Coin des potes - 2008


Copyright © Fenouillet Jean-Pierre

Les péripéties de quatre Papis au Kebnekaise


Une fois de plus j'abandonne femme et enfant pour aller me promener dans le grand nord.

Jeudi 5 heures 20, les réveils sonnent les uns après les autres, je saute du lit et me rends dans la cuisine ou j'avale mon petit déjeuner en même temps que je me lave et écoute la radio (notre salle de bain est en travaux depuis 10 jours) ; ceci fait, je vais faire un bisou à ma fille qui, la tête enfarinée de sommeil, ne comprend pas qu'elle est maintenant seule à la maison.

En effet, sa mère l'a abandonnée la veille au soir pour un déplacement pro à Rennes.

Nous avons en gros 160 kilos de bagages qui se répartissent de la façon suivante : 40 kg de bouffe, 15 kg de skis, 20 kg de pulka, 10 kg de tentes, 60 kg d'affaires perso et 8 kg de chaussures de ski. Ne voulant pas et ne pouvant pas traîner cette charge en RER jusqu'à Roissy, je me suis arrangé avant le départ, pour apporter mes bagages aux copains qui se déplacent en voiture. C'est donc les deux mains dans les poches, que j'ai pris ce RER tant décrié par mes collègues.

Hé bien, à 6 heures du matin, il y a de la place dans les wagons et il roule sans à-coup. Je retrouve mes trois compères une heure plus tard devant une des portes du terminal F2. La prochaine étape est l'enregistrement de nos bagages. En général, c'est là que commencent les emmerdes car les compagnies aériennes sont de plus en plus à cheval sur le nombre le poids et la taille des bagages.

Air France (notre compagnie pour ce vol) prévoit 20 kilos par personne plus un sac de matériel sportif à 20 € ce qui nous convient parfaitement.

Malheureusement, le guichetier ne connaissait pas cette possibilité et nous avons dû le convaincre de se renseigner. Ceci fait, il ne nous reste plus qu'à pénétrer dans la zone d'embarquement.

Le nombre de fois où l'on vérifie ton billet et ton passeport est démentiel : 6 fois si mes souvenirs sont bons, dont la moitié sont redondants.

Exemple : on vérifie si tu as un billet avant de te présenter à l'enregistrement, ce que refait la personne qui te délivre ta carte d'embarquement. Le passage du portique est aussi un peu trop pointilleux : demander à quelqu'un de retirer l'énorme clou très moche certes qu'il avait planté dans l'oreille me semble excessif. Mais bon, la bonne volonté des futurs voyageurs et l'impassibilité du personnel fait que tout se passe bien et plutôt rapidement ce qui me surprend toujours.

Le vol jusqu'à Stockholm s'est bien passé si on fait abstraction du plateau repas qu'on nous a servi : la purée était non pas froide mais gelée, vraiment imbouffable, dommage ! Stockholm, splendide petit aéroport " silencieux " où une charmante voix vous annonce en deux langues toutes les dix minutes que les annonces des embarquements ne sont plus faites.

Une fois les bagages récupérés, nous nous dirigeons vers leur RER qui nous amène en vingt minutes et pour 22 € à la gare centrale. Trajet cher mais remarquablement efficace, surtout pour ceux qui, comme nous, reprennent le train. Malgré les 160 kilos que nous transportons, il nous reste 8 litres d'essence à acheter à Stockholm si nous voulons faire fonctionner nos réchauds et manger chaud.

Nous avons décidé de monter dans le Nord de la Suède grâce au train de nuit. C'est certes nettement plus long mais beaucoup moins impersonnel que l'avion. De plus, le car qui nous emmènera demain à notre point de départ, ne part qu'après l'arrivée du train. Pour ces 16 heures de voyage, nous avons deux cabines de deux places avec WC et douche. Du grand luxe très apprécié avant ces dix jours d'aventure !
L'arrivée à Kiruna nous plonge immédiatement dans le vif du sujet. Le ciel est gris et bas, le vent souffle et la neige tombe. Nous attendons stoïquement pendant une demi heure le bus. Il nous reste plus qu'une bonne heure de car pour être à pied d'œuvre. Les touristes pour Nikkaluokta ne sont pas nombreux en cette veille de week-end de Pâques et, mis à part le sac du courrier qui traîne sur le siège avant, rien ni personne ne troublera notre dernier transfert.

Au fur et à mesure de notre avancée vers l'Ouest dans les montagnes, la météo s'améliore pour être bonne en fin de voyage. Ça y est, nous sommes au terminus, un petit village du bout du monde ! Nous décompactons nos bagages et les réorganisons dans les pulkas avec plus ou moins de bonheur. Cet exercice est en effet délicat car ces pulkas, que nous allons tirer pendant 10 jours et pas toujours dans des situations aisées, ne sont pas faciles à agencer : pour éviter de tout défaire à chaque arrêt, il faut se rappeler où nous avons rangé les choses.

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Par exemple, pour les repas, il est pertinent de mettre les sacs des premiers jours accessibles au dessus de la pulka et de mettre les derniers sacs de repas en dessous. Pareil pour les affaires les plus lourdes, il est préférable de les mettre en dessous pour obtenir un centre de gravité le plus bas possible et ainsi éviter de faire basculer la pulka au moindre virage. Nous faisons tout ça sur le parking entre les skidoos - voitures - congères et les autochtones qui se tordent rire et d'incompréhension quand on leur dit qu'on est venu spécialement de Paris pour se cailler de froid dans leurs montagnes.

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Ca y est ! On est enfin prêts. Sans un regret ni un regard, nous quittons ce dernier vestige de la civilisation pour pénétrer dans la forêt de bouleaux ; ici commence notre aventure.

L'objectif d'aujourd'hui n'est pas de réaliser un exploit mais de nous éloigner suffisamment de la route avant de monter notre premier camp et de nous imprégner de ce qui sera notre quotidien des dix prochains jours. Deux heures plus tard, nous découvrons une cabane, plantée à quelques mètres de la piste que nous remontons.

N'ayant pas de tente messe pour nous protéger lors de nos repas, nous aimons bien ces cabanes qui nous permettent de nous protéger du vent. La décision est vite prise : nous planterons nos tentes là. Mais avant de monter nos tentes, il nous faut entreprendre la danse des canards qui consiste à transformer 40 cm de poudreuse en quelque chose de suffisamment stable pour planter une tente. Le ciel est maintenant complètement dégagé nous laissant voir le massif montagneux dont nous allons faire le tour. Avec le soir, la température qui n'était déjà pas très élevée, en profite pour chuter.

Pas encore acclimatés à notre environnement sauvage, nous avons tous froid. Le repas pris à une heure où la plupart des gens sont soit au bureau soit dans les transports sera expédié à la va vite : 18 heure 30, les premières étoiles apparaissent déjà, il est largement temps de se mettre au chaud au fond de nos duvets.

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La nuit sera certes longue mais très bonne. Au réveil, nos duvets et la tente sont couverts de givre... L'écran de ma montre que j'avais laissée à côté de moi est " out " ; les cristaux liquides n'ont pas supporté la température glaciale de la nuit : " mauvais présage ". Nous finissons par nous retrouver tous dehors. Le tableau que donnent les aventuriers n'est pas terrible pour ne pas dire pitoyable.

Sur quatre, deux sont hors compétition dont moi, qui n'est rien trouvé de mieux que de faire une petite hypoglycémie. Heureusement, le vieux du groupe (57 ans) fini par prendre les choses en mains. Il prépare un petit déjeuner chaud.

Le thermomètre de congélateur qui traîne à l'ombre d'une de nos pulkas indique - 32° C et ça fait 2 deux bonnes heures que le soleil est levé et réchauffe l'air. Nous en déduirons, qu'au moment le plus froid, la température devait être de - 35°C. Mine de rien nos corps viennent de subir un delta de 55° C en 24 heures. Si on compare les - 35 °C au + 20 ° C qu'il faisait dans le train. C'est un peu beaucoup mais bon !

A 10 heures, on est enfin prêts et nous avons hâte de skier pour réchauffer nos pieds que nous venons de glisser dans des chaussures dures comme du bois et bien sûre gelées. Cette première journée se déroulera à un train de sénateur nous permettant de nous habituer au climat, aux matos et d'admirer cette majestueuse vallée que nous remontons. Nous croiserons deux skidoos et un groupe de skieurs qui rentrent à la maison après une semaine de ski. 16 heures, un abri ouvert nous tend les bras et déclanche 30 secondes de discussion pour savoir si notre déontologie et notre éthique d'aventuriers nous permettent de profiter de cette aubaine.

Malgré la mauvaise foi d'un certain trouble-fête, nous plantons nos tentes à moitié sur la piste, espérant qu'aucun skidoo ne viendra nous écraser cette nuit. Cette petite cabane sera un vrai petit paradis alors que le thermomètre indique déjà - 29° C. La nuit sera aussi froide que la précédente mais nos corps réagissent déjà mieux et, pas fous, nous prenons nos précautions avant de nous coucher. Je dormirai avec mon passe-montagne, mes gants et mes pieds enfoncés dans mon pantalon de duvet. Les deux ou trois vêtements que je retire seront mis au chaud dans mon duvet. Ma veste en duvet sera, elle, enfilée en surcouche sur mes jambes.

Une fois tout ça terminé, il est difficile de bouger, mais on garde la douce chaleur émise par notre corps. Le jour suivant ressemblera au précédent : ciel bleu et température plus basse que la normale de la saison. Un énorme anticyclone venu de l'arctique nous protège du mauvais temps avec son froid. Nous marcherons 5 heures, ce qui correspond à une étape normale.

La vallée que nous remontons plein nord depuis deux jours se referme un peu plus à chaque pas. Les douces pentes des collines couvertes de bouleaux du début se redressent. Le soleil qui, en cette période, ne monte jamais très haut dans le ciel, disparaît de plus en plus souvent derrière ces montagnes, laissant de longs passages de piste à l'ombre et donc au froid. La différence de température entre une zone au soleil et une autre à l'ombre n'est pas négligeable. Il n'est pas rare, lorsqu'on mange le midi assis sur nos pulkas, d'avoir froid au dos et trop chaud au visage.

Mon tube de crème anti-coups de soleil étant gelé, je préfère en général exposer mon dos et protéger mon nez qui souffre déjà assez comme ça.

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Ce soir, encore une cabane sur le bord de la route ! Les débats déontologiques et éthiques sont depuis longtemps oubliés. Nous nous dirigeons tous de concert vers ce mur qui nous protègera du vent qui s'est levé. La nuit tombe de bonne heure en cette période. La cabane qui nous sert de paravent est à l'ombre depuis pas mal de temps et le soleil que nous aimons tant le matin aura bien du mal à passer au dessus de la montagne qui surplombe notre camp.

Résultat, on traîne au lit le lendemain matin. Ces vacances ressemblent de plus en plus à une cure de sommeil. Ces nuits à rallonge, m'offrent de longues heures de rêve où, de façon tout à fait stupide, je me mets à penser à vous, comme si je pouvais avoir des remords d'être en vacances alors que d'autres que je ne citerai pas, font leur facturation de fin de mois. La météo reste étonnamment stable pour la région. Nous en profitons pour faire sécher nos duvets qui commencent à stocker un peu trop de glace pour notre confort.

Malgré le froid, on arrive assez facilement à faire sécher nos duvets. Il suffit d'un rayon de soleil pour sublimer la glace. Nous atteignons vers midi la voie Royale, la Kungsleden. Ce sentier de trekking du nord de la Suède est très fréquenté. Nous marcherons maintenant plein sud. Emprunter cette autoroute comme nous l'appelons entre nous, ne nous ravi pas mais il n'y a pas d'autre solution. C'est pour le moment la seule voie vers le sud. Ce qui me déplaît le plus, ce sont les centaines de poteaux ornés d'une croix rouge qui jalonnent tous les 50 mètres le parcours.

Nous croisons aussi beaucoup plus de skieurs qui vont de refuge en refuge. Ces Suédois ne sont vraiment pas très loquaces la plupart nous croiseront ou doubleront sans le moindre geste ou signe, comme si nous n'existions pas. Nous dépasserons un de ces luxueux refuges constitués de plusieurs bâtiments chauffés. Nous distancerons d'une bonne heure ce lieu touristique avant de planter notre camp qui, pour une fois, sera au soleil.

Ce matin, enfin du mauvais temps ! J'ai cru un moment que cela n'arriverait jamais. Le vent souffle assez fort du nord, déplaçant la neige a l'horizontal. Les températures n'ont plus rien à voir avec celles des premiers jours. N'empêche que, les deux pouces de mes pieds qui sont gelés depuis le début, refusent toujours de dégeler. La situation n'est pas bien grave car ils ne sont pas encore noirs.

C'est tout de même désagréable, cette sensation d'avoir deux blocs de bois dans chaussures. L'impact du froid se fait aussi sentir au niveau de mes mains : plusieurs ongles se sont cassés sans raison. Je ne suis d'ailleurs pas le seul dans ce cas. Y aurait-il également une déshydratation latente ou un manque de quelque chose dans notre alimentation ? Un des effets secondaires de notre nourriture exclusivement basée sur les fibres est le nombre de fois où nous devons aller aux toilettes... et avec la température glaciale, la neige et le vent, se mettre les fesses à l'air est un vrai moment de plaisir…

Deuxième jour de voie Royale. Cette fois ça y est ! La météo est mauvaise. C'est pas trop gênant car le vent souffle du nord et nous l'aurons dans le dos. Il nous poussera dans l'ascension du col que nous devons franchir aujourd'hui. L'appareil photo ne sortira pas de son sac et les arrêts seront de courte durée. En temps normal, les échanges verbaux en journée sont en général très succincts car il n'est pas facile de discuter lorsqu'on marche les uns derrière les autres mais, quand la météo est mauvaise c'est pire ! La tête enfoncée dans les épaules, la capuche rabattue le plus possible sur le visage et le masque de ski sur le nez ; nous sommes assourdis et ballotés par le vent. Nous marchons comme des ombres au milieu d'un univers blanc où le sol et le ciel ne font qu'un, nous concentrant sur chaque pas. Ces moments-là sont propices à la méditation. Mes pensées m'emportent au-delà du réel.
Arrivés au col (1150 m), nous découvrons un abri.

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Deux de mes coéquipiers décident d'y dormir. Je préfère monter ma tente pour y dormir. Ces refuges sont là pour aider les skieurs qui ne peuvent, pour une raison ou une autre, parvenir au refuge suivant. La possibilité de partager ce petit espace (9 m2) avec un groupe de skieurs en perdition ne m'enchante pas. Mais quel plaisir de manger à l'abri du vent, tous assis autour d'une table !

Le lendemain matin, le vent a changé de direction : il est beaucoup moins fort, nettement plus chaud et souffle du sud. Une grande descente nous attend. La descente demande moins d'efforts physiques mais des nerfs d'acier.

Manipuler une pulka sur du plat, c'est facile, mais dans une pente, l'exercice devient délicat. Cette cochonnerie de pulka a tendance à devancer le bonhomme, ce qui déclanche deux inconvénients : soit elle vous tape dans les mollets, soit elle vous dépasse puis vous fait une queue de poison. Dans les deux cas, la chute est au rendez-vous.

Il y a aussi un autre supplice assez subtil : lors des traversées à flanc de coteaux, la pulka prend en général la trajectoire de la plus grande pente, c'est-à-dire, de travers. Notre harnais devient alors un instrument redoutable car nous sommes reliés par des ficelles comme un cordon ombilical à cette machine infernale qui nous entraine inévitablement dans la pente ou elle ne trouve rien de mieux que de se mettre soit sur le dos, soit de faire des tonneaux. Il faut alors dépenser toute son énergie à la remonter, la retourner et défaire les nœuds sans la lâcher, le tout avec des skis, avant de la réinstaller derrière vous ; ce petit jeu peut devenir très éprouvant quant la pente est raide ou recouverte de neige fraîche un peu épaisse : le pétage de plomb n'est pas loin. La piste que nous suivons depuis deux jours commence à nous peser. François, le responsable des cartes, nous propose de bifurquer plein Est pour aller visiter une petite vallée donnant sur les faces nord du Kebnekaise (2 111 m point culminant de la Suède).

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Il faudra juste monter nos pulkas de 20 kilos à 1 450 m par des pentes un peu limites … Peu importe, lorsqu'il y a une connerie de ce genre à faire, nous sommes toujours partants. La montée vers ce col commence doucement. Les montagnes qui bordent cette vallée sont splendides, les parois sont impressionnantes et feraient rêver tout bon alpiniste.

Nous plantons notre camp du soir sur un petit replat et attendons avec impatience le coucher de soleil qui se prépare. Ce soir là, le repas fut entrecoupé de ho ! et de ha ! au fur et à mesure que les sommets qui nous surplombaient se coloraient. Nous avons bien dû faire 40 photos à nous quatre. Le lendemain, il nous faudra deux bonnes heures pour parvenir au pied du col. Deux solutions : l'attaquer de biais avec les problèmes de retournement de pulka ou bien de manière frontale. Comme toujours dans ces cas-là, nous commençons par ce qui nous semble le plus simple. C'est-à-dire la montée à flanc de coteau. Ayant une pulka, nettement moins volumineuse que les autres, je m'en sors pas trop mal. Mais ce n'est pas le cas de tous. François finira par jeter sa pulka dans la pente et réattaquera le col tout droit dans la pente. La forte inclinaison de cette dernière l'obligera à déposer ses skis et à tirer sa pulka à quatre pattes dans la neige à la manière d'un chien de traîneau. Une fois cette difficulté absorbée, il nous reste plus qu'à redescendre de l'autre côté…

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Les pentes de ce versant sont raides, voire beaucoup trop raides : de 80° à environ 45°. Le choix est facile : si on ne veut pas se tuer, il faut aller chercher les pentes situées à une centaine de mètres sur notre gauche. La traversée est épique ! La pulka nous tire vers des pentes que nous ne souhaitons pas du tout emprunter. De plus, la neige est épaisse et pas très stable. Nous finirons par nous en sortir sans soucis mais il faut reconnaître que se promener avec une pulka dans ce genre de terrain n'est pas très sérieux.

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Nous plantons le camp sur la première congère à peu près plate que nous trouverons après notre exploit. Pour une fois, je suis fatigué de ma journée de ski. Il nous reste encore trois jours de vacances. Nous décidons de tenter l'ascension du Kebnekaise. Lorsque nous sommes passés au niveau du refuge, le gardien est sorti ; il nous a demandé si tout allait bien et si les tentes qu'il avait vues au fond de la vallée étaient bien les nôtres et d'où nous venions. Nous traverserons aussi " Kebnekaise station ", la station de ski bourgeoise où des touristes débarquent et payent une fortune pour dormir sur une peau de renne dans un igloo. Nous irons tout de même voir l'évolution de la météo avant de fuir cet endroit " civilisé ".

A cause d'une mauvaise lecture de la carte (l'échelle est au 1/100 000), ce n'est pas 1400m de dénivelée mais 1800 qui nous attendent. Nous n'irons donc pas jusqu'au sommet, nous arrêtant un peu avant. C'est sans remords, car la vue est plutôt décevante : ce point culminant est un dôme. Il domine toute la région, écrasant le reste des montagnes qui se confondent avec les nuages arrivant d'un peu partout.

Mes skis nordiques n'étant pas faits pour la descente, surtout dans le type de neige merdique que nous affrontons. Elle est dure, gelée, croûtée, lourde … tout y passe. Je suis redescendu à pied les deux tiers de la descente, les skis dans le sac. Les nuages qui arrivaient de partout sont maintenant bien là, déversant généreusement leurs flocons de neige. La température, elle, a plutôt tendance à grimper. Il y a dix jours nous nous plaignions de nos nuits froides, maintenant, nous les trouvons trop chaudes !

Au réveil, c'est apocalypse : la température est positive. Tout est donc mouillé avec le réchauffement : tente, duvet, chaussures etc.

Heureusement, c'est notre dernière journée ! Dans 25 kilomètres, nous serons sur notre parking du début, où j'espère en secret, comme mes petits copains, trouver un logement étanche et sec… où nous pourrions faire nos sacs et même prendre une douche !

Et parfois les rêves se réalisent.

Ce qui est bien qui fini bien, CQFD.

Jpf 94 Copyright © Fenouillet Jean-Pierre



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