Coin des potes - 2007
Balade des Settons par Averell Copyright © Moto Club Des Potes

Un Mégamètre de bonheur

Et oui : Un mégamètre, mille kilomètres si vous préférez, c’est le score que mon trip remis à zéro au départ de la station service jeudi matin affichait dimanche soir au moment de rentrer dans le parking. Mille kilomètres de routes inoubliables, d’éclats de rire et de blagues pouraves.

J’aurais aussi pu vous donner d’autres chiffres, en décibels ceux là, mais n’ayant pas d’appareil de mesure adéquat, je ne saurai dire ce qui (entre les ronflement de Rocky ou des pots déchicanés de Zouzou) fait le plus de bruit.
Aussi je me contenterai de revenir sur tout ce que ma mémoire me permet de raconter au sujet de cette printanière des Settons vécue à la première personne, et avec toute la mauvaise foi que l’esprit motard me le permettra. J’espère ne rien oublier !

Rendez-vous matinal mais pas trop

Jeudi 17 mai 8h20, j'arrive au lieu de rendez vous à la station des Lisses. Moi qui croyait être arrivé en avance, mais je suis pas loin d'être le dernier! Les seuls absents sont Nounours et sa femme, qui n’a pas encore de surnom...

En fait, ils sont bien arrivés, mais nous attendent à l'autre bout de la station. Le week-end commence fort pour eux deux...
Le temps de faire un plein et d'enfiler ma nouvelle magnifique combinaison de pluie (dont je ne me séparerai plus jamais) et c'est parti pour quatre jours que j’espère mémorables.

On m’avait pas prévenu pour le Week End enduro !

Taz nous avait prévenu au moment du briefing : « Ya une portion un peu limite, on va passer en douceur »… Et en effet, après une centaine de kilomètres, nous pouvons constater que c’est vraiment limite. Devant nous, un tas de gravier d’environ 1m60 de haut posé en travers de la route, proprement habillé d’un panneau « déviation ». Naïvement, j’ai cru qu’on allait suivre le panneau pour contourner l’obstacle, mais c’était sans compter sur notre tête de mule de président !

Hop, une petite ornière et quelques tonnes de gravier plus loin, nous voilà engagés sur une route… pour le moins champêtre. De la boue jusqu’aux chevilles et ces fameuses « deux voies » tracés par les roues de tracteur que sépare un rail de mauvaises herbes ne nous laissent guère de répits pour garder la moto sur ses deux roues.

Mario est rapidement envoyé en reconnaissance, je le suis de près parce que j’adore la boue. Cette petite escapade n’aboutira nulle part et nous devrons annoncer au groupe qu’il est temps de faire demi-tour. Le Taz, résigné, nous emmène sur la déviation qu’il voulait à tout prix éviter pour constater que… la route y est superbe et viroleuse ! L’année prochaine, on prendra directement la déviation si c’est possible. Non ?

Le GSX1200… de chez Harley Davidson !

L’aventure reprend son cours, les routes redevenues normales, on ne se méfie presque plus des petits obstacles, comme ce passage à niveau par exemple… Madame nounours franchit l’obstacle un peu vite et BLING le GSX racle le bitume. Jusque là rien d’affolant, je roule juste derrière et pas d’étincelles en vue, c’est qu’il n’y a pas de casse. Mais alors que je suis en train de me rassurer sur l’état du véhicule qui me précède, un second bruit se fait entendre presque dans la foulée KLONG KLONG… PAF !

Un objet non identifié jaillit du pot de la Suzuki et tombe à quelques centimètres de ma roue avant d’aller finir sa course dans le fossé ! Madame, qui a elle aussi entendu quelque chose, commence à ralentir et à inspecter visuellement son véhicule. Moi je me dis « C’est bon, elle va s’arrêter » je met mon clignotant et commence à me ranger sur le bas côté.
Mais que nenni ! Après une rapide inspection, la motarde estime que le bruit ne vient pas d’elle et décide de reprendre sa route ! Je la rattrape, lui fait signe de s’arrêter et lui annonce qu’elle a bel et bien perdu quelque chose. Olaf, plus versé que moi dans la mécanique, identifie immédiatement l’objet volant non identifié comme étant la chicane du pot de la Suz
On s’y met à deux pour retrouver la facétieuse pièce métallique qui terminera le voyage dans la sacoche de sa propriétaire. Décidément, la journée commence fort pour nos deux nouveaux !

La chute

Toujours pas au bout de nos peines, c’est un épisode beaucoup moins amusant qui va suivre, alors que nous entrons dans « un-village-dont-j’ai-oublié-le-nom », le groupe passe sans s’en apercevoir à côté d’une trainée de gasoil trainant au beau milieu de la route. Le fait de rouler en quinconce, de part et d’autre de la voie, nous permet d’éviter le danger sans en avoir conscience. Malheureusement, madame nounours (qui décidément n'aura pas eu de chance en cette journée pluvieuse), traine un peu plus au milieu de la voie que ses prédécesseurs et pose la roue avant dans la plaque de liquide glissant. Aucun coup de frein ou mouvement brusque n’aura été nécessaire pour désarçonner la pilote impuissante. Sans crier gare, sans même qu’on puisse expliquer pourquoi, la moto bascule sur le flanc gauche, entrainant la pauvre avec elle. Une longue glissade sur la route humide plus tard, et tout le groupe est à l’arrêt autour de la scène pour protéger et aider la malchanceuse.

On se presse pour relever la moto et réconforter la pilote. On s’organise pour faire ralentir les voitures qui arrivent sur les lieux. La réaction du groupe est très pro, chacun prenant naturellement un rôle dans l’urgence, il n’y a pas d’affolement, pas de panique, tout le monde a un petit mot pour rassurer.

Ça aura été le seul moment bad-trip d'un week-end sans soucis et nous sommes tous sincèrement désolés que ça lui soit tombé dessus lors de sa première sortie avec le club. Heureusement, sa bonne humeur reprendra le dessus rapidement.
Après une chute, on imagine aisément l’appréhension de remonter sur une moto, surtout si c’est celle qui vous a fait défaut. On n’a plus confiance dans son véhicule. Mais c’est un cap à franchir et ce fut très courageux de sa part de reprendre la route sans broncher, malgré le rétro cassé et le guidon tordu, grand coup de chapeau donc.

L’heure tant attendue du déjeuner arrive, moment idéal pour enfin se détendre et reparler de ça à tête reposée. Lors de notre pause-flunch, la chute de notre nouvelle venue aura été prétexte à un grand débat concernant le choix d'un surnom : Gasoline ou Zezette ? La décision n'est pas encore tranchée, mais l'intéressée semble tout de même préférer Gasoline. La décision final appartient de toutes façons au président.

Zouzou maçon !

Le voyage se termine sans autre souci, si ce n’est un peu d’humidité pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir une combi bien étanche (gniark gniark gniark).

Nous arrivons finalement au lac des Settons pour prendre possession de nos chalets. Le paysage est vraiment magnifique et les chalets sont top, le séjour se présente sous les meilleurs auspices. On file rapidement faire quelques courses et on s'installe. En l'absence de Phiphi, c'est zouzou qui se colle aux gamelles... Enfin, ce sont surtout les pâtes de zouzou qui collent à la gamelle! Notre conducteur de bus préféré semble s'être reconverti à la maçonnerie: ce sont de véritables briques que nous découpons dans le saladier.

Bon, il faut préciser que ce n’est pas vraiment sa faute si les pâte sont collé, il faut dire que nous ne les avons pas mangé de suite et que nous les avons laissé reposer dans un saladier… hmmmm. Et puis c’était quand même très gentil à lui de s’occuper de nous.

C’est d’ailleurs pour moi l’occasion de remercier chaque membre de la balade d’avoir été si spontané et serviable, ce sont ces détails qui contribuent à maintenir une si bonne ambiance pendant quatre jours. Alors MERCI.
Après le diner, tout le monde réclame son dodo, on file se coucher rapidos.

Premier gros coup de gaz

Samedi, réveil matinal car grosse envie de vidange. Vu l’exploit que ça représente de descendre du châlit (ce mot existe, vous me devez des excuses) sans se viander, il était hors de question de le faire en pleine nuit. Je croise en chemin le qui vient lui même de pourrir les chiottes « Ne tire pas la chasse d’eau, ça fait du bruit » me recommande-t-il. Je m’installe en apnée sur le trône à moitié plein quand un bruit singulier attire mon attention.

« Il ne faut pas tirer la chasse, mais il ne se gêne pas pour prendre une douche l’enf… ! »

C’est vrai que ça fait moins de bruit la douche… Si c’est comme ça, tant pis pour la chasse d’eau : FLOTCH, au moins l’atmosphère sera peut être respirable…

C’est moi qui suis de corvée pour les croissants, avec le , je me prépare prestement pour descendre à l’épicerie récupérer notre commande passée la veille.

A l’heure du petit déjeuner SCANDALE ! Certaines personnes ont l’air surprises de trouver du sel dans leur beurre. Pourtant, c’est comme l’alcool dans le vin, l’un n’existe pas sans l’autre ! Les voilà-t-y pas en train de râler, comme quoi ils veulent du beurre « normal » !!! Je n’ai pas compris leur réaction, je ne connais qu’une sorte de beurre, c’est celle qu’ils avaient sous le nez.

Quoi qu’il en soit, samedi c’est avant tout la journée libre. Le taz disparait dès le lever du soleil pour son rituel pèlerinage secret, nous formons de petits groupes pour rouler « pépère ». Je partirai avec Olaf, le , Zouzou et Coco, Lapinou et Laloba, Baloo. Je suis bien incapable de me souvenir du quart des noms de patelins qu'on a traversés, pas plus que de l'itinéraire que nous avons emprunté. Tout ce que je peux dire c'est que nous avons commencé en mode « bucolique en forêt sur route mouillé » pour enchaîner avec « sportif sur nationale viroleuse et sèche » à mesure que le soleil prenait place dans le ciel désormais dégagé. Le poignée droite me titille de plus en plus tandis que nous progressons sur ces longs virages qui semblent littéralement conçus pour le VFR et ce qui devait arriver arriva: J'ai craqué. La ligne droite est longue et j'ai deux voies pour dépasser Olaf qui ouvre devant moi: deux rapports tombent et le moteur s'emballe grand gaz en direction de la prochaine courbe. Le bougre, tanké en 6è, ne s'y attend pas et n'a de toutes façons aucune intention de me suivre. Arrivé à sa hauteur, je n'avais pas prévu qu'il élargirait sa trajectoire pour préparer le virage serré qui se profile, me voilà repoussé jusque sur la ligne continue pour l'éviter, en plein sur les petites merdes qui vibrent. Tout se passe très vite, j'oublie de passer ma vitesse, je suis au rupteur, la moto tremble comme un vibromasseur sur les plots et ce putain de virage me fonce dessus à toute allure. Bon, c'est trop tard, il faut que je freine si je ne veux pas partir au tas ! « Mon dieu, faites qu'il ait eu la même idée que moi ». Je n'ai pas le temps de vérifier dans les rétros pour voir si mon compagnon est déjà monté sur les freins (si je l'avais fait, je me serais rendu compte que j'étais alors déjà loin devant) GGGNNNIIIIiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Le VFR pique du nez tandis que le tachymètre compte à rebours les kilomètres heure, « Bon sang, ça va trop vite ». C'est trop tard, il faut commencer à tourner où je vais me retrouver sur la mauvaise file, Le genou est déjà sorti depuis un moment, les fesses aussi d'ailleurs, ya plus qu'à tout balancer. Comme un gros tas. La moto se couche tandis que je relâche progressivement les freins pour la laisser descendre et.... ...ÇA PASSE ! Hourra, je suis entier ! Le prochain virage suit de près, mais je suis en position idéale pour l'attaquer sur l'accélération, un déhanchement supplémentaire et le VFR change de flanc comme une fleur. Ma plus belle trajectoire, et un rapide coup d'œil dans les rétros pour m'apercevoir que plus personne n'était là pour y assister. On se retrouvera tous à l'entrée de la ville pour faire une pause.

Averell, tu ouvres !

Etant donné que je fais le malin, on me propose pour me calmer de mener le groupe durant la prochaine portion. Ce sera un véritable fiasco : ne connaissant pas la route, les virages, je me retrouve en train de piler à l'entrée de chaque courbe de peur de voir celle-ci se refermer. Le rythme cassant imposé par ma conduit erratique ne fera pas l'unanimité, je dois me rendre à l'évidence, c'est beaucoup plus facile de faire le malin quand il y a un lièvre devant pour ouvrir la route. On ne m'y reprendra pas... Enfin, un tout petit peu quand même puisque je referai le coup à Zouzou après la pause déjeuner.

Hein ? Il y avait du gravier ???

On s'arrête manger à Autun, un gros boulet entreprend de faire dix fois le tour de la place avec son twin déchicané pendant qu’on essayait de manger tranquillement. Tant pis pour la minute de calme !

On reprend la route assez rapidement. C’est Zouzou qui ouvre cette fois, ma prestation n’ayant pas fait l’unanimité. La route Autun -> Château-Chinon -> Lac des Settons offre à nos roues les plus sains divertissements. Rapidement, la poignée droite recommence à me chatouiller, d’autant que ça fait un moment que je colle à la roue du FZ6 pour l’inciter à monter le rythme. Et puis d’un coup, c’est l’ouverture : un bout de ligne droite un peu plus long que les autres et je décide de tenter une échappée. Clac-clac, VrôôÔÔÔÔÔ… Je l’ai DE-PO-SE ! Wahou, à moi les virages !!!

J’entame une première courbe plein d’optimisme, puis une deuxième, puis une troisième et ensuite… Plus rien !

Villages, route défoncée, la fin du trajet se révèlera impraticable. Je suis déçu.

En arrivant au camping, mes compagnons commencent à se moquer de moi :

Olaf : « Espèce de goret, qu’est-ce qui t’as pris de partir comme un con dans les graviers ? »
Moi : « 
Ah bon ? Il y avait des graviers ? »
Zouzou : «
 A ton avis, pourquoi j’ai coupé gaz… »
Moi : « 
Ah bon, tu avais coupé Gaz ? »
Zouzou : « 
Tu crois quand même pas que tu aurais pu me doubler si facilement si j’avais continué à rouler ? »
Moi : « 
Ben… j’espérais… »

Ne connaissant pas la route, j’avais naïvement cru que je pourrais aller jouer dans les virages au moment même où Zouzou, sachant parfaitement ce qui nous attendait, avait intentionnellement réduit l’allure pour sécuriser le groupe.
Au final, non seulement je n’ai « déposé » personne, mais en plus, je suis bien passé pour un con. Cette fois, c’est décidé, je ne doublerai plus jamais l’ouvreur !

Qui retourne faire un petit tour ?

Il doit être un peu moins de 16h quand nous arrivons aux chalets, on hésite entre laver nos motos (qui ne ressemblent vraiment à rien) ou repartir faire un petit tour. Nous n’hésiterons pas vraiment longtemps et c’est avec Olaf, Mario, Rocky, Coco et Zouzou que nous repartons (heu… là je ne suis pas sur de mon coup, mais je n’arrive pas à me rappeler exactement qui était reparti avec nous ! Il faut m’excuser si j’ai oublié quelqu’un.)

Olaf briefe Mario et Rocky sur l’itinéraire « au cas où on se perdraient de vue » mais les deux loustics ont promis de rester sages comme des images…

La balade commence doucement, à allure Olafienne, c’est à dire à 90km/h en 6è. Visiblement un rythme insuffisamment élevé pour le GS, car à peine avait-on terminé de franchir la section à gravier qui sépare le camping de la nationale que je vois Mario débouler comme une balle et Rocky lui coller au train.

VVVvvvvOOOmmmmmm VVVvvOOoommmm

Visiblement, Olaf s’y attendait gros comme une maison vu qu’il ne manifeste pas la moindre surprise à leur passage. Moi de mon côté, j’ai bien promis de ne plus doubler le meneur… Mais… Après tout, maintenant que Mario est passé devant, c’est plus Olaf le meneur, donc je peux doubler Olaf !!! Wahou !!! Clac-clac Vrôôôôôôô. Me voilà lancé à la poursuite des deux énergumènes, persuadé de pouvoir leur coller à la roue. Quelle déculottée ! J’arrive à suivre juste assez longtemps pour voir Mario faire un tout droit sous la pression d’un Rocky qui lui colle impitoyablement au train : Intérieur, extérieur… tout est bon pour essayer de passer ! A force de surveiller dans ses rétro pour trouver le Rocky, Mario en oublie de regarder la route. Le virage serré à droite lui saute à la gueule plus vite que de raison et le voilà debout sur les freins tandis qu’il chevauche allègrement la voie opposée, à contresens. Voyant le bougre sortir ainsi, je monte également sur les freins, de peur d’avoir à assister à un carton en bonne et due forme. Mais Mario ne se démonte pas pour deux sous et balance la moto en grand pour revenir sur sa trajectoire pendant que Rocky le passe tranquillement à la corde. Le duo de grands malades repart en mode patator alors que je suis encore en train de freiner sans avoir eu le temps de comprendre ce qui s’était passé. Le temps de remettre les gaz, ils sont déjà deux virages plus loin, et je ne verrai désormais plus le feu arrière du GS que par intermittence. Mon salut se présente sous la forme d’un GSX-R 1000 emmené par un manche de première, le boulet se laisse déporter dans les courbes tandis que mes acolytes tentent de passer à l’extérieur, à force de se faire bouchonner par ce guignol, je finis par rattraper mes deux lièvres. L’autre rigolo finit par s’apercevoir qu’il nous gène et s’écarte pour nous laisser passer, comble du ridicule, il tente de nous saluer avec le pied et manque de se foutre par terre tandis que nous le dépassons. Cet épreuve passée, Rocky et Mario repartent de plus belle, je m’accroche juste assez pour les voir passer en trombe entre un camion de sylviculture qui manœuvre à un carrefour et un van en train de tourner à gauche. « Mon dieu, ils ne vont pas ôser ?! » Ben si, ils ont ôsé… Moi, par contre, c’était la goutte d’eau : J’ai tout coupé en voyant la remorque pleine de tronc d’arbre en travers de la route et le van sur la file d’en face qui s’apprêtait à me couper la trajectoire. Je ne les reverrai plus jusqu’au point de rendez-vous à La Celle en Morvan.

Privé de lièvre, je réduis significativement l’allure par manque de confiance. Heureusement, il ne reste que quelques kilomètres avant la pause.

Une fois réunis, Olaf commente pertinemment l’échappée de Mario et Rocky : « Bande de bourrins… Je SAVAIS exactement où vous alliez partir. Et l’autre chien fou d’Averell, c’était évident qu’il allait vous suivre. »
Après concertation, on décide de rentrer à la base par les petits chemins (moins de kilomètres) histoire d’arriver à l’heure au camping (18h) et d’éviter le savon du chef. Mais tout cela n’était qu’un plan machiavélique du Olaf qui ne cherchait qu’à nous emmener sur des routes pourries et gondolée dans le seul but de faire souffrir les conducteurs de routières-sportives noires de moyenne cylindrée. Dois-je voir dans cette attitude un début d’intronisation ???
Finalement, nous arrivons au camping à l’heure, les bécanes sont encore plus crades qu’en partant, c’est décidé, il va falloir que je la nettoie.

Une soirée comme les autres sur les rives du lac des settons

Ma brêle brille comme un sou neuf et je suis de bonne humeur même si un charitable et mystérieux personnage m’a malencontreusement renversé une bassine d’eau sur la tête en voulant sans aucun doute m’aider à rincer le VFR. Mon Phiphi préféré vient juste de nous rejoindre après sa journée de travail, toutes les conditions sont réunies pour que cette soirée se déroule comme dans un rêve… Un rêve qui virera trop vite au cauchemar :

« Ce soir, on intronise Averell »

Je suis incapable de vous raconter cette soirée traumatisante qui laissera des traces indélébiles dans mon subconscient à jamais marqué. Quelque chose s’est brisé en moi pour toujours. Le pire dans l’histoire, c’est que cette bande de pervers sadiques a voulu me forcer à introniser moi même Baloo ! Comme si j’étais assez inhumain pour perpétrer sur ce sympathique compagnon de route les sévices barbares que j’ai moi même du endurer !

…Et en plus, je n’avais pas de pantalon de rechange…

Passe cet épisode trouble de ma vie que je souhaite à jamais enterrer dans un coin oublié de ma mémoire, la soirée reprend son cours. Après manger, on va boire un petit coup au bar situé en bas du camping, dans une ambiance extrêmement sympathique et chaleureuse.
De la chaleur, j’en avais besoin pour résister aux nuits morvandelles, avec seulement un collant, un t-shirt superman et des bottes que j’avais réussi à sauver de la furie intronisatrice de mes camarades.

Tous les matins du monde

Samedi, réveil matinal, nouvelle envie de vidanger pressante ! Taz est déjà sur le qui-vive, Olaf et le sont partis chercher le petit déjeuner. J’ouvre des yeux chiasseux sur un spectacle d’horreur : le VFR que j’avais amoureusement lustré la veille est à présent recouvert de boue. « Ah non, c’était hier mon intronisation ! » Pas glop, j’espère juste que les apprentis hooligans se sont arrangés pour ne pas rayer la peinture en étalant la terre humide sur le carénage de ma moto. Apprenant la nouvelle, Taz (qui avait personnellement fourni les accessoires, comme je l’apprendrai par la suite) me sort son meilleur numéro d’acteur, alternant avec brio l’indignation et le réconfort. « C’est pas correct ce qu’ils t’ont fait… », « T’inquiète pas, tout va rentrer dans l’ordre avant le petit dèj’, je m’en charge », allant jusqu’à réveiller les innocents résidents du chalet voisin pour faire bonne impression.

Au final, je me taperai quand même tout seul le re-nettoyage. « C’est qu’un mauvais moment à passer, reste zen, ne joue pas la surenchère. » L’ennui quand on rentre dans le cercle de la vengeance mesquine, c’est qu’à un moment où un autre, ça dégénère. J’évite scrupuleusement de jouer ce jeu, d’autant que tout le monde n’imagine pas à quel point je peux être con.

Cet épisode fâcheux temporairement oublié, nous partons pour la crêperie où Taz a prévu de nous faire déjeuner, l’occasion pour moi d’essayer enfin sur quelques kilomètres un VFR datant d’avant le v-tec, celui de Phiphi… Et de constater que ces motos ont beau porter le même nom, elles n’ont aucun autre point commun. : L’une est une routière coupleuse et sauvage sur toute la plage de régime, l’autre a un caractère lisse en bas et de sportive rageuse dans les tours. Je vous laisse deviner qui est qui.

L’après midi de tous les dangers

Le déjeuner se passe très bien, nous reprenons la route tous ensemble en direction d’Autun, guidés pas un Taz qui nous annonce une allure « spéciale Tazmanienne » je me frotte d’avance les mains à l’idée de prendre un peu plus d’angle qu’à l’accoutumée. Si les longs virages de la route Château-Chinon -> Autun s’enchainent à bonne allure, on ne peut toutefois pas parler de sport extrême, le rodage du XX n’y étant pas étranger.

Cela n’empêche pas le groupe de se scinder progressivement en deux, et certains petits filous de profiter d’une excuse fallacieuse (« Gazoline avait oublié son clignotant, il fallait que le remonte le groupe pour la prévenir ») pour quitter le peloton de queue et rattraper le peloton de tête à un rythme beaucoup moins raisonnable. En voyant Mario, Rocky et Phiphi débouler comme des trombes de nulle part, je me dis « merde, j’aurais du rester derrière aussi ».
Tout le monde se rejoint à Autun, on y cherche un coin d’ombre pour se cacher d’un soleil devenu carrément oppressant et on terminera tous en terrasse de café pour s’y désaltérer. Au cours des discussions concernant le trajet déjà accompli, j’entend un Taz lancer tout fort « 
En tout cas, il y en a un qui n’en revenait pas d’arriver à me suivre, c’était Averell ! » piqué au vif (il ne faut pas exagérer, je ne suis quand même pas une tanche au point de me faire larguer à cette allure lambinesque !) je joue la carte de l’insolence « C’est vrai que j’ai eu du mal à suivre, tu roulais tellement doucement que j’ai failli caler plusieurs fois ». Silence dans l’assemblée, je réalise que j’y suis peut être allé un peu trop fort là… « Tu vas voir toi… » me lance le président. J’ai soudain le sentiment que j’allais être amené à regretter cette phrase. L’avenir dira si le Taz m’a pardonné cet écart de conduite.

Nous reprenons la route pour le camping, Taz raccompagnera Nounours et Gasoline tandis que Olaf et le iront de leur côté (sans doute pour ourdir un autre de leurs complots ignobles…) tandis que le reste du groupe accompagnera Phiphi à l’ATAC faire des courses : Zouzou, Coco, Baloo, Mario, Rocky et enfin Lapinou (qui pour changer sera seul sur sa moto, Laloba ayant choisi de tester le strapontin du XX pour le retour). C’est Mario qui ouvre, le rythme est soutenu mais rien d’insurmontable. On coupe gaz à chaque ligne droite pour laisser le groupe se reformer et tout ce petit monde arrive satisfait à Château-Chinon pour faire de l’essence et quelques courses. Une fois les pain et les légumes chargés, on repart pour le camping avec un changement de programme, c’est Zouzou qui prendra la tête cette fois. Le route commence calmement, mais j’ai un pressentiment étrange, c’est trop sage là-derrière ! Quelque chose ne va pas tarder à se produi

BBRRRRRÔÔÔÔÔAAAAAAAAAAAaa

Le GS vient de passer comme une tartine, le Z750 suit juste derrière. Cette fois-ci, je suis préparé, les deux rapport tombent en un clin d’œil et me voilà à la poursuite des deux asticots. Je reste quelques mètres derrière eux, les voir rouler côte à côte dans les courbes me fait un peu peur, je préfère me cantonner à les suivre sans prendre le risque de tenter un dépassement. Ils filent vite, très vite, les routes sont presque désertes, si ce n’est cette voiture dont l’arrière se rapproche tellement vite qu’on a l’impression qu’elle est à l’arrêt. Nous sommes en plein virage, visibilité proche du zéro absolu, mais Mario déboite quand même, « on verra mieux une fois sur l’autre file » devait-il penser… Nul doute qu’il a effectivement très bien vu la camionnette qui est soudain apparue en face. L’automobiliste monte sur les freins et file un coup de volant pour élargir sa trajectoire, ÇA PASSE ! Moi, campé derrière, je profite de l’ouverture pour suivre. Plus tard, lorsque je ferai remarquer à Mario que c’était quand même un peu chaud, ce dernier me répondra : « T’as vu mon gros engin ? C’est obligé qu’il me voie arriver le mec en face ! » (sans mauvais jeu de mots) De là à ce que la voiture s’écarte effectivement…

Nous continuons notre échappée de plus belle, Rocky dépose un extérieur propre comme il faut et prend la tête du cortège, je regarde dans mes rétros et m’aperçois que nous ne sommes pas seuls, incapable de reconnaître le phare qui s’accroche à ma roue, je crois d’abord avoir à faire à Lapinou qui, privé de passagère, n’avait plus aucune excuse pour fuir l’arsouille, mais il s’agissait en fait de Zouzou qui, lui, avait bel et bien une passagère… Laquelle l’obligera au bout de quelques kilomètres à couper gaz et à nous laisser disparaître en devant.

Pendant ce temps, je m’accroche toujours à mes deux furieux, fier comme tout d’arriver à tenir le rythme que j’avais, la veille, du mal à suivre. La route devient de plus en plus crade à mesure que nous approchons du camping. Je sais depuis l’épisode de la veille que la récréation va bientôt prendre fin à l’approche des gravillons mais cela ne m’empêche pas d’envoyer un dernier grand coup de gaz à l’entrée de la grande ligne droite menant à Montsauche les Settons. 190, 200, 210, 220… le feu du BM commence enfin à se rapprocher ! C’est que j’ai de l’allonge avec mon V4 ! Son feu stop s’allume et j’estime qu’il est temps de faire de même. CRRRCHRRRCHRRRCH ! Le voyant d’ABS s’allume à tout va tandis que mes D220 se laissent tranquillement glisser sur le gravier. « MERDMERDMERDMERDMERDMERDE, je croyais pas que c’était si tôt les travaux ! » On serre les fesses et on continue à freiner… Ça passe ! Mario coupe tout à mesure que la route se détériore franchement et je fais de même. Rocky, lui, accélère de plus belle, sort le genou et enchaîne comme si de rien n’était le virage suivant. Nous le voyons disparaître, impuissants. Le bougre était venu repérer les tas de graviers la veille nous a-t-il dit !

C’est que ça roule une 306 !

Enfin rentrés au chalet, nous retrouvons Taz, Nounours et Gasoline qui semblent surpris de nous voir arriver si tôt.
« 
Vous avez fait les gorets ? » s’inquiète le président.

Nous : « Mais non, pas du tout, on s’est même arrêtés faire de l’essence et les courses ».
Taz : « 
Justement, nous on est rentrés direct et on vient juste d’arriver »
Nous : «
 Ah… bon… »

On tente de changer de sujet, mais Taz semble avoir quelque chose à nous dire, le genre de truc difficile à avouer. Il y a comme un malaise dans sa manière de se comporter. Soudain, il fond en larmes :

« Je me suis fait doubler… par une 306 Diesel ! »…  
«
 Elle a même mis ses warnings pour me remercier »...

C’était donc ça ! Tandis qu’il ramenait Nounours et Gasoline au camping, le président fondateur du moto club des potes en personne s’est vu contraint de rouler en dessous de la vitesse légale. Malgré ses tentatives d’accélérer la cadence, notre nouveau couple d’adhérents a su imposer son rythme à tel point qu’une 306 qui passait par là s’est retrouvée bloquée derrière le petit groupe. A contrecœur, Taz a finalement du laisser passer l’apprenti automobiliste qui s’est senti obligé de remercier le gentil motard qu’il venait de dépasser.

On imagine aisément le jeune homme raconter cet exploit à ses amis « Eh, les mecs, j’ai doublé deux Suzuki qui se faisaient bouchonner par un XX ! »

Déprimé, abattu, le Taz ne retrouvera pas le moral de toute la soirée. Ajoutez à cela le fait que bien évidemment tout le monde s’est senti obligé d’y aller de son commentaire. De l’avis de certaines mauvaises langues, il ne s’agirait en fait pas d’une 306 mais d’un tracteur ! Nul doute que Taz aura déformé la réalité pour rendre plus supportable l’humiliation. Aujourd’hui encore, ses cris de désespoir résonnent dans les frondaisons des arbres verdoyants du morvan

Excepté cet épisode, la soirée s’est évidemment passée à merveille, comme toutes les autres soirées. Phiphi, véritable magicien des fourneaux, a même réussi le tour de force de rendre à nouveau comestible les pâtes préparées l’avant veille par Zouzou. Dépassant les limites du miracle, il est allé jusqu’à les rendre particulièrement délicieuses !
Encore une nuit et nous devrons quitter cet endroit paradisiaque, personne n’a réellement envie d’aller se coucher. Un dernier pot au bar d’en bas et tout le monde regagne ses pénates.

Sur le départ

Dimanche matin, on se lève un peu tristes, petit déjeuner et bouclage de valises. Taz est parti avec Lapinou et Laloba de bonne heure, par l’autoroute. Le rodage du XX terminé, on imagine aisément qu’il ont du y aller tout en douceur. Sur ceux qui restent, deux groupes se forment : ceux qui prendront l’autoroute et ceux qui s’acharneront à ne pas prendre l’autoroute, malgré la météo plus que pessimiste. Je fus de ceux là. Guidés par un Olaf au top de ses facultés orientationnistes, privé de soleil pour détecter le sud, sa navigation hasardeuse nous mènera sur de charmantes petites routes viroleuses (et humides) au gré des averses et des éclaircies. La magie prendra fin lorsque nous poserons la gomme sur la toute dernière portion d’A6 pour regagner chacun nos pénates.

Des virages pleins la tête et des images pleins les roues, ou bien l’inverse… Je saute sur mon clavier pour pondre un petit CR avant que le moindre petit détail ait une chance de s’échapper.
A mesure que je rédige ce texte, tout cela me revient, plus vivant enc

ore et c’est avec un grand bonheur mêlé de nostalgie que je repense à ces quatre jours. Avec un petit pincement au cœur en pensant que tout cela est terminé. Aurais-je seulement le courage de continuer d’écrire pour vous livrer enfin le

Mon palmarès des plus mauvaises excuses du week end !!!

Dans la catégorie « J’attendais… », les nominés sont…

- Zouzou, pour son inattendu « J’attendais Olaf »
- Olaf pour son chef d’œuvre « 
J’attendais Zouzou »
- Et enfin Zouzou à nouveau, grâce à « 
Ce coup ci, je suis resté attendre [insérez ici un nom au hasard] mais la prochaine fois, je fais tac-tac [bruit du rapport qui tombe] ! »

Dans la catégorie « Ma passagère… », les nominés sont…

- Lapinou, avec « J’avais Laloba derrière, je voulais pas prendre de risques »
- Lapinou encore, avec « 
J’avais pas Laloba derrière, je sentais plus la moto »
- Zouzou, avec « 
C’est Coco, elle fait rien que de me cogner dessus quand je vous suis »

Dans la catégorie, « c’est à cause de ma moto », les nominés sont…

- Olaf, avec « Je vous rappelle que je roule en Bandit 600 les mecs… »
- Lapinou, auteur interprète du magnifique «
 sans passagère, j’ai besoin de 50kms pour me ré-habituer à ma moto »
- Une personne qui a souhaité garder l’anonymat, avec une œuvre surprenante : «
 Je peux pas, mon XX est encore en rodage ! »

Messieurs, les jury, à vous de voter !

Retrounez au reportage photos de cette Balade

Copyright © Moto Club Des Potes, 2007