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Trophées Gérard Jumeaux 2009

Dans ma quête des événements moto de France ayant pour thème la moto ancienne et de collection, il manquait à mon tableau de chasse les Trophées Gérard Jumeaux.

Késako les Jumeaux ???

Tout simplement un événement organisé tous les ans en mémoire de Gérard Jumeaux, side-cariste décédé en 1994. Son épouse, Anne-marie, ses amis et sa famille ont décidé depuis cette date de mettre sur place une commémoration axée sur les vieilles pétoires et les side-cars, mais dans un état d'esprit proche de ce qui se faisait dans le monde de la compétition moto il y a vingt ou trente ans.

A chaque édition, un nouveau thème est à l'honneur, comme par exemple la Coupe Kawa, les années Rougerie, la Coupe des Dames… Comme pour les autres événements relatifs au monde de l'ancienne, des démonstrations par série se déroulent pendant deux jours sur la piste, et des professionnels comme des clubs tiennent leur stand dans les allées du circuit.

Initiés sur le circuit de Montlhéry lors de la première année, ces trophées ont dû migrer en 2006 à Croix-en-Ternois dans le nord, petit tourniquet d'à peine plus de 2 kilomètres de long, mais parfaitement adapté au côté populaire et intimiste de cet événement.

Et à ce propos, je savais bien que cette manifestation n'était pas du tout de l'envergure des Coupes Moto Légendes ou des Biker's Classics en termes de nombre de visiteurs, mais je dois dire que je ne m'attendais pas à trouver aussi peu de monde. Le premier contact le dimanche matin sur le coup des 10 heures fut assez surprenant, avec une vision d'un immense parking en pleine nature, vide aux 4/5èmes, et encore je suis gentil.

Un membre de l'organisation m'indique tout de suite le bon endroit où me garer et me propose spontanément une cale à mettre sous la béquille. Paraît que les gens du Nord savent accueillir, et c'est vrai ! Cet homme a passé toute sa journée debout, à attendre les visiteurs et à déployer le même rituel pour chacun d'entre eux. Un grand coup de chapeau à lui et son collègue. Même commentaire du côté de la billetterie : pas un chat et un accueil super sympa.

Après avoir passé les portes où se situait le stand du Voxan Club de France, je me suis lancé à la découverte des lieux, en passant par les stands des participants. J'ai été agréablement surpris par le niveau de préparation de certaines machines, qu'elles aient été destinées à la piste ou alors au roulage sur route. Il s'agissait essentiellement de machines des années 60 à 80, bien préparées à la sauce " racer ", ou tout simplement restaurées à l'état du neuf.

Un peu partout ça s'active, histoire de fignoler les derniers réglages pour la session qui s'en vient sur le circuit. Et il faut dire que certains sont organisés comme des pros, avec tout le monospace organisé de fond en comble pour le transport de l'équipement et des outils. Il y en a manifestement qui ont les moyens de leurs loisirs, mais tous d'une manière générale sont des habitués du roulage en ancienne, car cela se sent. Ils ont une caravane, un fourgon, et un minimum d'équipement pour mécaniquer correctement. Je n'ai vu personne débarquer en vulgaire " touriste " sur cette manifestation. On les imagine aisément week-end après week-end écumer les circuits de France et de Navarre pour se défouler sur leur ancêtre, et à force, il semblerait que tout le monde connaisse tout le monde. A titre d'exemple, j'en ai repéré quelques uns qui tournent régulièrement à Carole rien qu'en regardant les machines qui stationnaient devant les caravanes. C'est un tout petit univers, manifestement…

Outre le Voxan Club de France mentionné plus haut, le Club Motobécane était venu en force, avec toute une brochette de petites deux-temps en parfait état.

Un peu tristounettes quand même ces grandes allées toutes vides… je crois qu'on peut dire que ça manquait quand même un petit peu d'ambiance. Le côté festif de l'événement m'a un peu échappé, même si je reconnais qu'un soupçon de tranquillité en dehors de la foire d'empoigne des grosses manifestations a parfois du bon…

Les professionnels du secteur qui s'étaient déplacés baillaient à gueule grande ouverte derrière leurs étals. Pas une grande richesse au niveau de l'offre, mais des prix globalement corrects, sans inflation immorale.

Place aux " pipoles ", avec Pierre-Louis Tebec, de PLT, artisan renommé de la moto française, qui ouvre actuellement sur ses cadres spéciaux, à la manière d'un Martin. Une inscription familière m'a fait tourner la tête : le motard derrière son cuir " Moto Journal " n'est autre que Micou, journaliste tout jeune retraité de la profession. Il a su manifestement conserver de saines activités…

11h30, déjà la dalle. Un sandwich XXXXL viendra calmer les entrailles impatientes. Petite astuce pour ceux qui n'emmènent pas leur casse-croûte sur les circuits : passer tôt pour acheter les frites, tant que l'huile de cuisson est encore potable, ça vous évitera de les voir baigner dans l'équivalent d'une marée noire à la fin du service… Votre foie vous en sera pleinement reconnaissant !

Ce qu'il y a de bien avec les événements moto intimistes comme celui-ci, c'est que la grille de départ est en accès direct pour tout monde. " Vous pouvez aller partout où vous voulez " m'ont dit les préposés à l'accueil en entrant le matin. Et c'est vrai que c'est bonnard : pas de vigile, pas de carte de refoulement, pas de caméra de surveillance, pas de barbelés, pas de panneau " accès interdit au public "… Que du bonheur à ce niveau-là !!! Et quel plaisir d'entendre la mise à feu des moteurs juste sous son nez… Bande-son magnifique et point de vue idéal sur des merveilles à deux roues : l'extase est toute proche !!!

Les trophées Gérard Jumeaux, c'est aussi et surtout une large place accordée aux sides. Normal, puisque ledit Jumeaux était side-cariste de son état, et que son épouse qui supervise l'organisation de l'événement était son singe du temps où le couple courait. Il y en avait pour tous les goûts, du franchement ancien au pur engin de course, racé et puissant.

Un gros bonheur que de ne pas être parqué à des kilomètres de la piste au nom de la sacro-sainte sécurité : le spectacle était au rendez-vous, et accessible à quelques mètres à peine. Rafraîchissant par rapport aux gros circuits modernes, tout à la fois trop énormes pour offrir une vue panoramique du tracé, et trop fermés pour permettre de se tenir proche de l'action si on le souhaite.

Et le bouquet final, avant de repartir vers Paris, une bonne demi-heure de sieste dans une herbe bien grasse, sous le soleil, les doigts de pieds en éventail, sans qui que ce soit ou presque autour, et avec en toile de fond les sonorités divines des moteurs en pleine charge pour entamer la grande ligne droite. Mais que demande le peuple ???

En conclusion, un événement sympathique pour les amateurs de motos anciennes, même si on aimerait quand même un peu de plus de monde pour mettre un chouilla plus d'ambiance !