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de Superbike à Magny-Cours
Ce coup-ci, j'avais prévu un programme un peu différent. Dans la suite de la découverte des principales manifestations sportives moto de France, c'était ce week-end le tour de la manche française du Mondial Superbike.
J'ai donc lancé une invitation aux membres du " Ducati Performance Club " auquel j'ai décidé d'adhérer depuis peu, histoire de me faire de nouvelles connaissances. Bonne pioche, un coup de téléphone, et un certain Patrice me propose de faire le chemin avec ses potes. Réveil à 5 heures du mat' le dimanche (ouille !), RDV à la station Total de l'A6, juste après la N104. On se retrouve à trois, étant donné qu'une personne a eu un empêchement : je fais donc la connaissance de Bruno sur sa 900 Monster et de Patrice sur son roadster BM 1200.
Evidemment, comme pour toute balade depuis le début de l'année, la flotte est l'invitée obligée. Pas grave, on trace normalement sur l'autoroute, en prenant soin de faire quelques pauses. Celles-ci me donneront l'occasion de faire plus ample connaissance avec mes nouveaux compagnons de route. Tous les deux sont de gros rouleurs, et sont manifestement bardés d'expérience au niveau mécanique. Ce sera l'occasion pour moi d'apprendre deux ou trois choses au niveau des concessionnaires Ducat' et de la mécanique. De bons tuyaux que je vais être en mesure d'appliquer par la suite.
Ils auront aussi la bonne idée de faire un arrêt sur un " Relais Calmos ", ce que je n'avais pas encore eu l'occasion de faire. Sympa, il y a un espace boissons et restauration, un autre avec des produits d'entretien en libre service, et enfin un dernier consacré à la sécurité routière. Et puis on peut aussi discuter avec les siens, c'est plus sympa que tout seul à la pompe. Un coup de chapeau au passage aux bénévoles qui tenaient la boutique. Se tenir à la disposition des autres sur son dimanche, dans le froid, et toute la journée qui plus est, voilà qui mérite des applaudissements.
Peu à peu, en arrivant vers le circuit, nous sommes de plus en plus de motards à croiser sur les routes, et en arrivant au circuit, c'est une file ininterrompue de véhicules en tout genre qui mène vers l'entrée. Bah dis donc, je savais que le Superbike était populaire mais alors à ce point
Une fois les motos posées, on arrive juste à temps pour prendre une place dans la tribune géante d'Adélaïde, là où la vue est la meilleure. En effet, nous sommes placés très haut dans les gradins, avec une vue panoramique sur de nombreux virages ainsi que sur le parking moto. Encore heureux d'avoir pu simplement trouver des places, tant tout était déjà comble. Nous en profitons au passage pour aller saluer quelques membres de notre club, eux aussi présents juste à côté dans la tribune.
La course du Superstock se termine, mais déjà nous profitons de l'ambiance délurée qui règne tout autour de nous. Partout, c'est un peu le " happening " général et permanent. Les gens sont manifestement des passionnés, qui sont arrivés tôt le matin pour choisir une place à leur guise et ne plus la quitter de la journée. Ils ont tout emporté avec eux : couvertures, appareils photo, caisses de bière, boustifaille, banderoles, pétards et fumigènes et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y avait de l'ambiance tout autour ! On était assis juste derrière une bande de joyeux drilles qui se chargeaient de faire monter la pression tout autour d'eux. Entre blagues débiles, départs de olas et chansons graveleuses type supporter désinhibé, on a eu matière à se marrer pendant une bonne partie de la journée. Un peu au ras des pâquerettes d'accord, mais finalement toujours bon enfant. Entre " Nos ancêtres les gaulois qu'avaient des capotes en bois " et " La bonne Germaine entre mes deux dont j'ai vu que les cheveux ", on peut dire que tout le répertoire y est passé Bref, j'ai appris qu'on ne va pas forcément au Superbike pour se culturer
Et les courses dans tout ça ??? Bah géniales !! Et au risque de me répéter, vu l'endroit d'où on était, il y avait de quoi bien suivre les événements, d'autant qu'on avait en plus un écran géant pour nous montrer en direct les parties de la piste qui n'étaient pas visibles pour nos mirettes ébahies. Qu'est-ce que ça va vite !! Les tours de course étaient bouclés en un instant, alors même que la piste de Magny-Cours n'est pas réputée pour avoir un petit développement. Les passes d'armes étaient souvent spectaculaires, que ce soit entre les premiers ou les derniers. Il s'agissait d'un vrai " show " mécanique, aux antipodes du récital bien lissé et aseptisé de la F1 par exemple. Les compétiteurs s'attachaient après chaque course a établir une proximité avec le public, en le saluant et en faisant quelques acrobaties. Mention spéciale à notre Régis national, qui en a fait des tonnes sur sa Kawa. S'il avait pu en faire autant lors de chaque manche hem
Comme il y avait un titre à jouer dans chaque catégorie, les batailles ont été âpres, surtout en deuxième manche de Superbike, où Haga et Bayliss ne se sont pas fait de cadeau durant toute la course. On a frôlé la correctionnelle à plusieurs reprises, et les carénages se sont tutoyés plus d'une fois. Le plus sidérant ? Les freinages en glisse de l'arrière, à la limite du décrochage. D'où on était, la vue était parfaite car les machines concernées étaient parfaitement dans le bon angle, et ce sur deux points du circuit différents. L'étude des trajectoires était aussi tout à fait intéressant, car les pilotes les faisaient varier en fonction de leur ressenti et de leur machine, mais aussi en fonction de leur position de chasseur ou de chassé. Comme chasseurs, ils cherchaient à passer le plus vite possible en courbe, et comme chassés, ils s'obstinaient surtout à fermer les portes le plus possible. Et je dois même vous dire que d'un point de vue pilotage, j'en ai plus profité que si j'avais été devant mon poste sur Eurosport. En effet, je me suis rendu compte que le cadrage télé favorise en général les gros plans. Ainsi, bien que spectaculaires (vous me direz, c'est quand même bien le but recherché), les images produites empêchent d'avoir une bonne vision des trajectoires. D'où j'étais, j'ai été en mesure de les percevoir dans leur ensemble, c'est-à-dire sur plusieurs courbes et pas seulement une seule sur un instant T.
Bien entendu, nous avons eu droit à notre lot de tôle froissée. Quelques uns se sont bourrés pile devant nos yeux, soit dans une entrée de virage, soit en sortie de ce dernier, à la remise des gaz et sur l'angle. Pourtant, je suis surpris du nombre relativement peu élevé de crashs. Peut-être est-ce dû au fait que la pluie a eu la délicatesse de se tenir à l'écart pendant les courses, mis à part un tout petit crachin en plein milieu de la deuxième séance. Par contre, je crois que les enveloppes des pneus ont du avoir un petit peu de mal à monter en température parce qu'est-ce qu'il faisait froid ! En plus, assis tout en haut de la tribune, sur le dernier rang, avec un vent bien gelé dans le dos, il a fallu fermer toutes les écoutilles avec soin. Heureusement que j'avais prévu mon pantalon et ma veste de pluie, ça m'a fait coupe-vent toute la journée, parce que c'était un coup à se choper un tour de reins ou un torticolis.
Sur le coup des 12h30, la matinée de course s'est terminée, et mon estomac a commencé à se manifester. Laissant mes compagnons à leurs sandwichs (ils étaient prévoyants manifestement), je me suis dirigé en même temps qu'une foule monstre vers le village pour en faire le tour. Autant le dire tout de suite, et c'est une remarque que j'ai déjà eu l'occasion de formuler, il me semble de tous les villages se ressemblent complètement d'un événement à l'autre. Alors de temps en temps, il est vrai qu'on tombe sur un stand d'un pilote ou d'une écurie en particulier à l'exemple de la structure officielle de Max Biaggi, sauf que ce n'est que pour vendre des T-shirts ou des casquettes, c'est-à-dire précisément ce qui est vendu dans 90% des stands. Belle diversité D'une compétition à l'autre, je tombe inévitablement sur les mêmes têtes chez les vendeurs, c'est presque déprimant Impossible de prendre quoi que ce soit à bouffer, les échoppes et autres buvettes sont prises d'assaut. A l'intérieur, des petites mains s'agitent frénétiquement pour préparer une montagne sans fin de sandwichs, barquettes de frites, hot-dogs et autres mets hautement gastronomiques. Paraît qu'on bouffe bien en France J'avance péniblement pour atteindre la boutique officielle et me prendre un souvenir à accrocher sur mon futur gilet du MC. Cinq Euro. Bon, par rapport à ce que j'ai connu, c'est raisonnable.
Retour piteux vers la tribune, l'estomac vide. Un petit tour dans les alentours pour me prendre quand même une raclette sur un stand de spécialités savoyardes. Chaud, copieux, et pas gras comme un merguez-frites. Ma foi, ça fera l'affaire.
Les courses de l'après-midi se succèdent : Coupe d'Europe Suzuki GSXR 1000, Supersport, puis la dernière manche du Superbike. J'ai d'ailleurs eu la chance d'assister en terre nivernaise au sacre de Troy Bayliss (son troisième dans la catégorie Superbike) avant sa retraite sportive l'année prochaine, et à celui d'Andrew Pitt en Supersport. Carton plein pour les australiens donc, le premier sur Ducat', le deuxième sur Honda.
Dès le drapeau à damiers de la dernière course, le public s'est précipité vers la sortie, et les tribunes se sont vidées en un rien de temps. Le problème, c'est que plusieurs dizaines de milliers de motards qui partent chercher leur machine en même temps, ça se termine obligatoirement par des embouteillages monstres, et ce à tous les niveaux. Heureusement que le circuit est me semble-t-il assez rationnel dans sa conception, ce qui fait qu'on est quand même passés à côté de l'holocauste. Pour être tout à fait franc, je me suis toujours arrangé pour ne pas sortir en même temps que la masse sur tous ces grands événements, histoire d'être à peu près tranquille. Là, pour la première fois, je suis en plein dedans. Une seule chose à faire : ne pas perdre ses compagnons des yeux et attendre que ça se débouche tout seul. Enfin sortis de la mêlée, on file vers une station dans la périphérie de Nevers, et on met enfin gaz vers Paris, tout en sachant que c'est la flotte qui nous attend une fois sur place.
Que dire du retour, sinon qu'il a été particulièrement pénible, étant donné que nous avons dû partager la route avec une horde de motards à nos côtés. Et quand en plus ces mêmes gugus pilotent comme des manches, il faut rester hyper concentré pour ne pas s'en manger un ou perdre contact avec le reste du groupe. Les caisseux ont du vivre un moment de stress pas possible avec tous ces gros insectes qui tournaient autour d'eux et qui les dépassaient sans tenir compte le moins du monde des distances de sécurité, des règles du code la route ou de l'utilisation des clignotants.
Je garde en mémoire quelques observations concernant cet événement :
L'ambiance et le spectacle sont effectivement excellents, et les pilotes jouent le jeu en assurant le spectacle. Les courses sont disputées donc intenses, ce qui fait que le public reste concentré que ce qui se passe sur la piste. Ainsi, il n'a pas le temps de " foutre le bordel " partout ailleurs, ce qui se passe obligatoirement sur une période de plus de 24H. En effet, en Endurance, à part le départ et l'arrivée où il se passe quelque chose de fort, que reste-t-il concrètement à faire à part glander par terre avec sa fratrie et se bourrer la gueule ? En clair, j'ai l'impression que l'Endurance est un prétexte (pour se défouler niaisement en se noyant dans la masse), alors que le Superbike est un but en lui-même. Ici, les gens sont manifestement des passionnés, qui, à l'image de mes compagnons de route du jour, arrivent tôt, prennent les meilleures place en tribune, et ne les quittent pas de la journée quoi qu'il arrive. Je n'ai d'ailleurs constaté qu'un ou deux " rupteurs " de la journée, et les gens d'une manière générale avaient une autre tenue que ceux présents lors des courses de 24H. Ici, pas de déchéance crasse, et, élément révélateur, des familles étaient présentes avec leurs jeunes enfants.
La diversité des motos est aussi plus grande que lors des courses de 24H. J'ai constaté beaucoup de marques différentes, mais aussi une plus grande variété dans les styles de machines. Un clin d'il aux Ducatistes, venus nombreux sur l'épreuve.
Par contre, petite inquiétude manifestée par mes compères expérimentés : la présence grandissante des " tribunes de marques ", qui conduit à séparer et isoler les gens en les parquant dans des espaces clos. Bien pour le marketing des marques qui investissent : c'est une manière comme une autre de faire sa communication en disant au public " nous étions ". Mais mauvais pour l'esprit de fraternité du monde motard. Le plaisir n'est-t-il pas justement de partager un moment de joie et de détente tous ensemble, quelle que soit notre machine et notre manière d'envisager notre pratique ? Heureusement, lesdites tribunes étaient toutes vides aux quatre-cinquièmes, preuve que la mayonnaise discriminatoire des marques ne prend pas encore. Mais pour combien de temps ?
Bon ben voilà,
c'est à peu près tout, il ne me reste plus qu'à découvrir
l'année prochaine à quoi ressemble le Moto GP, et tous les
incontournables auront été passés en revue !