunesse et des sports, par le Ministère de l'intérieur, par le Ministère des armées, et par la Délégation interministérielle à la sécurité routière. Nous sommes soutenus par ces quatre organismes officiels. Ils reconnaissent la vertu de l'exemplarité de notre épreuve, à savoir que l'on peut se faire plaisir à moto dès l'instant qu'on respecte les règles et la sécurité des autres usagers. Nous sommes donc extrêmement vigilants, et tant qu'on le sera l'avenir de l'épreuve et du championnat seront assurés. |
Taz : | Eric pour finir, si demain tu frottes une lampe d'Aladin et le génie te donne carte blanche pour faire un nouveau salon de la moto. Comment est-ce que tu t'y prendrais et qu'est-ce que tu ferais ? |
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EdS : |
Tout d'abord, je pense que je n'ai pas besoin de frotter une lampe pour avoir une idée du salon dont je rêverais. Deuxièmement, je l'ai déjà proposé à la profession, et notre idée en tant qu'organisateurs était de faire un salon qui essaye de mettre en lumière l'ensemble des acteurs du monde de la moto et permette aux visiteurs une réelle interaction. Ma grande ambition était de faire un événement qui puisse réunir tous les petits acteurs (préparateurs, équipementiers, accessoiristes, organisateurs) au côté des constructeurs avec des conditions économiques qui leur permettent d'être là de manière réaliste. Je pense que c'était là le premier enjeu. Le deuxième, c'était que dans le vécu de la manifestation, le motard, le visiteur, puisse avoir l'impression de toucher du doigt ce qui va pouvoir réveiller sa passion ou en tout cas son attachement à la pratique de la moto. Mon idée était à l'époque de faire un salon à Villepinte, car à Villepinte, on a quelque chose comme 60 hectares de terrains adjacents au hall, qui permettaient de réaliser une piste d'enduro, une piste de moto-cross, une piste de quad, et nous avions le circuit Carole à proximité immédiate pour faire des essais. Tout cela permettait aux visiteurs d'être pro-acteurs, d'aller découvrir en fonction de leur niveau soit des essais de moto, soit de partager un moment fort avec des pilotes qui venaient en démonstration. Cela aurait permis un contact, ce qui n'est pas toujours possible dans des compétitions organisées, car souvent, malheureusement, les pilotes ont la pression de la course et sont assez peu disponibles pour le public qui vient les voir. Les fondamentaux de l'événement tournaient autour de ces valeurs-là, qui étaient à la fois le respect de l'ensemble des acteurs de la moto y compris les plus petits, et le respect de l'ensemble des visiteurs, qu'ils soient passionnés ou simples néophytes. Car finalement, le marché est extrêmement vaste, et entre le scooteriste, celui qui roule en R1 ou celui qui va aller en enduro, chacun a sa vision à lui de sa pratique de la moto. Donc voilà, si je devais aller chercher un magicien, ce serait de pouvoir aller au bout de cette envie et être sûr de ne décevoir personne, y compris moi-même. |
Nous remercions Le "Café de Pauline" à Bercy "Cour St Emilion", où nous avons pu réaliser cette interview.
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