Coin des potes - 2007

Les Péripéties d'un Motard

Ou

Les Motos Legendes 2007

Acte I

Moto Legendes, une envie qui dure depuis des années et que je n’ai jamais pu assouvir.

Etant copieusement chargé au bureau (c’est la période de pointe), je suis bien crevé après une semaine de taf, pourtant ce w-e je vais aux Coupes, enfin !! Par précaution, j’ai décidé d’appliquer le technique du « un petit peu chaque soir » ou encore dite du « » (ndtaz : MOI je dit Paresseux !!!), c’est-à-dire en fait préparer le voyage au fur et à mesure de la semaine pour ne pas avoir à tout se taper le moment venu.

Et ça marche drôlement bien ! Parce que mine de rien, y’en a des trucs à préparer pour un w-e quand on veut avoir un minimum de confort sous la tente …. Fringues, chaussures et affaires de toilette dans les sacoches à l’arrière, tente, duvet, matelas et oreiller gonflable en plastoc sanglés sur la selle passager, flotte, bouffe achetés la veille en grande surface dans la sacoche de réservoir (30 zorros pour 6 repas équilibrés, qui dit mieux ?), petits effets personnels dans le sac à dos, le plein fait la veille, chaîne graissée et pneus gonflés, les cartes routières bien en vue, la visière propre, les moyens de paiement, les pièces d’identité et le portable chacun bien en place dans une poche spécifique, bref, « TVB », organisation de pro, très content de moi, je m’élance à 20h…….sous la flotte.

Ben voyons … C’’est tellement plus drôle comme ça … J’ai prévu (merci Mappy) de faire au moins deux heures re route, de dormir aux alentours d’Auxerre, puis de repartir le samedi matin à la fraîche pour seulement une heure de trajet afin d’arriver tôt sur place sans avoir à me lever à 4 heures du mat’. A86 puis A6, la machine et moi reprenons la route des Settons dans sa première partie, le tout dans des conditions de circulation quelque peu dantesques.

Pourtant, Prunelle (c’est son petit nom de ma Ducat, celui qui rit là ......)(ndtaz : MOI je rit), bonne fille, file un bon train, pas plus perturbée que ça par la charge qu’elle a sur le dos. Merci la cylindrée, merci la partie-cycle ! RAS donc, sauf bien entendu un effort un peu plus conséquent à imprimer sur le levier de frein. Quelques crampes dans le cou, on arrive tous les deux sans encombre à Auxerre, sortie d’autoroute, direction les hôtels. Bonne pioche, ils sont juste là où je les attendais. Un panneau attire mon attention : « à partir de 30 Euros la nuit ». Banco ! Un « Mister Bed ». Mouais, une boîte à sardine quoi … Bof, pour une nuit, ça le fera. Surprise, le réceptionniste est en version « circuits imprimés », bon en clair une borne automatique de location de chambre (à quand l’androide d’accueil ???).

Y’a pas à dire, c’est beau le progrès quand même des fois … pip pip pip pip... tou toutoouuuzzzziiiiiii …. crrrrrrr ….. clac … flop !!!, mon interface pixélienne me crache par terre (quelle mauvaise éducation!) mon justificatif ainsi que ma clé codée pour accéder à la, comment dire, « chambre ». Euuuuuh, oui, hummmm ... bon…on se calme, de toute manière je le savais pertinemment alors … Bref, pas grave, ‘tite grignote, douche, et dodo. Enfin, en théorie.

Bddddllllliiiiiing ! fait le robinet en se cassant tout seul la gueule dans l’évier (vis d’attaches complètement rouillées), ZZZZzzzzZZZZzzzzZZZZZ…..poc ! …zzzZZZZzzzzz !!!fait la grosse mouche, picpicpicpicpicpicpicpicpic.pic … pic … pic ….… pic….…..….pic ? (ha, tiens, ça va p’têt le faire ?…Héééé non !!!!) RE-picpicpicpicpicpicpicpic !!!!! fait le pommeau de douche, frrlllluuuuuucccchhhhsssssss ! font les chiottes de la chambre d’à côté, BLAANGGG !!!! fait la porte d’en face, glaglaglagggglouuuu !! font les canalisations, fffrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr ! fait la télé même éteinte, bomb ! bomb ! bomb ! bomb ! bomb ! fait le gus qui crapahute à l’étage du dessus, RRRaaaaaaaAAAhhh !!! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ouuuuuuuuuuu !!!! Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! OOOOOOOOh !!!!!!! Ouiiiiiiiiiiiii !!!! font les deux castors de la piaule de derrière, SSCHTRRAOUIIIINGGGG !!!! fait le sommier à travers lequel je viens de passer (!!!!!!!), ressorts côté gauche complètement lattés (m’enfin quoi j’suis si gros que ça ?????). Ha putain la vache…Bon, mon petit Ricounet, alors maintenant tu respires par le nez s’il te plaît, hein, tu te calmes et t’évites de tout péter …. Hmfffffffff …. Pfffffooouuuu ……... Voila voila ……..

Donc, procédons par simplement :

1 ) Le sommier. Le lit enfant du dessus me fera un don d’organe en bonne et due forme, soit une bonne trentaine de ressorts, placés à la force du poignet et de mon couteau suisse sur le lit défaillant (punaise, un vrai Mc Gyver moi des fois…) au bout de vingt bonnes minutes de labeur. YEESSSSSSSSSSSSS !!!!

2 ) La bestiole volante (qui manifestement apprécie le «Code » Giorgio Armani). Un gros oreiller balancé à pleine charge sur l’infâme finira, après quinze bonnes minutes d’un combat titanesque, par laisser un beau témoignage mural de ma rage exacerbée. Classique. Re-YEESSSSSSSSSS !!!

3 ) Et pour le boucan ??? Les deux lapins farceurs d’à côté étant toujours dans leurs œuvres, le salut viendra des deux boules Quiès judicieusement emportées. Re-Re-YEESSSSSSSSSSS !!!! Bilan, une nuit sans encombre, et je me tire vite fait le matin de « l’hôtel » dans le lequel je viens de séjourner.

Fin de l’acte I.

Acte II

Une heure de trajet sans encombre, mis à part une foutue tache de gazole sur la quelle j’ai bien été à deux doigts de croiser les skis. Un jour ce sera la bonne …

Le circuit se trouve vraiment en rase campagne, charmante d’ailleurs, et les locaux des petits patelins, assis devant leur maison, semblent heureux de nous voir débarquer.

Allez zou ! On déballe tout. Plus rigolo que de tout charger ! Tout est en place, j’ai prévu des cadenas et des anti-vols souples pour tout sécuriser, à deux pas des bruits, que dis-je des MUSIQUES extraordinaires qui caressent déjà mes tympans « dépicurien-mécanico-mélomanien ».

Une réduction me sera accordée en caisse en tant que sociétaire de la Mutuelle. Cool. Après les stands partenaires, vite expédiés, on passe sous la piste pour rentrer dans le vif du sujet. A gauche le village marchand, en face l’espace des clubs, à droite les stands et expositions, et enfin dans le prolongement et tout au long du circuit, les installations des participants pour les courses et démonstrations.

J’opte pour les participants. Punaise les machines !

L’organisation s’est manifestement vachement bien débrouillée pour sélectionner des personnes capables de présenter des motos 100% nickel. La vache, ça brille de partout ! Elles trônent toutes devant les camping-cars, les proprios posant fièrement à côté d’elles, et n’hésitant pas à échanger avec tous les passionnés venant à leur rencontre.

Beaucoup procèdent à des opérations à cœur ouvert, bref ça mécanique dans tous les coins. Et ces anglaises qui pissent l’huile … Je suis tellement dans mon trip que je mets trois bonnes heures à me rendre compte que le compteur de l’appareil numérique prêté pour l’occasion ne descend pas d’un poil. Intrigué, je téléphone au proprio, et je me rends compte que l’appareil, un modèle quelque peu démodé, nécessite d’appuyer en continu plus de deux secondes sur le déclencheur pour enregistrer effectivement l’image, et non une simple pression comme il se fait maintenant. Putain !!! C’est pas possible, ça fait des heures que je mitraille pour rien !!! Non mais quel boulet des fois…. Bon, pas grave, j’ai encore du temps pour rattraper le coup.

De toute manière, là, j’ai les crocs. Retour au camp. Un attroupement s’est formé autour de Prunelle.

 !!! ….

Elle fait toujours son petit effet la miss ! Sympa…Une petite demi-heure de tchatche avec de sympathiques congénères, et à table.

Rassasié, je repense à l’attroupement. Un peu voyante à mon goût, faudrait p’têt que je la planque un peu ma beauté…Hop ! je déballe la housse. Sauf que je m’y prends comme un gland. Aiiiiille !!!, un bruit suspect…. M’enfin ??? Késséça encore ??? Coup d’œil inquiet. Horreur…. Le rétro gauche gît à terre. Ooooooooops !!! Ooooh putain bordel…. Et alors là mes cocos, commence une galère, mais alors une SAL…RIE DE GALERE comme j’espère ne pas en rencontrer trop souvent.

M’en vais vous la conter (j’vous la fait court quand même). Donc me voila avec la housse dans une main, le rétro gauche dans l’autre. Bon déjà , j’ai pas l’air d’un con. Mais comme le ridicule ne tue pas, ça va encore. Passons … J’ai pas le choix. Hors de question de me taper tout le trajet retour sur l’autoroute avec un seul rétro, en plus du mauvais côté.

Comment faire ? Pour faire de la place, j’ai viré le manuel (ouiiii, intelligent ça..), et la trousse à outils, sans être rikiki, n’est pas franchement complète non plus. Le ressort intérieur s’est désarticulé (j’suis pas trop copain avec les ressorts moi en ce moment…), et manifestement il va falloir que je m’aide de quelque chose de long et fin pour le remettre en place. Un tournevis par exemple. Manque de bol, le mien est trop épais et trop court. Faut que j’demande à quelqu’un. Personne, le campement est désert. Sont tous partis sur le circuit. Après une longue recherche (« Ah non j’ai pas ça, va voir le mec là-bas »…. « Non, du tout, désolé »… «Nan, peux pas t’aider l’ami »…« Ah bah ouais mon gars mais, mais hé, t’sais, qu’esse’ tu veux,  mon pov’, les Ducat’, forcément, hein.... »…etcetcetc…), je trouve enfin un type qui accepte de me prêter l’outil adéquat.

J’essaye la méthode bourrin. En force. Epuisé. Marche pas.

Prunelle : 1, Ricounet : 0. Faut faire autre chose. Je remballe les affaires et vais à la rencontre du stand Ducati. Le gars qui connaît le problème me fait rapidement une réponse qui m’emballe sévère : « Faut démonter tout le haut carénage et se débrouiller pour prendre le ressort de l’intérieur et le ramener avec du fil de fer ou un truc dans le genre ». Ouaaaaaaaaaiiiiis !!!…Coooool !!!…. J’ai que ça à foutre moi !!!!

Prunelle : 2, Ricounet : 0. Retour à la bécane, vis après vis, je démonte la bulle, le tableau de bord, le carénage intérieur supérieur et inférieur après avoir encore passé je ne sais combien de minutes à quémander à droite et à gauche une clé de huit non fournie dans la trousse, et pourtant essentielle pour démonter la machine. J’utilise l’accroche-casque, sorte de filin métallique avec embouts en lacet pour attraper le ressort et remettre en place le rétro par l’intérieur. Doigts de fée + mouvement autoritaire du poignet, Clac !! J’Y SUIS !!! Non d’un chien quelle affaire !!!!! Sacrément mal conçu leur système… Bon, faut tout remonter.

Prunelle : 2, Ricounet : 1. Je me mets à la tâche…….et fais tomber une vis. Merde, ça continue. Logée dans un recoin, totalement inaccessible, je n’ai pas d’autre choix que de démonter tout le carénage.

Prunelle : 3, Ricounet : 1. Misère…Et vous savez ce que c’est le carénage d’un Ducat’ ? Réponse : l’œuvre d’un stagiaire opprimé, incompris, frustré, genre un mec à qui la boîte a décidé de refuser l’accès à la noble mécanique, qu’en échange s’est récupéré bêtement le carénage, et qui en retour a décidé de se venger sur sa table a dessin !!! Un truc de fou !! Une horreur !! Mal fichu comme c’est pas possible, en quarante morceaux (bon OK j’exagère là m’enfin quand même..), avec des vis qui rentrent pas dans les axes, qui rouillent, et montées sur charnières élastiques qui finissent par craquer (au passage, merci aux mécanos de Brooklands d’avoir serré lesdites vis comme des gorets, et d’avoir ainsi accéléré leur rupture !!!).

Je commence à comprendre pourquoi les motards d’aujourd’hui s’étouffent en regardant la facture du mécano, c’est un tel bordel de mécaniquer sur ces brêles !! En plus mal placé pour travailler, plié en quatre à cause de la tente juste à côté, je ne peux pas bouger la moto étant donné le sol instable, je perds les vis dans l’herbe, je marche dessus, je perds un temps fou à les chercher…Hem…Bon, on abrège, disons que deux heures et demi pour un simple ressort de rétro, là franchement, j’ai fait très fort !! Un truc à se taper la tête sur la selle (heuuuh, bah oui parce que sur le réservoir ça fait un p’tit peu mal quand même… !!!).

Je me retrouve en nage, les mains pleines de cambouis, mais l’essentiel est là : je vais pouvoir rentrer !!! HAHA !! Victoire par KO !! C’est l’esprit léger que je me rends aux sanitaires pour me laver les mains (aaaaaaah !!! les chiottes des concentres’, hummmmm !!!, tout un programme !!!) et envisager de continuer la visite. Bref je recommence ENFIN les Coupes (il est 18h30 quand même !!) en continuant par le village marchand. Et là, grosse déception. Ce truc, ce bidule, n’est qu’un entassement de bric à brac plutôt immonde, de bouffons de vendeurs d’opérette avec leurs soi-disant « cuirs moto» genre look-plastoc-attrape-couillon-ultra-flashy-fluo-qu’-si-tu-les-mets-t’as-l’air-d’un-lampadaire, leurs pseudo fins de série Made in China au même prix qu’à Paris, leur merguez et leurs frites inondées d’huile couleur vidange noirâtre (heureusement que j’ai apporté ma bouffe !!!), leurs pièces par milliers rouillées jusqu’à l’os, et leurs brêlons cabossés estampillés « Super affaire ! », à bout de souffle, à vendre au premier gogo qui passe.

Bref, la foire, le dépotoir intégral. Quoi que… Au milieu de cette vaste plaisanterie, subsistent envers et contre tout, à l’instar de l’irréductible village bien connu, des espaces protégés, tenus par de réels amoureux de la mécanique, des pros authentiques et vrais, avec lesquels il est extrêmement plaisant de discuter et partager, de passionné à passionné, sans arrière-pensée mercantile. Untel propose des restaurations « concourt », un autre présente des pièces spéciales de fabrication perso dignes de figurer dans une exposition du Guggenheim, un autre encore importe des USA des machines à tomber…Il y a donc quand même eu moyen de se mettre quelque chose sous la dent dans ce mic-mac grotesque. Je prends malgré tout quelques photos, histoire de.

Ce coup-ci, l’appareil fonctionne, pas de souci. Je continue mon chemin. Punaise le monde !! Et toujours ces sonorités ahurissantes en arrière-plan, rauques, rondes, rugueuses, graves, râpeuses, incroyablement différentes les unes des autres, riches d’une multitude de nuances. Tiens, je devine un moteur Norton au bruit plus régulier que le Triumph ; tiens une Laverda, probablement une SFC ; oh !, le tempo caractéristique d’un vieux twin Harley, avec sa signature sonore bien plus mécanique qu’aujourd’hui; ah !, des pots Vatier sonnent la charge, donc nécessairement montés sur une béhème, genre R90S ou autre ; et ça c’est quoi ? Un bruit comme une déchirure, sec, vif, puissant, ultra aigu, bien entendu je pense à un quatre-pattes et italien qui plus est, mmmmm…mouais, forcément, mais quoi ? Benelli ? MV ? Gilera ? Heu, au timbre, je pencherais plutôt pour une MV en mégaphone. Un coup d’œil rapide sur une portion du circuit dégagée à la vue me le confirme : MV 750 montée café-racer. Hé ! Hé ! Me débrouille pas trop mal moi !  Je poursuis ma route vers l’enceinte réservée aux clubs officiels et amicales diverses. Et alors là, franchement, autant le village, a de rares exceptions près, ne valait pas un kopeck, autant ici c’est le grand spectacle et l’atmosphère authentique. Les machines présentées sont superbes, de l’ancêtre centenaire et au-delà, aux machines plus récentes des années 80, il y en a pour tous les goûts ou presque. Henderson, BSA, Barigo, HRD, Terrot, Guzzi, Kawa, Jawa, Saroléa, Dollar, Ratier, Peugeot, Moto Comfort, Vespa, Aermacchi, Scott, René Gillet, Magnat Debon, Royal Enfield…Impossible de citer toutes les marques présentes. Et je n’ai fait qu’un bref repérage.. En effet il se fait tard, les gens commencent à rentrer, et le roulage sur la piste est terminé. Je me dirige vers le campement pour prendre mes affaires de toilettes, histoire de prendre une douche (laquelle se fera à l’eau froide …brrrrrrr !!!!) tout en profitant des fumées d’huile de ricin qui émanent des ancêtres qu’on ramène sous la tente. Huuummmm !! Quel nectar !!! On déteste ou on adore, moi, ça me botte !! C’est à ce moment que va commencer à mon avis la meilleure partie de ces Coupes. Le parking des journaliers se vide, ne reste bientôt que les campeurs dont je fais partie. Spontanément, des groupes se forment.

Certains comme moi sont venus seuls, d’autres avec des amis, d’autres avec leur moto-club (‘tain les mecs z’étiez où ????), d’autres encore en famille.

Super ambiance, détendue, on parle tout naturellement de bécane (non mais franchement de quoi d’autre !!!) et de la journée qui vient de se passer, on se marre. Bouffe sympa en commun autour du feu, on ne se connaît pas mais pourtant on se tutoie tout de suite, on fait partie de la même fratrie et ça se sent. Esprit es-tu la ?

Oh punaise et comment !!! L’air est doux, tout est calme, paisible, pas de mec ivre mort par terre ou en train de gerber, pas de cannette et détritus partout (style 24h du Mans ou Bol d’Or), pas d’excités du rupteur (juste quelques uns extérieurs au campement qui seront vite rappelés à l’ordre par quelques invectives bien senties).

Je m’allonge sous la tente, et vous savez quoi ?

Ben franchement c’est le panard !!!!….

Quand je pense à toutes ces années à ronger mon frein, et enfin je suis là, dans un VRAI rassemblement motard, au milieu de centaines de bécanes anciennes. Bordel j’y crois pas, j’en suis !!!! Bien failli verser une ‘tite larme moi… Et dire qu’y a encore toute une journée de bonus…Miam !!!

C’est sur cette sensation on ne peut plus agréable que les moutons (motos ?) on commencé à sauter les uns après les autres par-dessus la barrière (la bosse ?)….

Fin de l’acte II.

Acte III

Trois heures du mat’. Fait un peu froid, et surtout humide. Mais alors humide…J’ai pioncé comme une pierre et dehors il flotte sévère. Heureusement que la tente est étanche. Sauf qu’elle est aérée de conception (normal) et qu’à force, l’eau finit par se condenser à l’intérieur. Je ferme les ouvertures, et essaie de me rendormir…mais un truc me chiffonne. En plus de la drache, y’a du vent, BEAUCOUP de vent. Et je pense à Prunelle, mal positionnée par rapport à lui, sous sa bâche qui fait prise aux bourrasques, posée sur sa centrale, elle-même instable à cause du terrain en pente et meuble. Va se casser la gueule. C’est sûr. Faut qu’je fasse quequ’chose. Au moins p’têt retirer la bâche. Tans pis, ma titine et les sacoches seront mouillées. Zou, on s’habille comme on peut, et on prend son courage à deux mains. Vais m’en prendre une bonne moi…Bon, déjà bonne nouvelle, la moto est toujours là. Mauvaise nouvelle, je vais en chier. Impossible de trouver le moindre espace à peu près plat et dur sur ce foutu terrain, et qui permette qui plus est de mettre la machine dans le sens du vent, pour une prise à l’air minimum.

Et ça souffle, et ça tombe…

Vingt bonnes minutes que j’y suis, j’ai les pieds trempés. Dehors, un 125 MZ a basculé sous les rafales.

Je suis là à arpenter le terrain en long et en large avec ma moto de 200kg à bout de bras quand, lors d’une manœuvre il faut dire un peu osée agrémentée d’un coup de vent particulièrement vicelard, je sens, mais alors en un instant que je vais finir par perdre l’équilibre et me mettre au tas.

Oh put…… Merdmerdmerdmerdm …. MEEEEEERRRDEEUUUUHHHHH  !!!!! GniiiIIIIIII !!!!!

Mon corps tout entier se tend, et je tire comme un fou sur le guidon.

Arrrrrggggh !! Prunelle est par terre, heureusement j’ai pu faire en sorte de la retenir suffisamment pour qu’elle se couche sans violence sur une grosse touffe d’herbe. Une rapide inspection me rassure : aucun bobo, aucun choc. Ouf. J’ai quand même réussi à la placer à peut près normalement, et à la sécuriser sur la centrale avec des pierres, et sur les repose-pieds grâce des tendeurs et des pics qui me restaient de l’installation de la tente. Durée de l’aimable plaisanterie : une demi-heure. Je rentre sous la tente, trempé. Le reste de la nuit se fera éveillé. Quasi impossible de fermer l’œil. 7h30 du mat’, la pluie s’est enfin calmée, ne subsiste que le vent. Réveil un peu groggy, j’avale un bout, sans grande conviction. Pour tromper un peu le temps en attendant le réveil de tout le monde et la reprise des activités, je décide de visionner les photos faites la veille afin de réfléchir un peu sur les priorités du jour en matière de cliché. L’appareil, pourtant bien planqué dans le sac, est mouillé, comme beaucoup d’autres affaires.

Merde. Foutue humidité. J’allume, et là…..rien. Re-merde. Oh putain, bah alors là me v’là bien. Encore. Rien. Encore. 

Encorencorencorencorencorencorencorencorencorencore………..

Quinze fois encore x Quinze fois rien = RIEN !!!!! Mêêêêêêêêêêêêêêêêêêrrrrrrrrrrrdeuuuuuhhhhh !!!!!!!! Je hurle, je beugle sous la tente.

Ah la vache…Enc…MIRACLE !!!!….g….b.…ben elles sont où les photos ???????

Plus rien !!! Nada !!! Que dalle !!! Je passe tout le répertoire en vue, et NON, elles ne sont plus là.

Mais quoi ??? Qu’est-ce que j’ai mal fait ??? Ben rien pourtant…. Y’avait franchement aucune manip’ spéciale à faire pour enregistrer, l’appareil était supposé s’en charger tout seul ! Alors là j’commence à avoir les nerfs moi…

Pas moyen d’être peinard !!!

Je refous nerveusement l’appareil dans le sac et me dirige vers le circuit. Tout est à refaire…Je décide de commencer par ce que je n’ai pas eu le temps de faire la veille, à savoir les stands. Je prends de la hauteur en allant sur les toits des bâtiments de l’allée des stands pour prendre des photos des bolides en pleine accélération. La vue est géniale, le bruit des moteurs est fabuleux, et le ciel a été nettoyé par le vent. Une belle couleur bleue commence à baigner de lumière le circuit. Il fait assez frais, c’est agréable.

Bon….ça va mieux, je commence à me calmer. Clic..clic...clic.. je fais travailler l’appareil qui a l’air de s’être remis de son sauna nocturne. Je descends sur la voie des stands où sont exposées les machines les plus rares des Coupes. Bécanes officielles et raretés s’exposent aux yeux du public. De grosses écuries oeuvrant dans le monde des courses de motos anciennes ont fait le déplacement. MV3 et 4 ex-Hailwood et Agostini, rares Egli-Vincent, superbe collection de Terrot à l’occasion des 120 ans de la marque, prototypes divers à l’instar de la Elf de Grands Prix avec sa célèbre suspension avant et tous ses brevets….vendus à Honda, etcetc…C’est aussi le lieux privilégié pour approcher des anciennes gloires par encore trop noyées dans la naphtaline (ooohhhh, Eric, enfin, un peu de respect s’il te plaît !!! Et pan sur la tête !!), euhhh….enfin je veux dire de grands champions ayant marqué de leur empreinte indélébile par leur courage indéfectible et leur talent exceptionnel la glorieuse histoire de la compétition moto !!! (J’en fais p’têt’ un peu trop là non, trouvez pas ?). Bref, même s’ils se faisaient rares cette année pour cause de célébrations dues au centenaire du « Tourist Trophy », j’ai quand même pu voir René Guili, acteur majeur du sport moto du temps des années 70, époque magique et bénie de la vitesse française avec ses Patrick Pons, Michel Rougerie, Bernard Fau, Thierry Tchernine, ou autres Meilland, Chevallier etc…J’ai aussi vu Jim Redman, célèbre pilote britannique six fois titré, faisant…..PAYER SES AUTOGRAPHES !!!!!!!!! Nom d’un chien…J’avais encore jamais vu ça….. Deux Euros pièce…Bah dis-donc y’ s’emmerde pas lui...Genre sens ultime du commerce, il perd pas le nord le mec…Il est quand même pas à la dech’ à ce point-là, c’est pas possible… M’énerve trop, j’me casse.

Tiens, l’appareil est plein. Merde, ça continue…va pas me foutre un peu la paix celui-là non ? Merde bis, j’ai pas pris la deuxième carte mémoire. « Allooo ?, ouais c’est moi, euuuh dis-donc, tes photos là dans ton appareil, t’y tiens vraiment ? Nan passque j’t’explique, va p’têt falloir que j’les efface pour faire d’ la place !! hein ?….. quoi ?… Euhh….. sisi les photos de ta remise de diplôme, là .… ouaisouais…ça…ça t’emmerde ??? Non ? Coooooooooool !! Merci, à + !!! ».

Ya bon. Réglé.

Sloup...SloupSloup…Quinze photos !

Bon, ça devrait le faire…

Direction la zone des clubs, seulement visitée vite fait hier.

Un peu boueuse because flotte à mort toute la nuit, bof, pas grave. Je prends quelques clichés de spécimens repérés la veille.

Et sur le circuit, ça continue de tourner, série par série.

Stupeur…Panne de batterie de l’appareil photo. Sans decj’peux plus l’voir ce truc...

Après avoir copieusement maudit tous les Saints de la terre (les oreilles des participants alentours en résonnent encore), je décide de prendre mon portable et de continuer avec pour les prises de vues.

Cinq clichés rentrent dans la boîte. Et puis non, quand j’y pense ça va pas le faire, la qualité risque de pas être top, faut que je recharge l’appareil. Traversée de tout le circuit ou presque, direction le campement. Retour dans les stands histoire de trouver une prise. Dix bonnes minutes plus tard (évidemment c’est bien connu, c’est toujours quand on cherche qu’on trouve pas….), je branche le chargeur…et j’attends…..j’attends…(bah ouais, pas le choix, faut bien rester pour la surveiller la bestiole quand même !), au bout d’une heure j’en suis à une demi-charge.

Moui, ça fera l’affaire.

Retour sur le circuit, afin de voir les démonstrations.

C’est la série des ancêtres. Alors, là, moi je dis, séquence émotion. Et d’ailleurs le public ne s’y trompe pas. Faut les voir ces petites vieilleries, faut les entendre aussi, faut les sentir enfin... Il se dégage de ces machines comme hors du temps une impression de fragilité, d’humilité, d’humanité absolument extraordinaire. Juste à côté de moi, un gars en costume d’époque s’élance à la force du mollet sur le circuit. Un coup d’œil furtif sur le moteur, splendide sculpture mécanique, magnifique cathédrale métallique, avec ses tiges de culbuteurs et ses soupapes latérales qui fonctionnent à l’air libre, le tout dans un bruit syncopé délicieux. Et ça vibre, et ça tremble, et ça fume... Je public applaudit les ‘coucous’ qu’on lui adresse, les pilotes faisant alors de leur mieux pour se libérer un bras malgré une conduite exigeante. Débrayage d’une main + passage des rapports au levier sous le réservoir d’une autre (en lâchant le guidon !!) + coup de gaz préventif pour la boîte + déhanchement pour ne pas prendre trop d’angle + freinage anticipé 250 mètres à l’avance…c’est sport !! Et encore, la conduite se fait ici en toute sécurité sur circuit, alors j’imagine ce que ça doit être quand il faut sortir ces engins dans les conditions de circulation actuelle… Je sens que tous les spectateurs éprouvent le plus grand respect pour tous ces passionnés, qui, tous, modestement, discrètement, sans esbrouffe, mais avec une réelle conviction s’acharnent en temps et en argent pour faire revivre tous ces témoignages vivants de l’histoire de la moto. Tout ce beau patrimoine en mouvement devant mes yeux…Emouvant !

Quinze heures. J’ai un peu fait le tour de la question à vrai dire. Il me reste au minimum trois bonnes heures de route, et de toute manière j’ai taf lundi alors pas question de rentrer à pas d’heure. C’est le début du packetage, chiant, forcément, surtout quand ma Prunelle ne m’offre pas beaucoup de points d’attache pour les sandows. Un type à la Dominator avec lequel j’ai sympathisé au long du week-end fait lui aussi ses affaires. Un vieux de la vieille lui. Pas le genre à se la péter aux terrasses des troquets avec le dernier suppositoire à autobus réplica machin-chose, mais plutôt à bouffer de la borne, partout et par n’importe quel temps. J’en ai croisé beaucoup des comme lui dans le campement, juchés sur leurs machines improbables au kilométrage indécent, modifiées et fignolées à leur main, avec toutes les petites astuces du métier, soit glanées au gré de leur pérégrinations, soit issues tout bêtement de leur jus de cervelle. Chez ces gens-là Môssieur, on fait dans le concret, le pragmatique, le pratique, l’efficace.

C’est moche mais ça marche, un point c’est tout. J’avais p’têt l’air d’un cosmonaute ou d’un gentil bleuêt avec mes fringues rouge vif et ma bécane-de-la-mort raide de neuve, portant j’ai été accepté spontanément, sans aucune condescendance ou indifférence. Ils m’ont accepté dans leur monde, et ont partagé avec moi, tutoiement de rigueur et sans gentillesse feinte.

Qu’ils en soient ici remerciés.

Vive le monde moto authentique, et autant que possible, longue vie à lui ! Tant qu’il y aura des motards… Le retour s’est fait sans encombre, mis à part quelques minutes de perdues dans les petits chemins qui menaient à l’autoroute, et la bonne femme de la station essence sur l’A6, cette PU[CENSURE]IN de CO[CENSURE]ASSE qui m’a demandé de retirer mon casque alors que je passais à la caisse pour payer l’essence (bienvenue dans le monde réel mon gars…. la vache y’a des claques qui se perdent des fois…), et cette flotte pas possible qui ne pas lâché pendant plus d’une heure quarante jusque chez moi. Bitume foireux, les projections d’eau volent dans tous les sens au passage des pneus, donnant l’impression de rouler dans un nuage. Une vraie purée de pois, extrêmement dangereuse car réduisant la visibilité à peau de chagrin. Je touche au but, pompé, re-trempé, courbatures partout. Péniblement, je défais les sacs, et tombe…sur l’appareil photo mouillé. Autant que la première fois. Hem…..Hem……..(silence de mort)…..Est-ce qu’y va…??….S’allume …. Oooooooooooooooooooh ….. misère…Encore…Encore…...S’allume enfin….Vide….Plus de photos … AAAAARGGGHHH !!!!! ……. Mamaaaaaaaaaaaaan !!!!

La présence du propriétaire dudit appareil me dissuadera finalement de tester ses caractéristiques aérodynamiques ainsi que ses capacités de résistance au crash-test. Dommage, y’avais un beau mur à dix mètres. J’aurais bien essayé, moi, pour voir…

Fin de l’acte III.

C’est sur cet ultime pied-de-nez que se terminent mes Coupes Moto Légendes, lesquelles il faut bien le reconnaître auront soufflé le chaud et le froid tout au long du week-end. Première vraie grosse séance de mécanique (une activité finalement assez courante de par là-bas, même pour les bécanes modernes semble-t-il. L’esprit du lieu peut-être ?), flotte comme vache qui pisse, chute de la machine, merdouilles à répétition de l’appareil photo (heureusement que j’ai un peu utilisé le portable ! Mine de rien j’ai plus que cinq photos à vous proposer, cinq rescapées de l’hécatombe générale !). Et pourtant…j’reviendrai !!!! Trop de passion sans doute… Tout comme ces forçats de la clé de douze aperçus un peu partout, plongés pendants des heures entières devant leur moteur, et tout ça pour vingt minutes de roulage…Oui, mais vingt minutes de plaisir, vingt minutes de joie, vingt minutes de partage, vingt minutes de gloire, vingt minutes de VIE !!!!! Faut dire que si il faut être un peu maso pour être motard, il faut l’être sûrement beaucoup plus encore pour être motard sur anciennes, exigeantes qu’elles sont. Mouais…forcément pas mal…Ben vous savez quoi ?

JE LE SUIS AUSSI !!!! Gnierk ! Gnierk ! Banzaaaaaaiiiiii !!!!!!!

A + mes cocos !!!

Baloo


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