Retrouvez le Babyboomer's Adventure sur Sportmoteur.com

Par Dominique Blandin de Old and New Stocks

Introduction du Taz

"Il faut vivre vite car la mort vient tôt "(Franck Sinatra)

Pour une intro cela en est une NON ? Je ne vous parlerai pas du BABYBOOMER’S ADVENTURE, je préfère laisser Domy vous le raconter.

J'ai décidé de parler du capitaine d'entreprise Dominique Blandin que j'aimerai présenter car trop souvent beaucoup pensent que la place de la femme dans le milieu de l'entreprenariat est à l'accueil et que dire dans le monde de l'entreprise du 2 roues où il existe encore beaucoup de personnes qui ne voient les femmes que comme faire-valoir siliconées en sous-vêtements avec 1 neurone et encore....

Dominique a repris une entreprise "Old and New Stocks" spécialisée dans la vente de pièces et accessoires pour motos classiques et de collection. Elle fait partie de ces nombreuses femmes qui arrivent dans la moto de collection et classique, en y apportant cette touche de féminité qui manque des fois entre la corona et la poignée de mains à la graisse de chaine, qui a aussi son charme parfois. Mais Dominique fait partie de cette génération de femmes qui entreprennent et répond aussi à l'arrivée sur les circuits de pas mal de pilotes motardes dans la catégorie des motos de caractère, (il suffît de lire sur notre article de Iron Bikers le portrait de Virginie), motos anciennes et aussi sur les courses de moto modernes et qui tape de superbes chronos. Cette féminité dans les paddocks monte de plus en plus, mais lorsque j'ai écrit cet article en 1998 je ne m'attendais pas à ce que le chemin pour toutes ces femmes motardes et voulant intégrer l'industrie du 2 roues serait aussi difficile et long. Dominique est de ces femmes qui doivent être présentées, connues et mises en avant pas seulement comme femme mais en qualité d'experte dans le domaine des pièces et accessoires pour motos.

Alors quand Dominique m'a dit partir sur un rallye avec une 505 Dangel Peugeot ex véhicule du Dakar à destination du désert avec en co-pilote Béa une amie et quelques potes que je lui laisse présenter je lui ai dit : « Allez ! Présente nous ton périple ». Maintenant que celui-ci est fini, je lui laisse la parole et nous raconter cette aventure humaine. Dominique interviendra régulièrement dans notre magazine d'ici les mois à venir.

Dominique Blandin

Nous voilà partis.

Premier équipage : Michel CASAVECHIA et Jade, sa fille, sur un proto R18 conçu et réalisé entièrement par lui-même comme il sait le faire, c'est-à-dire aux petits oignons, Michel est un habitué des rallyes et les Dakar il connait par cœur !

Alors c’est qui ce Michel Casavecchia ?

En 1982, Michel Casavecchia a seize ans, selon ses propres mots « il est un branleur qui pense seulement à jouer la guitare ».

Lors de l’embarquement des véhicules du Dakar à destination d’Alger, il est sur le port avec son père. Et là, il voit passer les deux R20 officielles, juste devant lui…Le choc !

Il suit le rallye l’oreille collée au transistor.

La voiture gagne le rallye, les frères Marreau qui la pilotent sortent leur bouquin African Turbo qui va devenir le livre de chevet de Michel, il le connaîtra par cœur.

Sa passion, le but de sa vie, c’est cette R20 du Dakar.

Trois voitures ont été construites.

Celle qui a gagné le Dakar 82 est aujourd’hui au musée du patrimoine Renault.

Une autre est dans une collection privée et la voiture d’assistance rapide de 1982 a été mise aux enchères en 2007…

Michel avait son rêve de R20 à portée de main, mais il n’avait pas les fonds et la voit partir dans une grande frustration…Il décide alors de la construire !

Et cette année 2016, il nous a construit la superbe R18 FACOM, la réplique de celle des frères MARREAU quand ils ont fini 5èmes au DAKAR ! Que dire ! C’est un génie !

Deuxième équipage : François et Anny ROVECCIO sur un TOYOTA HDJ 80. François un habitué des raids. Il aime ça. Il roule et il le fait bien avec sa femme Anny !

Troisième équipage : François et Régine JOLY sur un Nissan PATROL. François est un ancien pilote de rallyes (Alpine A110) et le Maroc il connait lui aussi. Il aime ça et ça envoie bien sur les pistes.

Equipe du DANGEL : Domy, Béa et Thierry. Le raid on connait… Auto ou moto, on l’a déjà vécu au moins 5 fois à nous 3… On s’est fait notre expérience et, ma foi, on se débrouille pas trop mal, on est des courageuses et des téméraires nous les filles… A bord, Thierry qui nous fera l’assistance, le photographe et qui nous supporte... faut bien le dire.

Tout de suite ça colle, l’entente, la bonne humeur, l’humour, la convivialité, l’entraide et la grande solidarité qui nous aideront bien…

Pour partir au BBA, c’est important de constituer et de former une bonne équipe avant pour l’entraide et la convivialité. Les groupes arrivent déjà formés à Marrakech et c’est parfois difficile d’en intégrer d’autres.

Nous avons organisé tous les quatre notre traversée de l’Espagne. Le raid c’est Marrakech – Marrakech. Un départ en convoi est organisé au départ de Bordeaux mais libre à chacun de partir d’où il le souhaite.

On est déjà des stars…On n’a pas besoin du tumulte des applaudissements et des paparazzi. Nous préférons le calme et la tranquillité pour partir, normal pour des VIP.

Après deux jours sur les routes espagnoles à un rythme soutenu car il faut le dire c’est la partie la plus pénible à l’aller comme au retour, nous arrivons le lundi à Algesiras, point de rencontre de tous les équipages.

Pour nous pas de dépaysement, les trois quarts des équipages sont bordelais ou des équipages déjà rencontrés aux précédents BBA.

Premier briefing à 21 h et premier changement de programme. La tempête souffle, il nous faudra embarquer sur des ferries plus gros… Mais cela nécessite un lever à 3h30 pour être au port vers 5h. Là dur ! Mais bon l’aventure est lancée.

Avant 5 heures tout le monde est au port et l’attente commence… 2 heures après on embarque.

1h30 de traversée… ça tangue… Ca gite… On déjeune… pour ceux qui le peuvent !! Puis la douane marocaine… toujours long et compliqué … Attente et enfin départ pour 7 heures de route car, oui, il faut arriver ce soir à Marrakech ! Et ça roule….

Mercredi 4 Mai 2016 : Etape MARRAKECH/BIN EL OUIDANE

Fatigués de la veille, on aura droit à un départ à 10H pour une étape de 338 km dont 38 de pistes.

Traversée de Marrakech pour prendre la route de Fez et rejoindre la petite ville de Demnate au pied de l’Atlas puis une arrivée au bord du magnifique lac de Bin El Ouidane avec son barrage qui est un des plus hauts d’Afrique.

Journée difficile sur les pistes. Il a plu. C’est boueux, ça glisse. Ce sera une joyeuse partie de glisse pour certains véhicules, surtout les 2 roues motrices. On prend son temps, la caravane de véhicules avance doucement. Chacun passe à son rythme. Notre François Joly aura quelques petits soucis uniquement mécaniques et sera obligé de se faire aider par l’orga pour passer, mais grâce à sa maitrise du véhicule il finira l’étape comme un chef malgré un pont avant récalcitrant !

L’arrivée le soir à l’Hôtel est bien méritée. Tout le monde est fatigué !!! Les tables au repas se font en fonction des équipes déjà formées, et pas de veillée il faut se lever tôt demain et la journée à été fatigante pour tous.


Claude MARREAU dans la boue !

Jeudi 5 mai 2016 : Etape BIN EL OUIDA / TODRA / ERFOUD

Réveil 5h30 ! Départ 7 h !! C’est tôt. L’étape est longue 434 km dont 52 km de pistes.

C’est la grande étape marathon pour traverser l’Atlas avec la traversée des superbes gorges du TODRA. La route est longue, c’est la montagne. Ca monte… Ca chauffe... Il faut gérer la mécanique.

Les garçons mécaniquent et Michel veille sur le dangel.

Donc pas trop le temps de manger si ce n’est une boite de salade ouverte vite fait pendant que notre moteur refroidit, car il a eu un peu chaud à 2700 mètres mais bon… C’est une ancienne alors on la chouchoute ! Michel, Thierry et les deux François veillent dessus...

Au BBA, les groupes s’arrêtent durant les étapes en fonction de leur affinités et c’est ainsi que l’on se rend compte qu’il y a des gens que l’on voit peu ou pas, car dans leur groupe… La convivialité existe donc bien au BBA mais au sein de son propre groupe.

Vendredi 6 mai 2016 : BOUCLE DE L’ERG CHEBBI

Réveil 7h30 départ 9 h00..176 km dont 125 de pistes.

Le temps est gris et toujours avec un peu de pluie voire de très grosses averses dans la journée.

Cette étape doit être courte pour nous permettre de récupérer un peu…

A Thingir, nous faisons une halte chez notre ami mécanicien Kamal pour une petite vérification sur le Dangel. Il a chauffé mais Kamal nous rassure, pas d’inquiétude la voiture va bien. D’autres équipages sont là aussi pour des soucis mineurs, ce qui nous permettra de prendre un thé offert par Kamal avant de repartir.

Chez Kamal mécanicien

Nous repartons et, très vite, au village suivant nous sommes bloqués. L’orage est tombé un peu plus loin et l’oued a débordé. Impossible de traverser en raison de la force du courant. Les véhicules s’accumulent de chaque coté de l’oued. Chacun y va de son avis… Passera ? Passera pas. Finalement la police marocaine pose son véto. Il faut attendre que le niveau de l’oued diminue.

Pas de panique… Quatre heures à attendre et, pour passer le temps, apéro capot avec nos 7 voitures coincées. Moments d’échanges et de partage, très sympa avec les habitants du village venus observer.

On finira, après avoir parlementé avec les policiers par passer l’oued de nuit et en respectant bien toutes leurs consignes… L’eau est encore très haute et on y voit pas bien… Avec pour nous les filles… oui on l’avoue… un peu les pétoches de sentir le courant sous nos roues…Mais cela reste un très bon souvenir ! Arrivée tardive à l’hôtel, les autres participants sont déjà couchés.

Samedi 7 Mai 2016 : BOUCLE DE MARECH

Réveil 6h30. Départ 8h. 253 km dont 172 de pistes

La passe de M’HARECH ! Que dire… C’est magnifique et ça vous laissera toujours un souvenir impérissable.

Sur le trajet un bac à sable, pas la version pour enfants mais plutôt réservée aux adultes, plusieurs centaines de mètres de sable tout mou ! … Nous avec le Dangel, on adore. Motivées, nous voilà parties. En tête, les conseils de Claude Marreau donnés lors d’un précédent BBA et qu’on n’a surtout pas oublié et GO !!

Arrivés devant, il y a déjà des véhicules que l’on pousse, que l’on tire… La traversée est difficile pour certains. Les François passent…..Michel passe…et enfin le Dangel à fond !!!!… Etape qui lui vaudra son surnom de « tapis volant » pour l’avoir passé avec une aisance folle. Bon oui, nous les filles, on est fière de ne pas être restées dans le bac à sable… Comme on dit, on se la « pète » un peu. Mais, cela ne nous empêchera pas d’aider nos copains.

Ensuite direction la passe de M’HARECH. Fixer la passe et foncer dessus sans dévier… une carte postale magnifique… Moment de fou rire dans la voiture parce que Domy elle zigzague entre les herbes à chameau et parfois on a le mal de mer. On finit par récupérer le cap de la passe… On a perdu François Joly, Michel est loin devant et François Roveccio derrière.

Midi… On part vers les dunes pour un moment repas mémorable qui nous sera reproché car on s’est un peu écarté de la route mais il suffisait de lever la tête pour nous voir… Moment inoubliable de rire et fou rire. On trouvera même une piste de décollage pour Francois Joly qui se prend pour un avion. Personne ne regrettera ce moment, on reste de grands enfants !

Dimanche 8 mai 2016 : ERFOUD / ZAGORA

Réveil 6h30. Départ 8h. 315 kms dont 145 kms de pistes.

Une longue étape avec de la route au départ jusqu’à Alnif pour gagner du temps.

Là, c’est le Maroc profond, la traversée des petits villages est toujours un peu stressante pour nous à cause des enfants attirés par les belles voitures colorées qui passent et qui viennent glaner quelques bonbons ou stylos. Ils sont beaux ces enfants, on garde toujours ces sourires en tête.

On traverse des villages isolés et très retranchés ou la modernité ne semble pas encore être arrivée…

Lundi 9 mai 2016 : ZAGORA / BOULMANE DADES

Réveil 6h30 Départ 8h. 320 km dont 116 km de pistes

Encore une très longue étape variée qui passe au milieu de la belle palmeraie de la rive gauche du Drâa avec encore la traversée de nombreux villages. Nous emprunterons la route et le col de Tniff pour atteindre Ouarzazate… ça monte… Il faut veiller encore à ce que le moteur ne chauffe pas… La route est étroite à certains endroits… mais ça passe.

Ensuite nous rejoindrons Boulmanes Dades en passant par Skoura.

Les pistes de cailloux sont cassantes, fatigantes et… très longues… Ce n’est pas toujours facile au milieu de ces cailloux.

Mardi 10 mai 2019 : BOUMALNE DADES/ MARRAKECH

Réveil 6h30 Départ 8h. 330 kms dont 96 de pistes

Longue, très longue étape qui va nous ramener à Marrakech avec à nouveau la traversée de l’Atlas.

Des pistes enfin très sympathiques et belles nous font passer vers la plaine de l’Est et la cité impériale. Ce jour là, on en prend pleins les yeux tellement c’est beau… Des villages toujours plus reculés dans ces montagnes, des habitants qui vivent avec peu car là haut il n’y a pas grand-chose.

Là aussi la modernité arrive tout doucement. Le passage dans certains villages est étonnant, il passe juste une voiture... Mélange de couleurs de la terre et de la végétation…

Les enfants sur le bord de la route attendent pour partir à l’école, on a l’impression d’être un ou deux siècles en arrière. Les routes encore sont étroites et sinueuses avec un brouillard dense qui s’installe plus on monte. On roule au milieu des nuages et parfois au pas dans ces cols serrés ou l’on voit à peine la route.

On avance doucement encore ainsi mais que c’est beau là haut !!!

L’arrivée sur Marrakech sera bien méritée après cette longue journée

Mercredi 11 mai 2016 : MARRAKECH

Journée libre à Marrakech.

En conclusion,

Cela restera pour nos quatre équipages un excellent voyage. Nous sommes toujours restés ensemble, solidaires dans toutes nos petites galères. Chacun faisant part de son expérience. Nous les filles, pas aussi douées que les garçons en mécanique, nous avons apporté notre bonne humeur, nos rires et notre enthousiasme. Merci à ma copilote de choc, Béa avec qui on a eu des moments de fou rire dans ce Dangel inoubliables……… Pas de déprime pas de lassitude au sein du groupe, lorsque l’énervement, l’agacement était présents, nous les avons traités avec dérision car c’était le fonctionnement établi dès le départ.

Nous avions pour la moitié d’entre nous déjà vécu des BBA et celui là pour nous devait avoir un autre but… celui de se faire plaisir…

Alors oui parfois, on a fait grogner l’assistance parce qu’on trainé…mais on avait choisi de voir le Maroc.. de voir vivre les Marocains... On avait décidé de vivre NOTRE AVENTURE ! Et on l’a vécue !!


@ + Dominique Blandin Pour Le Moto Club des Potes et Sport Moteur


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