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État de santé du marché motocycliste au Québec

Le marché de la moto est-il en santé au Québec ? Il est temps de faire un point car plusieurs indicateurs ne sont pas dans le vert.

Il y a eu plusieurs faillites ou fermetures dernièrement, des motocyclistes voudraient boycotter les professionnels et la SAAQ, et les statistiques de ventes ne sont pas florissantes.

Malgré tout, le Québec se porte bien au sein du Canada en 2019. Les ventes d’unités sont en hausse de 3% au Québec (20 965 unités), alors qu’elles sont en baisse de 1,53% au Canada (60079 unités). L’Alberta chute le plus avec – 10%, la Colombie Britannique est à – 5%. L’Ontario est stable avec – 0,86% et le Nouveau Brunswick s’en sort bien avec + 6%.

Mais attention, on parle ici de véhicules. Ils ne valent pas tous le même prix. La chute est plus importante en chiffre d’affaires, même si ces chiffres ne sont pas connus. Car les motos de route sont en baisse de – 8,31% au Canada. C’est 2984 motos de moins qu’en 2018.

De son côté, le segment off road (hors route) est en hausse de 25 %, soit 1167 véhicules en plus.

Le souci est que les motos de route sont unitairement plus chères que les hors route. Donc la partie financière baisse plus.

Les augmentations de plaques au Québec ont bien l’effet négatif recherché par la SAAQ puisque les ventes de motos pour la route baissent. Le marché glisse vers le véhicule tout-terrain moins taxé en plaque d’immatriculation.

La passion et l’intérêt pour la moto existe toujours. À noter les ventes de scooters qui reprennent au Québec avec + 18 % des ventes, et 68,6% de part de marché du Canada !

Plusieurs faillites ou fermetures ont eu lieu au Québec, et on peut s’interroger s'il y a un rapport avec l’activité économique.

La société Motovan s’est placée sous la loi de protection de la faillite. C’est-à-dire qu’elle continue à opérer pour le moment. Le passif annoncé de 27 millions serait plutôt dû au rachat d’une compagnie américaine.

Un autre importateur d’accessoires, Clary Sport, importateur des casques Nolan et Ixon a fermé ses portes. La raison était principalement l’état de santé du propriétaire, Antoine Clary, qui est décédé en France dernièrement des suites d’un cancer. "Précision : Suite à l'arrêt de la société Clary Sports, la distribution de la marque de casque Nolan a été reprise par la société Importation TA qui a exposé au salon de la Moto de Montréal".

Il est clair que les sites internet marchands, sans frais de service comme le personnel, l’exposition des produits, ou le prix de l’immobilier, sont des concurrents redoutables, mais ils n’apportent pas le service d’essayage et de proximité.

La concession Monette Sport à Laval n’a pas survécu également au décès de son propriétaire, Alain Trottier.

Toujours à Laval, la concession Alex Berthiaume a fermé ses portes en fin d’année après 102 ans d’activité. Son départ du plateau de Montréal a été fatal, ainsi que la coupure de postes comme le marketing.

Jac Motosport à St-Jérôme a cessé son activité, ainsi que Centre Moto-Folie. Dans ces deux cas, il y a des jugements portés par l’OPC sur des tarifs affichés qui n’avaient pas été respectés. Est-ce qu’il y a un lien de cause à effet ?

Dans tous les cas, sauf Moto-Folie, les fermetures de magasins touchent des petites surfaces. La tendance est aux magasins à grande surface, avec beaucoup d’offres. Le concept est intéressant, mais ce type de commerce possède des coûts fixes d’exploitation élevés qui obligent à un minimum de chiffre d’affaires pour être viables. Ce n’est pas le temps de perdre des clients.

Pourtant certains motocyclistes parlent de boycotter les concessionnaires. Ils sont déçus du peu de soutien qu’ils reçoivent de la part des professionnels dans leur lutte contre la hausse importante du prix des plaques d’immatriculation.

Déjà en 2005, quand la catégorie de motos à risque avait été créée, avec une hausse de 370% du prix des plaques, les concessionnaires de véhicules de loisirs n’avaient pas bougé. Avec à la clé la perte de la moitié des ventes de motos (supposées) à risque.

Aujourd’hui, boycotter des concessionnaires ne servirait qu’à éliminer certains, créer des pertes d’emplois, et renforcer les plus forts qui se trouveraient dans une situation de quasi-monopole.

Est-ce l’intérêt des motocyclistes ?

Par contre il serait bien que la profession se prenne par la main et soutienne ses clients dans ses requêtes envers la SAAQ.

Certains motocyclistes veulent boycotter la SAAQ en ne payant pas leur plaque, ou plus tard dans la saison. Ils ne mettront pas la SAAQ à genoux, pour qui la moto est une infime partie. Il se priveront eux même, et feront le jeu de certains dirigeants de la SAAQ qui verraient bien la fin de la moto, ce véhicule dont il faut reconnaitre que le nombre de blessures et de décès est supérieure aux voitures, car sans carrosserie.

Bien qu’il serait intéressant de comparer avec certaines catégories de voitures à risques. Mais les statistiques n’existent pas, car tous les types de voitures bénéficient du même prix de plaque (hors cas environnemental).

C’est bien là le problème, la catégorisation des motos qui sont des véhicules de promenades au même titre que les voitures, ce qui créé une discrimination.

En résumé, le marché de la moto se porte mieux au Québec que dans d’autres provinces comme l’Ontario, malgré le prix des plaques québécoises.

Les faillites ou fermetures actuelles sont peu attribuables au prix des plaques. Mais la menace d’un boycott des concessionnaires pourrait être un problème et entrainer des fermetures, dommageables aux motocyclistes et non à la SAAQ.

Un boycott de la SAAQ ne changerait rien dans sa santé financière et le salaire de ses dirigeants.

Puisque tout n’est pas la faute des autres, les motocyclistes devraient se protéger plus par l’habillement et l’équipement. Ils devraient suivre des formations de conduite pour améliorer leur maîtrise du véhicule.

L’objectif des motocyclistes devrait être d’agir auprès de la SAAQ pour abolir la catégorisation discriminante des motos par rapport aux autos, car ce sont tous des véhicules de promenade selon le Code de la Sécurité Routière.

"Article écrit en tant que chroniqueur et redacteur en chef de Spormoteur.com, sans relation avec mes mandats électifs"

Sources statistiques : MMIC

@ + François Cominardi Pour Sport Moteur International



Bruno Pasqualaggi
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